Le médecin est en réalité un disc-jockey qui a laissé à Maurice son épouse légitime. Cette dernière a déclaré à lexpress.mu que son mari a inventé cette histoire pour obtenir des autorités australiennes une extension de visa.
 
Toute l’histoire racontée à un journaliste australien ne relèverait que d’une mise en scène. L’image de la misère d’une famille mauricienne, avec le père souffrant d’un cancer en phase terminale, à Perth, ne constituerait qu’un moyen d’obtenir des autorités australiennes une extension de visa. C’est en tout cas l’avis de Joanne Fulena, 36 ans, la véritable épouse du Mauricien Jason Fulena, un disc-jockey présenté comme médecin dans la presse australienne.

Depuis lundi, plusieurs titres de presse en Australie ont fait leur Une avec le récit poignant d’une famille mauricienne composée de quatre enfants de 7, 6, 5 et 4 ans qui serait forcée à vivre dans la rue, les parents n’ayant pas les moyens de régler leur location et autres factures. La «mère», Vanessa Lalsing, fait état de sa misère et en appelle à la miséricorde de Canberra.

Mais, hier mardi 5 octobre, dans l’après-midi, la nouvelle ayant été diffusée sur les ondes de Radio One et sur le site de lexpress.mu, l’épouse de Jason Fulena, Joanne Fulena, est venue nous rencontrer pour mettre les points sur les « i ». Ce disc-jockey avec qui elle s’est unie il y a seize ans et qui lui a fait quatre filles n’est pas mariée à l’ancienne hôtesse d’Air Mauritius et n’a jamais été médecin…

Tremblant de tout son être et les larmes aux yeux en lisant les articles de la presse australienne qu’elle a voulu voir pour confirmer que c’était bien de son mari dont il est question, elle ne peut se retenir de le traiter de tous les noms. Joanne Fulena raconte qu’il a quitté Maurice pour l’Australie il y a trois ans pour des études tertiaires en comptabilité avec l’intention de la faire venir, ainsi que leurs quatre enfants, au pays des kangourous.

«Chaque jour il m’appelle ou m’envoies de textos. Jamais je n’aurais cru ça de sa part. Il se sert de sa maladie pour essayer de faire pression sur l’Australie afin de demeurer sur place. Dites moi que je fais un cauchemar, monsieur… Ma fille me dit que cette histoire lui fiche la honte de sa vie. Cette femme a été sa maîtresse trois ans durant il m’avait dit que c’était fini avec elle. Il nous a bien baratinés. Année après année, il vient passer trois semaines de vacances à notre domicile à Quatre-Bornes», sanglote Joanne Fulena qui présente son acte de mariage pour prouver sa bonne foi.

Très en colère, elle dit comprendre pourquoi son mari n’a jamais voulu l’aide de la Sécurité sociale mauricienne. «J’ai entamé des démarches afin qu’il obtienne une aide financière de l’Etat. Quand je lui ai dit que c’était OK, il m’a dit de laisser tomber, de peur que l’Australie ne lui porte pas assistance et qu’il ne soit pas régularisé», lâche-t-elle.
 
Son cancer a été diagnostiqué l’an dernier mais jamais il n’a été question qu’il allait en mourir, dit-elle. «Il fumait beaucoup. Il a cessé quand il est arrivé en Australie. Mais allez savoir maintenant ce qui est vrai. Nous, ici, avec les quatre filles, nous passons nos nuits agenouillées pour prier pour qu’il se rétablisse. Je marche avec la photo et je vais à chaque lieu de culte où j’apprends qu’il se peut qu’il pourrait être guéri…» s’indigne la mère de famille qui se demande si elle doit saisir les autorités australiennes pour démasquer le couple.

Ce qui agace encore plus Joanne Fulena, c’est que Vanessa Lalsing a présenté ses quatre enfants comme étant la progéniture de Jason Fulena. Or, tel ne serait pas le cas, son mari – elle l’ignore – n’étant le père que du dernier enfant de l’ex hôtesse de l’air. Un proche de celle-ci nous a contactés dans la journée de mardi afin que son nom de famille ne soit plus cité dans cette sordide affaire.

Tant du coté des Fulena que des Lalsing, on confie que le mieux serait que le couple reste en Australie car nul est en mesure de subvenir à leurs besoins. Ce qui est bien triste car ce sont les quatre enfants de l’hôtesse de l’air qui souffrent le plus de cette situation.

Selon Vanessa Lalsing, sa cadette de 7 ans a développé une anorexie, et pèse 15 kilos. Pire, le benjamin dort à même le «dog mat» et aucun des enfants n’est scolarisé. Reste à défaire le vrai du faux. Le ministère des Affaires étrangères mauricienne s’est déjà saisi de ce dossier et a proposé aux Fulena de rapatrier le malade au pays.

«On a convoqué la famille il y a peu. On leur a expliqué qu’on peut le faire venir et qu’en contrepartie, elle doit prendre l’engagement de rembourser les frais de voyage. Evidemment pas en gros mais sur une base mensuelle. Or elle préfère que cet homme, qui n’est pas du tout médecin, demeure en Australie», explique une source aux Affaires étrangères.

Le couple s’est installé à Perth en 2007 grâce à des visas d’étudiants et cette fois, vu le «cas» de Jason Fulena, le gouvernement australien aurait étendu leur visa, selon ce qu’a déclaré Vanessa Lalsing à des journaux australiens. Cette dernière, contactée par Radio-One, se refuse à des commentaires, se contentant d’affirmer que les journaux ont "grossi" les faits, voire les dramatiser.

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