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David Attoub, rugbyman français :
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David Attoub, rugbyman français :
Le pilier droit du Stade Français et de l’équipe de France, David Attoub était de passage à Maurice la semaine dernière. Il était venu, avec sa femme et son fils, découvrir notre île. Ami du vice-président de la Rugby Union
Mauritius, Kevin Venkiah, Attoub a eu l’occasion d’arbitrer le dernier match de la Ligue nationale entre les Western Cowboys et Highland Blues CSSC, vendredi dernier. Nous l’avons rencontré dans un hôtel du littoral ouest où il résidait, la semaine dernière. Le rugbyman est revenu sur les hauts faits de sa carrière et a fait part de son ardent désir de faire partie de la sélection française lors de la prochaine Coupe du Monde en 2015.
Pour notre interlocuteur, le rugby ne doit pas s’engager dans des dérives financières. « Le rugby doit rester un sport intègre », déclare-t-il.
I David Attoub, peut-on savoir dans quel cadre s’inscrit votre visite à Maurice ?
Il se trouve que j’ai un bon ami mauricien, Kevin Venkiah (vice-président de la Rugby Union Mauritius), qui m’a invité à venir découvrir son île et puis, c’est une destination idéale, un endroit paradisiaque qui mérite d’être visité.
I Avez-vous eu l’occasion de jauger le niveau du rugby mauricien ?
Non. Je n’ai encore rencontré aucun rugbyman mauricien. Ce n’est que vendredi (Ndlr : le 7 décembre. L’interview a été effectuée le mercredi 5 décembre) que je vais pouvoir me faire une idée car je vais arbitrer le dernier match de la Ligue. Je ressens beaucoup d’excitation et de fierté à l’idée de me mettre au service du rugby mauricien.
I Justement, en plus d’être joueur, vous officiez également comme arbitre en France…
Tout à fait. Cela fait 14 ans que j’arbitre. Je possède un diplôme fédéral 2 et 3. Mais vu que les week-ends, je dois jouer des matches de championnat, je ne peux pas arbitrer. Mais normalement, j’officie lors de tous les gros matches d’Ile de France.
I Vous occupez le poste de pilier droit. Quelles sont ses spécificités ?
(Sourire). Le poste de pilier est très spécial. Si l’on n’a pas joué à ce poste, on ne peut pas comprendre les émotions qu’il procure. Il est différent des autres, il demande la maîtrise de notions particulières. Occuper ce poste demande aussi un esprit de sacrifice et exige d’accomplir des tâches obscures. On se trouve à l’intérieur de la mêlée et pas sous les feux des projecteurs. Mais c’est un poste qui a une saveur très particulière.
I Parlez-nous un peu de votre carrière. Elle a été émaillée de moments difficiles n’est-ce pas ?
J’ai eu une carrière avec des vallons, mais je reste fier de ce que j’ai réalisé. Je suis revenu en équipe de France et là, il me reste une grosse échéance : le Mondial 2015. J’ai hâte d’y être.
I Mais vous avez été très malade en 2006 (Ndlr : Les médecins lui découvrent un staphylocoque doré au niveau de la colonne vertébrale. A dix jours près, il aurait pu être paralysé à vie). Comment avez-vous trouvé le courage de supporter cela ?
Vous savez, la vie est faite ainsi. Il y a des difficultés et tout le monde passe par là. Je crois qu’il y a beaucoup plus grave. Il faut s’aider de ces épreuves pour rebondir. Il faut voir les horizons autour de nous. Moi, j’ai lutté parce que je voulais rejouer au rugby, vu que c’est ma passion.
I Comment cela se passe-t-il pour vous dans votre club, le Stade Français ?
Le Stade Français retrouve de la cohésion et du jeu collectif. L’équipe a changé souvent d’entraîneur et a vu défiler les joueurs, mais, désormais, on revient sur le devant de la scène. Nous sommes en mesure de faire douter les grosses équipes. C’est vrai que nous avons perdu samedi dernier (Ndlr : le 1er décembre face au Racing Metro 92, 15-23). Mais avec un peu plus de maîtrise, nous aurions pu l’emporter.
I Trouvez-vous que depuis la prise de fonction de Philippe St-André à la tête du XV de France, une osmose est en train de s’installer ?
Avec Philippe St-André, j’ai le sentiment qu’il y a un groupe qui s’est dégagé. Il y en a beaucoup qui se retrouvent dans cette équipe. Lors de la tournée de novembre dernier, l’équipe de France a montré de très belles choses. Mais, il faut aussi se dire que ce ne sont que des matches pour tester. Ce n’est que lors des échéances que l’on pourra vraiment juger. Le tournoi des 6 nations 2013 sera très relevé. C’est clair quand on voit, par exemple, que les Anglais ont battu la Nouvelle Zélande.
I Vous disiez tout à l’heure qu’il vous reste une grosse échéance : la Coupe du Monde de 2015. Pensez-vous que le XV de France, finaliste malheureux de la dernière édition en 2011, pourra aller au bout lors de la prochaine ?
On connaît la valeur de l’équipe de France. Mais elle est capable de réaliser du très bon comme du très mauvais. Il est possible qu’elle perde contre des « petites » équipes et de gagner contre des « grosses ». Le souvenir de 2011 est dans toutes les têtes, c’est très difficile de perdre de si peu. Il y a eu de l’amertume contre l’arbitrage, mais il faut se dire que ce Mondial s’est joué en Nouvelle-Zélande, ce qui rend le contexte particulier. Le XV de France doit se servir de cette finale perdue pour que le scenario soit différent en 2015.
I Quel regard portez-vous sur le rugby au niveau mondial actuellement ?
Le rugby connaît une belle progression, c’est indéniable. Je dirais même que c’est devenu un marché prépondérant. On en parle dans le monde entier et les gens s’identifient aux valeurs qui y sont liées et c’est de bon augure pour la suite. Il faut préserver l’héritage légué par les anciens. Le rugby est un sport de copains et il ne faut pas qu’il s’engage dans des dérives financières. Ce sport a quelque chose que les autres n’ont pas et qui est fragile. Il ne faut pas le galvauder. Le rugby doit rester un sport intègre.
Propos recueillis par
MAURICE MÉLOTTE
Portrait
David Attoub est né à Valence dans le Drôme – comme un certain Sébastien Chabal – dans une famille recomposée de dix enfants le 7 juin 1981. Il a perdu son père à 7 ans. Il a joué en équipe de France et évolue au poste de pilier droit au sein de l''''effectif du Stade français Paris. Il mesure 1,83 m pour 113 kg.  Il a honoré son unique cape internationale en équipe de France le 17 juin 2006 contre l''équipe de Roumanie. En janvier 2012, il est appelé par Philippe Saint-André en sélection nationale pour affronter l''Italie lors du Tournoi des six nations 2012. Le 17 mars, lors du dernier match du Tournoi des six nations, il honore sa deuxième sélection en équipe de France avec une titularisation.
Lors de l''été 2006, il a connu un véritable calvaire suite à une infection par un staphylocoque doré, mais est depuis revenu au meilleur niveau. En janvier 2010, la commission de discipline de l''European Rugby Cup (ERC) lui inflige une suspension motivée de 70 semaines pour avoir effectué une « fourchette » (un geste interdit consistant à mettre les doigts dans les yeux de l’adversaire lors d’un regroupement) sur Stephen Ferris lors d''un match de coupe d’Europe en décembre 2009.
Cette année, il intègre l''INSEEC Grande École, aux côtés d''un de ses coéquipiers au Stade Français Paris, l''ailier international Julien Arias. Leur but commun étant de se construire un avenir après une éventuelle reconversion, en fin de carrière.
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