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De si jolis prénoms
France. La fille illégitime longtemps cachée d’un président de la République venait d’apparaître dans la presse people. Lors d’un entretien, des journalistes demandent à l’épouse trompée comment elle a réagi lorsqu’elle a découvert l’existence de Mazarine. Et la dame a cette réponse magnifique : « Vous ne trouvez pas que c’est un joli prénom ? » Espérons que tous les conjoints dont la vie privée et les humiliations par le fait de l’autre sont subitement étalées en public soient capables de défendre leur dignité avec autant de fine répartie que Danielle Mitterrand.
A l’époque de la guerre froide, les Etats-Unis et l’Union soviétique étaient arrivés à une sorte d’équilibre contrôlé de la terreur, la paix assurée par l’égalité des forces de destruction en présence. Les séances de notre Assemblée nationale - ou du moins les invectives auxquelles elles donnent lieu — vont-elles finir par se résumer à une égalité d’insultes ou d’indignité ? Si l’un jette en pâture l’identité d’une personne, l’autre trouve normal d’en piétiner une autre. « Et je ne garderai, pour habiller mon âme, que l’idée d’un rosier et qu’un prénom de femme », chantait cet homme, sans doute d’un autre âge. A n’en point douter honorable.
On se souvient de cet échange entre deux parlementaires, l’un disparu, l’autre toujours de ce monde. L’un : « Courtier » l’autre : « Moutouk ». La classe, l’élégance, l’esprit, l’art du bon mot, chez nous, ont toujours été une manière de savoir-vivre. Surtout à l’Assemblée nationale.
On attribue à l’ancien Premier ministre britannique Harold Macmillan le mot suivant, au sujet de son plus proche successeur travailliste : « Funny fellow, Wilson. Keeps his mistress at no10. Always kept mine in St John’s Wood ». Cela était fondé sur un racontar, impliquant une collaboratrice d’Harold Wilson, dont on apprit par la suite qu’elle avait une liaison avec un journaliste en vue. Une mention de cette prétendue affaire de mœurs sur une pochette de disque valut à l’éditeur de payer des dommages à M. Wilson et personne n’aurait pu imaginer, à la Chambre des communes, que des parlementaires balancent, d’un bord à l’autre, des prénoms de prétendues maîtresses ou petits amis. Même si, de Christine Keeller à Pamella Bordes, ce ne sont pas les dames qui ont manqué pour alimenter le répertoire des fantasmes.
Maître Corbeau sur un arbre perché, voyant s’y poser la mélodieuse linotte, s’approcha de l’oiseau au rouge plumage afin de lui tenir à peu près ce langage : à qui feras-tu croire Carduelis cannabina, linotte vulgaire, que le meilleur moyen d’échapper à l’attention de la chasse est encore de s’en prendre au chasseur ? Ne penses-tu pas, oiselle imprudente, que c’est ainsi, davantage, que tu t’exposes à un éclat de chevrotine ? Et que répondrais-tu, d’aventure, si l’un ou l’autre volatile, l’aigle ou le faucon, mieux doté que nous en esprit et faconde, te demandait si, au fond, tu n’as pas simulé l’effacement pour obtenir, au contraire, la plus éclatante des parutions au grand jour ? N’aurais-tu donc sous tant de brillants artifices que la plus démunie des têtes de linotte ?
On nous annonce une réforme du CPE. L’évaluation continue remplacerait l’actuel examen de Standard VI. Aussi importante que l’avis du Comité des droits de l’homme des Nations unies au sujet de la déclaration d’identité ethnique, cette fin du CPE est la grande nouvelle de cette fin d’année. A condition que Bunwaree ait les moyens de résister aux pièges qu’on voit déjà se tendre. Et si tout était lié. Si la sauvagerie qui s’empare de l’hémicycle était aussi tributaire de l’abrutissement pour l’accès au secondaire.
 
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