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Del Ghurburrun: «Le monde du cheval à Maurice est hermétique»

18 février 2009, 20:58

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On croyait avoir tout vu avec le cas Mythical Man. Or l’affaire Big Bad John relance le dossier de la maltraitance des chevaux. Le vice-président de la Mauritius Society for the Prevention of Crualty to animals dissèque le dossier.

L’affaire Big Bad John démontre que la maltraitance des anciens chevaux de course est un véritable fléau. Comment en est-on arrivé là?

C’est simple. Les chiffres ne collent pas. Ils n’ont d’ailleurs jamais collé. Il faut savoir que le monde du cheval à Maurice est un monde hermétique. Pour les non-initiés, il est quasiment impossible d’y mettre le nez. Et les gens de l’intérieur ne parlent jamais.


Comment donc obtenir les informations qui vont permettre plus de transparence?


Après le cas de Mythical Man, deux comités ont été mis en place. L’un présidé par Jean-Marc Ulcoq, un membre influent du Mauritius Turf Club (MTC), et comprenant des représentants du monde du cheval. L’autre existait déjà. Il fonctionnait sous la MSPCA. Il s’agit du Legal review Committee. On travaille à revoir le cadre légal sur les animaux à Maurice.

Aujourd’hui, nous plaidons pour que la loi change. Il y a des anomalies à rectifier. Savez-vous qu’il faut un permis d’éleveur pour justement élever des chiens. Alors qu’une personne qui prend un cheval sous sa responsabilité n’a même pas besoin de permis.

Qu’est-ce qui poussent des gens à commettre des actes d’une telle barbarie sur des chevaux?


Il faut remonter dans le fond du problème. Au cours d’une année, il y a environ 180 chevaux qui partent à la retraite. La MTC fait endormir une cinquantaine de ces chevaux. Une trentaine est récupérée par les quatre centres hippiques enregistrés à Maurice. Le problème vient du fait que la MTC ne peut expliquer ce qu’il advient des 100 autres chevaux. Ceux-là disparaissent dans la nature. Les propriétaires des chevaux, pour la plupart, ne comprennent rien aux chevaux. Une fois que ces chevaux ne sont plus rentables au Champ de Mars, ils deviennent un souci pour ces propriétaires.

Qu’advient-il donc de ces chevaux?


Il y a trois pistes à suivre. Certains chevaux sont utilisés sur les plages par exemple. D’autres sont destinés aux courses clandestines. Les autres sont soumis à l’abattage dans des champs de cannes. Ensuite, leur viande est vendue. Le public doit savoir que la viande du cheval qu’on trouve à Maurice est hautement nocive. Un cheval de course est un cheval castré. A ce titre, pour maintenir sa masse musculaire, on lui injecte des anabolisants qui servent à garantir la reproduction de testostérone. Ce qui rend la viande du cheval cancérigène. Et lorsqu’on sait qu’un cheval peut fournir jusqu’à 300 kilos de viande, on mesure le risque couru par la population…

Etes-vous bien avancé dans votre enquête pour identifier les coupables?


Il y a deux à trois sites dans l’île qui s’adonnent à cette activité. Ces gens-là prétendent avoir une activité équestre. Mais ils ne peuvent expliquer comment disparaissent les chevaux de leurs sites. C’est ainsi que notre d’inspectorat a découvert le cas de Big Bad John. Il est malheureux qu’on n’ait qu’un pouvoir de visite. On n’a pas de pouvoir de saisie. Il faut attendre une autorisation du propriétaire officiel pour reprendre ce cheval.

C’est dire l’importance de changer la loi.