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Des villas désertées dévoilent la vie du clan Kadhafi
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Des villas désertées dévoilent la vie du clan Kadhafi
Ménagère en or, coupes de champagne en cristal, alignements de costumes et chaussures de grands couturiers italiens: les placards des enfants de Mouammar Kadhafi sont encore bien remplis.
Leurs luxueuses résidences de bord de mer témoignent de l''''accaparement de la richesse libyenne par la famille du "guide". Les Kadhafi ne se contentaient pas de diriger la Libye, ils la possédaient et l''argent du pétrole était leur argent de poche.
À mesure que les insurgés libyens ont pris le contrôle de la route côtière qui traverse le pays, les limousines et berlines ont été remplacées par des jeeps et des pick-up sur les parkings des villas.
Les civils devenus combattants dorment désormais dans des chambres richement décorées, foulent des tapis Pierre Cardin et s''allongent sur des canapés Burberry.
"Le jour dont nous avions rêvés toute notre vie est venu. Cette plage était réservée aux fils Kadhafi, à leurs familles, leurs amis et toute l''élite", dit Nadjib Kabet, conseiller juridique du conseil économique libyen avant de rejoindre la révolution en février.
"C''est eux qui profitaient de la richesse de la Libye, pas nous. Les Libyens n''en tiraient rien."
"Les Libyens ne pouvaient pas nager dans ces eaux ou approcher ces portes (des villas). Tout le monde connaissait le sort réservé à celui qui approchait ces murs, on le fusillait", ajoute Kabet.
"ÉVASIONS DU CORPS ET DE L''ESPRIT"
L''enclave protégée de Regatta est l''une des deux villes artificielles construites en bord de mer à l''ouest de Tripoli. Elle était l''une des résidences de la famille Kadhafi.
On y trouve des supermarchés et centres de plongée, des terrains de tennis et de football, des restaurants et des cliniques. Certaines maisons ont leur salle de sport et leur piscine privées et les bateaux à moteur sont amarrés tout près.
"Ce n''est qu''une infime partie de leur richesse et des nombreuses maisons qu''ils ont ici et à l''étranger, des milliards qu''ils possèdent", souligne Abdel-Salam Kilani, officier dans l''armée libyenne jusqu''à sa défection en février.
Dans l''ancienne villa de Saadi Kadhafi, éphémère footballeur et l''un des neuf enfants du colonel libyen, les pulls en cachemire et autres vêtements de luxe, de toutes les griffes les plus prestigieuses, sont étalés sur le sol. Les valises sont encore ouvertes.
Dans ce grand bazar, on trouve un CD de Pink Floyd ou du chanteur libanais George Ouassouf, des DVD de la série américaine "A la Maison Blanche" (West Wing) ou des articles du site internet d''Al Djazira relatant la fuite de Zine ben Ali, l''ancien homme fort de la Tunisie renversé par la rue.
Les Kadhafi aimaient visiblement le luxe mais moins les livres.
Dans la villa de Mohammed Kadhafi, un seul ouvrage a été retrouvé. Un guide de méditation: "Les évasions du corps et de l''esprit". De fait, il a fui en Algérie.
Les programmes des vols à destination de pays voisins montrent que l''exil était devenu récemment une préoccupation des enfants de Mouammar Kadhafi.
Mohammed Kadhafi avait orné ses murs de posters de sport et de photos de famille.
"LEURS MILLIONS NE VALENT RIEN"
Dans la villa d''Aicha, qui a accouché mardi en Algérie, les nouveaux occupants ont pris leurs aises. La maison disposant de 13 chambres, chaque combattant a choisi la sienne. Ils ont mis ses albums photo dans un carton mais déchiré celui la montrant avec son père dans son enfant.
Les occupants de la résidence de Regatta, à 12 km à l''ouest de Tripoli, ont visiblement quitté l''endroit précipitamment.
Des verres de vin et de champagne étaient abandonnés sur les terrasses, des vélos et jouets d''enfants gisaient dans les rues.
"Regardez ! Où croyez-vous que soit passée la richesse de la Libye ? La famille Kadhafi possédait la Libye", s''insurge Kabet.
Peu de Libyens connaissaient l''existence de ces opulentes demeures jusqu''à leur découverte par les rebelles.
La plupart des insurgés arrivés à Regatta viennent des monts du Djebel Nefoussa, une région pauvre, et ne semblent pas envier ce luxe.
"Cela ne veut rien dire pour nous. Qu''ils sachent que leurs millions ne valent rien", dit Ibrahim Madani, combattant de 26 ans venu de Zentane.
"Le plus important c''est que le peuple se soit débarrassé d''eux. Que la nouvelle génération jouisse d''une meilleur éducation, d''un meilleur pays et d''une meilleure vie."
"Ils ont sucé le sang de ce pays."
(Source : Reuters)
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