Publicité
Devanand Ritoo “le sport mauricien n’est pas en déclin, mais il n’a pas progressé ”
Par
Partager cet article
Devanand Ritoo “le sport mauricien n’est pas en déclin, mais il n’a pas progressé ”
Les Jeux sont faits. Quel premier bilan dressez-vous ?
Je préfère ne pas dresser un bilan hâtivement. On le fera au retour au pays. On analysera les performances de Maurice à tête reposée avec les principaux acteurs. D’ailleurs, j’ai demandé à chaque responsable des douze disciplines concernées de me soumettre un rapport dans le plus bref délai sur les prestations de leurs sportifs. Une équipe de techniciens du ministère en fera autant. A partir de là, on en discutera tous en présence de la presse.
Quand même, vous qui aviez été aux cotés de nos sportifs pendant ces dix jours de compétition, vous devriez avoir une opinion sur la performance mauricienne ?
Globalement, on peut être satisfait. Du reste, le Premier ministre a fait allusion à la bonne prestation de nos sportifs aux Seychelles lors de sa conférence de presse samedi dernier. Dans l’ensemble, ce n’est pas une performance ridicule. N’empêche, il y a également des grosses déceptions. Certaines disciplines ont surévalué leurs chances de médailles à ces Jeux des îles.
Vous faites allusion à quelles disciplines par exemple…
On ne va pas se voiler la face, certaines disciplines nous ont complètement déçu, dont le volley-ball, le basket-ball masculin, le badminton, l’haltérophilie, le judo, aussi bien que la boxe et l’athlétisme. L’haltérophilie reste la plus grosse déception pour Maurice à ces Jeux des îles puisque ses dirigeants nous ont fait croire que cette discipline allait nous ramener une vingtaine de médailles.
Le moins que l’on puisse dire, l’haltérophile n’a pas été vraiment à la hauteur…
Bien évidemment. C’est une discipline grosse pourvoyeuse de médailles dans laquelle nous ne récoltons que quatre précieux métaux seulement. Pourtant, on n’a pas lésiné sur les moyens pour que l’haltérophilie mauricienne réalise une bien meilleure performance à ces Jeux que celle
qu’elle nous propose au fi nal. Il y a matière à s’interroger si c’était réalisable ou bien si on nous a leurrés.
Vous mentionnez le volley-ball, le badminton, le judo, la boxe et l’athlétisme comme les disciplines qui ont déçu en termes de récolte de médailles à ces Jeux. Ça fait un peu beaucoup comme déception…
On ne peut se satisfaire de ce que nous ont ramené ces disciplines. Le volley-ball, ça a été une catastrophe. On en dira autant pour le basket-ball masculin. En badminton, on a perdu notre suprématie régionale. En judo, deux médailles d’or, c’est nettement en-dessous des espérances. Idem pour l’athlétisme qui n’a pu ramener la douzaine de médailles attendues. Pour la boxe, que deux premières places pour sept finalistes, ce n’est pas honorable.
Cependant, il faut dire aussi que dans certaines disciplines comme le badminton, la boxe ou encore le judo, l’arbitrage n’a pas été net et a été en défaveur des Mauriciens…
Dans certains cas, oui. En boxe, j’ai été personnellement témoin de certaines choses un peu louches. Sans doute, il y a eu quelques actes de tricherie. Cela n’explique toutefois pas toutes les mauvaises performances. On ne va pas se leurrer totalement. Certaines disciplines nous ont fait croire qu’elles pouvaient décrocher un certain nombre de médailles. Sauf qu’au final, on est loin du compte.
Le sentiment qui se dégage, c’est que vous vous êtes fait berner par les dirigeants de certaines disciplines. Est-ce exact ?
Oui et non à la fois. Oui, parce qu’au départ, on se fie à ce qui nous est avancé par les fédérations. Ce sont ces dirigeants-là qui connaissent mieux leurs disciplines respectives et qui, avec leurs techniciens, avaient travaillé sur les forces en présence. S’ils croient qu’ils m’ont berné, ils se trompent lamentablement. Maintenant, ce n’est pas à moi d’assumer. On verra bien à présent, comme les dés sont jetés.
Quand on parle de déception, on ne peut faire abstraction de la déroute en sports collectifs…
Alors là, c’est quasiment une débâcle, en faisant surtout référence au volley-ball et au basket masculin. Heureusement, il y a eu la belle fi nale livrée par notre sélection de football pour apporter un peu de baume au coeur et aussi la médaille de bronze de nos basketteuses. Le Club M et la sélection féminine de basket-ball n’étaient pas les meilleurs du tournoi, mais ils ont eu du coeur pour aller chercher une médaille. On n’en dira pas autant du volley-ball et des basketteurs. Finalement, on sème ce qu’on récolte….
On vous parle beaucoup de déceptions, dites-nous alors quelle a été votre plus grosse satisfaction durant ces Jeux des îles ?
Aussi surprenant que cela puisse vous paraître, j’ai été grandement satisfait que tout se soit bien passé dans son ensemble. Et de voir la ferveur populaire des Seychellois. L’ambiance qu’ils ont créée autour de ces Jeux des îles sur les différents sites de compétition. Leur sens de patriotisme est naturel et inné. C’est formidable de voir un peuple réuni pour soutenir ses sportifs et ses équipes.
Au décompte fi nal, Maurice récolte 38 médailles d’or, 66 d’argent et 51 de bronze. Nous sommes loin de l’objectif fixé…
Effectivement, l’objectif qui était de 50 médailles d’or n’a pas été atteint. Cet objectif de récolter 50 médailles d’or a été fixé au regard des prévisions des fédérations gérant ces douze disciplines. On est vraiment loin de cet objectif. Il va falloir faire le bilan pour en connaître les raisons et le pourquoi. Ce qui m’interpelle toutefois c’est le nombre impressionnant de médailles d’argent glanées. Ce qui me fait dire qu’il ne manquait que peu de choses à nos sportifs pour aller cueillir l’or. En faisant le bilan avec les fédérations, on saura sans doute ce qui a fait défaut.
Comme en 2007, Maurice termine troisième encore au tableau des médailles, devancée nettement par les Seychelles. C’est grave quand même…
Et oui. C’est décevant. On avait eu une alerte aux Jeux de Madagascar et ça s’est confirmé cette année. Les Seychellois ont surtout fait la différence par rapport à nous en haltérophilie et dans les disciplines collectives.
Quand on sait que les Seychelles ne comptent pas plus qu’un dixième de la population de Maurice, il y a matière à se faire tout petit après ces Jeux des îles.
Il y a quatre ans, au retour de Madagascar, on disait à l’unanimité qu’il fallait se mettre tout de suite à l’ouvrage en vue des prochains Jeux des îles. Visiblement, on n’a pas appris la leçon. Répétera-t-on le même refrain dans quelques jours en rentrant à Maurice ?
Une fois de retour à Maurice, un constat et un bilan approfondi s’avèrent nécessaires. A partir de là, on pourra avancer et rectifi er le tir. En tout cas, certaines disciplines méritent une refonte globale pour repartir sur de nouvelles bases. Les Jeux des îles restent un baromètre pour notre sport et on se doit de tirer les leçons qui s’imposent pour ne pas commettre les mêmes erreurs dans quatre ans à La Réunion. De grandes décisions pour relancer certaines choses sont à venir.
Publicité
Les plus récents