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A dharmic gentleman !

17 février 2013, 00:00

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Connaissez- vous Sat Maharaj ? Oui ? Non ? Ah, ça vous dit quelque chose… Né en 1931, âgé bientôt de 82 ans, Satnarayan Maharaj est la figure emblématique, du moins le plus flamboyant porte- parole de l’hindouisme à Trinidad. Secrétaire depuis de longues années du Sanathan Dharma Maha Sabha ( SDMS), la plus importante organisation hindoue de la Caraïbe, gérant 150 mandirs et une cinquantaine d’écoles.

Ça vous rappelle effectivement quelqu’un… Eh bien, vous auriez tort de vous laisser tromper par la seule ressemblance socioculturelle. Sat Maharaj, par exemple, n’aurait sans doute pas eu, dans son pays, l’occasion de faire partie de l’équivalent de l’Independent Broadcasting Authority. C’est même à ce chapitre que ses amis et lui ont livré un de leurs plus âpres combats, mené sur plusieurs années. Tout commence en 1999. Basdeo Panday, Premier ministre alors aussi improbable que l’a été Bérenger, est au pouvoir. Mais en raison d’un vice de procédure, la demande de la SDMS pour un permis d’émettre sur les ondes est refusée. En 2001, le parti de Patrick Manning revient au pouvoir. Une fréquence est alors accordée à l’un des bailleurs de fonds de la nouvelle majorité. La société bénéficiaire n’est même pas enregistrée. Sat Maharaj et ses amis saisissent la justice.

En février 2004, le SMDS remporte le procès pour discrimination qu’il a intenté à l’Etat, le juge Carlton Best notant que l’organisation a été privée d’égalité de traitement face à la loi. Au mois d’octobre 2004, alors que le jugement de la Cour d’appel n’a toujours pas été prononcé, Sat Maharaj fait savoir qu’il envisage déjà de saisir le Conseil privé, à Londres.
Finalement, après de nombreuses procédures, dans un jugement de 19 feuillets, les Law Lords ordonnent à l’Attorney General de la République de Trinidad et Tobago de s’assurer que l’organisation hindoue obtienne, sans plus tarder, une autorisation d’émettre. Il est également ordonné à l’Etat de régler les frais encourus par le SDMS dans toutes les juridictions saisies.

C’est ainsi qu’est enfin née, le 19 janvier 2007, Radio Jaagriti 102.7 FM. Associant les rituels et les chants sacrés de l’hindouisme à une tenace requête de liberté d’expression. A la mi- 2012, l’association a lancé un magazine bimensuel, Mukdar, ce qui a été l’occasion pour Sat Maharaj d’annoncer le lancement à terme d’une chaîne de télévision hindoue sur le réseau câblé. « The traditional Hindu extended family has now moved from the confines of a single house to multiple home in different parts of the world whilst being linked though the medium of mass communications » , a déclaré Maharaj. « The vision of the Maha Sabha and its communications arm is to provide a network that accommodates and facilitates the Hindu in the new world reality » , a- t- il poursuivi.

En 2004, conjointement avec Inshan Ishmael, président de l’Islamic Relief Centre de Trinidad, Sat Maharaj a aussi saisi la Haute Cour de San Fernando, contestant la constitutionalité de la Trinity Cross, la plus haute distinction nationale empruntant sa forme à un symbole chrétien. Démarche civique tout à fait louable et point très intéressant pour ce pays prétendument laïc mais dont les marqueurs nationaux n’ont pas été totalement expurgés de leur symbolique chrétienne.

Avant son combat pour obtenir les droit d’émettre pour Radio Jaagriti ou pour obtenir une forme neutre pour récompenser les citoyens exemplaires, Sat Maharaj s’est tout simplement porté à l’attention de ses concitoyens à travers ses articles réguliers dans la presse trinidadienne, entre autres son rendez- vous hebdomadaire dans The Guardian, le grand journal de Portof- Spain. Entre chronique sociale et réflexion philosophique.

Le nôtre a encore un bout de chemin à faire…