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Dr Theeshan Bahorun : «La politique de la recherche à l’UoM reste floue»
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Dr Theeshan Bahorun : «La politique de la recherche à l’UoM reste floue»
La recherche scientifique mauricienne est très mal connue. Pourquoi ?
La culture de la recherche est problématique. Le partage de connaissances est très limité et la recherche pluridisciplinaire presque inexistante. Une restructuration de l’université est en cours. Personne ne sait ce qu’il adviendra de la recherche. La politique pour ce qui est de celle-ci reste floue à l’UoM. Dans mon département de biosciences, je travaille sur une thématique santé sans savoir ce que fait le département de Health Science ! Plus que tout, on cantonne le problème à un manque de financement. Or, pour en obtenir, il faut des recherches qui crédibilisent de telles demandes. C’est le serpent qui se mord la queue.
Mais un ministère a été créé et le «Mauritius Research Council» (MRC) prévoit des «schemes ». Ce n’est pas suffisant ?
Les politiques ne croient pas en la recherche mauricienne.
Il faut une politique cohérente sur 20 ans mais les décideurs s’enferment dans des échéances quinquennales.
Cela dit, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Science, de la Recherche et de la Technologie est plein de bonnes intentions. Des National Chairs Positions sont en cours de création, ouvrant ainsi des thématiques de recherche.
Le ministre Jeetah (NdlR : Rajesh Jeetah, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Science, de la Recherche et de la Technologie) a parlé d’une enveloppe de Rs 100 millions qui permet au MRC de proposer de nouveaux schemes de recherches. Ce sont de très bonnes nouvelles.
Reste aux chercheurs de savoir trouver des financements supplémentaires, notamment à l’étranger, via des recherches communes. Pour ma part, je m’y efforce, avec l’aide de collaborateurs en Afrique du Sud, Corée, au Japon et à La Réunion.
Et localement, quels financements seraient envisageables ?
Pourquoi ne peut-on pas utiliser une infime partie du fonds CSR (NdlR : Corporate Social Responsibility) pour financer des recherches profitables à l’ensemble de la population ? La recherche contribue au développement économique et social. Or, il n’y a que 0,3 % du Produit intérieur brut (PIB) consacré à la recherche ici, contre plus de 7 % à Singapour. Des deux, qui est le plus innovant ? Le secteur privé pourrait aussi financer des recherches susceptibles de le servir.
Le «Mauritius Sugar Industry Research Institute» (MSIRI) a justement été un succès dans ce partenariat entre un secteur d’activité et des chercheurs. Quelles thématiques de recherche peuvent aussi connaître un tel succès ?
Avec une prévalence de 51 % de maladies cardiovasculaires, 25 % de diabète, 11 % de cancers, comment se fait-il qu’on ne favorise pas la recherche pluridisciplinaire sur cette thématique de santé ? Nous le faisons à notre échelle, dans le groupe «biochimie et nutrition moléculaire» que j’anime.
En étant sarcastique, on pourrait dire : la santé, c’est bien, mais ça ne rapporte pas du «cash» rapidement...
Si on prend trois tasses de thé noir par jour qui diminuent de 19 % le cholestérol alors que le Tahor coûte Rs 89 l’unité, on réduit de beaucoup les coûts de santé !
Il faut attendre que 25 % de la population souffre de diabète pour qu’on pense à aider la recherche dans ce domaine ? En investissant dans la recherche avant, on aurait pu proposer des solutions ou émettre des recommandations pour contenir la prévalence du diabète ainsi que les dépenses de santé sur les moyen et long termes.
Vous disiez que le secteur privé pouvait être une source de financement. Mais le dialogue entre chercheurs et entrepreneurs est presque inexistant...
Les académiciens ne sont pas en phase avec les exigences et les besoins du secteur privé. Les industriels, eux, ne sont pas au fait des compétences universitaires. Il y a un manque de communication évident. Il faudrait un bureau de liaison autonome et performant pour guider les industriels vers des chercheurs capables de répondre à leurs demandes. C’est porteur d’innovations. Aussi, beaucoup de schemes au MRC sont sous-utilisés, comme le Private Collaborative Research Programme Scheme.
Concrètement, des chercheurs au service de l’entreprise, cela donne quoi ?
En tant que biochimiste, je travaille avec Moroil pour répondre à quelques questions qui se posent dans la chaîne de production, plus spécifiquement sur les antioxydants.
J’ai aussi aidé Sarjua à mettre en place son processus de conservation et de qualité. Le MSIRI, plus encore, illustre les bénéfices qu’apporte la recherche au secteur industriel. Les départements d’ingénierie et d’informatique de l’UoM sont, je crois, les plus à même d’interagir avec le secteur privé.
 
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