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Du tout-à-l’égout

26 septembre 2011, 00:00

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C’est presque une odeur de fin de règne qui émane de ce ‘cadavre à la renverse’(l’expression est sartrienne) qu’est déjà devenue l’Alliance de l’Avenir, totalement affaiblie par le départ massif du MSM, sérumisée toutefois par deux transfuges, mais gangrenée par une série de scandales.

Une autre odeur pestilentielle étouffe le pays en ce moment. Elle émane, d’une manière générale, du tout-à-l’égout de la politique. Intenable. Ce grand déballage, ces menaces de déterrer des dossiers toxiques, ces mises en cause des institutions assorties de menaces de démission au plus haut sommet de l’Etat, ces rencontres stupéfiantes, ces retournements de veste, ces insultes publiques, cette exhibition des stratégies tordues au mépris de notre intelligence donnent un véritable tournis.

La convocation de Pravind Jugnauth par l’ICAC a été le déclencheur de ces turbulences, amplifiées par la rencontre SAJ/Bérenger, une dénonciation des méthodes de l’ICAC et une démission éventuelle au plus haut sommet de l’Etat. On se retrouve du coup en pleine crise institutionnelle. Comme cela a été le cas en 2005 au plus fort de la confrontation frontale entre SAJ et Navin Ramgoolam.

Si ce n’était que ça. Ce n’est que la toile de fond d’une alliance en devenir entre le MMM et le MSM malgré les dénégations de Paul Bérenger qui, par prudence, répète à l’envi que ‘ce n’est pas pour le moment’. Mais personne n’est dupe. Tout le monde sait, même si certains éléments du BP mauve ne sont pas dans le secret. Certains, qui ne sont pas encore frappés d’amnésie, y sont totalement hostiles et disent déjà qu’ils seraient dans l’incapacité (parce qu’il leur reste encore un peu de dignité et d’honneur) d’aller vendre Pravind Jugnauth à leurs mandants. Encore moins ont-ils envie de pousser SAJ dans l’arène pour un ‘remake’de l’an 2000 tant ils portent encore, avec amertume, la rupture qui s’en est suivie. Pour ceux-là, le prix est trop fort, ne serait-ce, pour un retour au pouvoir.

Bien qu’il donne le sentiment qu’il porte un masque protecteur, Navin Ramgoolam n’en est pas moins perturbé par les effluves qui lui parviennent en ce moment à New York. Il sait que l’ICAC n’aura pas le choix que de convoquer deux de ses plus proches collaborateurs il sait que les efforts conjugués du MMM et du MSM vont lui mettre une terrible pression comme il sait qu’il aura le dos au mur avec les scandales que son ex-ministre des Finances a promis de révéler. Comme il sait aussi que les dernières frasques de son PPS flacquois vont lui pourrir l’existence pendant de nombreuses semaines.

L’opposition orange ne sera plus loyale. Bien qu’on puisse légitimement s’étonner que Pravind Jugnauth ait pris autant de temps pour réaliser l’ampleur de ces scandales, de son silence prolongé et de son évidente complicité pendant ces derniers quatorze mois que manifestement le MMM s’évertuera à nous faire oublier.

Comme le MMM nous fera oublier son flirt orange passager si d’aventure, à son retour de New York, Navin Ramgoolam lui donne des raisons d’espérer.