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Du travail qui vaille

26 avril 2012, 00:00

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C’est une histoire qui remonte à l’aube de la nuit des temps. Il n’y avait pas encore un prix qu’on mettait sur ce qu’on faisait. Parce que ce qu’on faisait ne se nommait pas encore travail. C’est, aujourd’hui, un mot magique : travail. Pour ce qu’on fait, on doit être payé et bénéficier de certains droits.

Depuis, toute l’histoire de l’humanité a pris un autre cours. Aucun effort ne peut demeurer sans une rémunération. Dans le monde ancien aussi bien que le nouveau monde, il ne peut y avoir d’offense, de non-respect des règles. A chaque époque, une nouvelle oeuvre se met en place. Elle est étonnante. Nous travaillons à notre propre extermination. C’est une pulsion proprement humaine. Il y a un désir ressenti qui va se heurter à des désirs ineffables à l’intérieur de soi. Parce que nous ne sommes pas capables de sentir et de comprendre une altérité, nous nous réfugions dans une sorte d’égocentrisme.

Nous nous racontons ainsi des histoires chaque jour dans notre univers du travail. Nous voyons des ennemis partout. Ou pire, nous nous évertuons à saborder le travail de l’autre. Aujourd’hui, le ministre du Travail, Shakeel Mohamed, veut apporter des amendements aux lois du travail. Protéger davantage le salarié est une entreprise noble. Et c’est tout à l’honneur du ministre. Mais, ce qu’il importe également de considérer, c’est notre propre rapport au travail. On y note de plus en plus une déstructuration de l’être profond au profit d’un être superficiel, devenu quasiment un automate. L’être profond, on ne le montre jamais. On ne le raconte jamais. Parce qu’on est convaincu qu’il révélerait notre fragilité.

C’est en fait tout un traumatisme qui s’ignore, qui n’ose pas se dire. Parce qu’il sait que le plaisir n’est que dans la diminution du plaisir. C’est un fait avéré. Dans le travail, on n’est pas nombreux à chercher cette satisfaction. Dépositaire d’un trésor social, l’homme a toujours été dans une quête de transformation de soi. Cela également, on le cherche dans le travail. Comme si l’accomplissement de son être passait par là. Toujours être meilleur. Toujours rivaliser avec les autres. Toujours être à la hauteur des attentes. C’est ainsi qu’on fi nit par s’oublier.

Briller au regard de la société, c’est quelque part facile. Etre ce qu’on a envie d’être, c’est un droit qu’on ne s’octroie pas. Le malaise de toute civilisation est dans la négation de ce malaise. Il y a de nouvelles mesures qui devraient être introduites aux lois du travail. C’est l’oeuvre des législateurs. Il nous reste, pour notre part, de revoir tout notre rapport à notre travail. Ce n’est pas le temps que nous y consacrons qui est essentiel. Ce n’est pas le volume que nous fournissons non plus qui est important. C’est simplement la dignité que nous trouvons dans le travail qui fait une partie fondamentale de notre être.