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Décès de Lisette Talat : Ses enfants et petits-enfants promettent de suivre ses traces

4 janvier 2012, 00:00

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Décès de Lisette Talat : Ses enfants et petits-enfants promettent de suivre ses traces

Une femme de fer qui n’a jamais courbé l’échine devant les Britanniques. C’est l’image que laisse Lisette Aurélie Talat une des premières femmes chagossiennes à s’être révoltées contre la déportation de son peuple des Chagos dans les années 70.

« Une femme des Chagos ne pleure jamais ». Ayleen Talat la fille de Lisette Aurélie Talat se souviendra à jamais de ces paroles prononcées par sa mère alors qu’elle entamait sa toute première grève de la faim en 1975. « J’étais encore enfant et c’était une image très éprouvante. Moi, je ne pouvais retenir mes larmes », se souvient Ayleen Talat, 50 ans. A Pointe-aux-Sables, au domicile de la défunte, les femmes réunies autour du corps de Lisette ne cessent d’évoquer le « parcours symbolique » de cette femme.

C’est en 1974 que Lisette Talat décide de se joindre au mouvement de lutte des Chagossiens. Consciente du fait que les Ilois ont été victimes d’une véritable injustice, elle s’engage dans une campagne de conscientisation auprès des siens.

Neuf ans plus tard, elle décide de mieux organiser ce mouvement de protestation, et crée aux côtés d’Olivier Bancoult, le Groupe Réfugié Chagos. « C’est là le début d’un combat de longue haleine. Elle a participé à neuf grèves de la faim, notamment en 1975, 1978, 1980, 1981 », relate Olivier Bancoult le président du Groupe Refugiés Chagos.

Au milieu de la petite foule massée chez Lisette Talat, Rita David Baptiste. A 64 ans, elle se présente comme une des « sœurs d’armes » de Lisette. « Nous avons mené plusieurs combats côte à côte, nous avons ensemble montré aux Anglais de quoi nous sommes capables », lâche-t-elle.

Lisette Talat n’était pas seulement connue pour son audace dans ses actions de protestation beaucoup se souviennent également de l’éloquence de la femme, de sa façon de haranguer son auditoire. « Même si elle n’a pas de véritable parcours académique, c’était une femme qui savait maîtrisait le verbe », avance Rita David Baptise. « Je ne pouvais qu’être en admiration à chaque fois qu’elle s’exprimait dans la presse mauricienne ou internationale. Je me souviens aussi de la fois où elle avait pris la parole à la Haute Cour de Londres. Cette femme m’a énormément inspirée dans mon combat. J’ai d’ailleurs ressenti une immense fierté en 2011, lorsqu’elle est élevée au rang de Member of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean », ajoute Olivier Bancoult.

Les proches de Lisette Talat, en l’occurrence ses quatre enfants, deux filles et deux garçons, ses treize petits-enfants et sept arrière-petits-enfants se disent bel et bien déterminés à marcher sur les traces de leur « Ma ». « Nous sécherons nos larmes et continuerons ce que tu as commencé. Tu nous as laissé ta bravoure pour héritage et nous saurons nous en servir » déclare Louisia, la fille de Lisette.

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