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Ecouté pour vous… : Le récital de Kenneth Babajie
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Ecouté pour vous… : Le récital de Kenneth Babajie
Ce pianiste émérite jouait à l’Alliance française mercredi. Ceux qui n’y étaient pas ont eu bien tort. Ou bien devrais-je dire bien raison, parce que la salle où il s’est épanché était comble et toute personne qui aurait tenté sa chance ce soir-là aurait été éconduite.
Kenneth Babajie n’est pas aussi populaire que Jay-Z ou Beyoncé bien sûr, mais au piano, c’est un malignus bougrus, comme on dit dans ma famille. En plus d’une maîtrise parfaite des notes du piano de la Société musicale de l’île, Babajie, c’est le véritable spectacle d’un pianiste faisant corps avec sa partition : il pince ses lèvres, dodeline de la tête, fait danser ses sourcils ; il grimace, tangue, fredonne, bichonne, frissonne ! Ça lui arrive aussi de tempêter, les cinq doigts de la main gauche, rageurs, énergiques, cinglants, et de transformer cette même main, dans les minutes suivantes, en caresse réfléchie, délibérée, et d’une tendresse extraordinaire. Ses terminaisons sont… d’une douceur…
Les morceaux choisis ce soir-là m’étaient inconnus et m’ont donc privé du plaisir de reconnaître ceux que j’aime déjà. Mais la découverte, ce n’est pas mal non plus ! Francis Thomé, par exemple, musicien né à l’île Maurice au 19e siècle, dont les Papillons Roses ont été ensorcelants. Une petite sonatine de Ravel où l’on retrouve, en filigrane, la rythmique du boléro. Deux danses espagnoles de Granados sensuelles, fortes, où il ne manquait que la gracieuse brune tournoyant en volants rouge et or, une main enlevée vers le ciel par ses claquettes.
Rappelé par les applaudissements, Kenneth a eu la sensibilité de dédier son Rosemary final à son ami Nazim, qu’il a connu lors d’une année passée comme journaliste à l’express en 2010-2011. Après le florilège de mots, le sortilège des notes rendait l’hommage d’un homme à la sensibilité bouillonnante à un être à l’intelligence sensible.
Du vrai plaisir !
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