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Egypte : Au Caire, la place Tahrir reste mobilisée en attendant vendredi
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Egypte : Au Caire, la place Tahrir reste mobilisée en attendant vendredi
Au lendemain du plus grand rassemblement contre le président Hosni Moubarak depuis le 25 janvier, le noyau dur des contestataires de la place Tahrir est resté mobilisé mercredi, misant sur une nouvelle démonstration de force dans 48 heures à la faveur de la grande prière hebdomadaire.
Pour le 16e jour consécutif, la foule a envahi l''''immense place du centre du Caire pour exiger la chute du régime, jugeant que les concessions successives faites par celui-ci jusqu''à présent ne visaient qu''à gagner du temps pour épargner Moubarak qui entend aller au terme de son mandat, en septembre.
Les manifestants réclament, outre le départ immédiat de Moubarak, une nouvelle constitution. Selon l''agence de presse officielle Mena, un comité nommé par le chef de l''Etat pour la remanier est tombée d''accord pour en changer six articles et envisage d''autres modifications.
"Nous mettons la pression sur eux progressivement et, au bout du compte, ils tomberont", prédit Karam Mohamed, originaire de la province de Beheira, dans le delta du Nil, assurant que la vague de protestation, qui a fait 300 morts et des milliers de blessés, s''amplifie.
Elle n''affecte pas que Le Caire, Alexandrie et Suez, mais bien d''autres localités du pays ainsi que, désormais, l''Egypte rurale. Un manifestant a été tué et plusieurs autres ont été blessés par balles lors d''affrontements entre forces de sécurité et 3.000 protestataires dans la province de Nouvelle-Vallée, à 500 km au sud du Caire.
Dans la capitale, les organisateurs de la mobilisation ont fait part de leur projet de marcher vendredi sur l''immeuble de la radio et télévision d''Etat, porte-voix du régime. "Je pense qu''il y aura foule devant le bâtiment. Le président Moubarak tombera bientôt, dans trois ou quatre jours, je pense", a prédit Mohamed Sadik, un ingénieur cairote.
Al Djazira réémet du Caire
A la faveur du dialogue engagé dimanche et lundi avec des représentants de l''opposition, dont l''influente organisation des Frères musulmans, le vice-président Omar Souleimane, nommé au début de la crise par Hosni Moubarak pour engager des réformes, a promis des mesures pour assurer la liberté de la presse.
Accusée indirectement par l''ancien chef des services de renseignement d''avoir "insulté et dénigré" l''Egypte, la chaîne d''information panarabe Al Djazira a annoncé mercredi que la compagnie satellitaire égyptienne Nilesat avait rétabli son faisceau de diffusion.
Nilesat avait interrompu la retransmission d''Al Djazira il y a huit jours lorsque des militants, miliciens et sans doute aussi des policiers en civil pro-Moubarak avaient brutalement attaqué les opposants retranchés sur la place Tahrir. La chaîne qatarie avait été accusée d''exagérer l''ampleur de ces violences.
La "Révolution du Nil" initiée sur la place Tahrir a reçu mercredi le soutien, embarrassant pour ses instigateurs, de la branche irakienne d''Al Qaïda, l''Etat islamique en Irak, dont on ignore l''influence réelle auprès des Egyptiens.
L''Etat islamique d''Irak incite les Egyptiens à libérer tous les prisonniers. "Ne vous accordez aucun répit tant que vous ne les avez pas tous sauvés, puis détruisez les prisons avec l''aide de Dieu afin que pas une pierre ne reste debout", écrit-elle dans un communiqué diffusé sur des sites islamistes.
Considérés comme la principale force d''opposition en Egypte, les Frères musulmans participent activement à la révolte de la place Tahrir, qu''ils avaient initialement observée avec une certaine circonspection, mais ils ont renoncé à la violence depuis longtemps.
« Mettre rapidement fin à la crise »
Même si les manifestants poursuivent le bras de fer avec les autorités, celles-ci, qui ne parviennent pas à les faire rentrer chez eux, commencent toutefois à dresser le bilan du coût de la "Révolution du Nil", qui, selon un rapport du Crédit agricole, coûte quotidiennement au pays 310 millions de dollars.
"Nous ne pourrons supporter cette situation longtemps et il faut mettre un terme à cette crise le plus rapidement possible", a prévenu mardi le vice-président Souleimane.
Ezzsteel, la plus grosse entreprise métallurgique du pays, a annoncé que ses aciéries fonctionnaient en deçà de leurs capacités, mais a précisé que cela n''avait rien à voir avec l''enquête ouverte pour fraudes électorales visant son président, Ahmed Ezz, ancien cacique du parti au pouvoir.
A Oslo, la compagnie Statoil dit avoir cessé de forer en Egypte. L''Autorité du canal de Suez, qui fournit une part importante des revenus du pays, après le tourisme, durement touché par la crise, a signalé une baisse de 1,6% de ses revenus en janvier par rapport à décembre.
Mais la descente aux enfers de la livre égyptienne largement prédite ne s''est pas matérialisée en raison de la disponibilité affichée de la Banque centrale, qui est intervenue dès mardi, à soutenir la devise nationale.
Toutefois, les analystes sondés par Reuters prédisent que les troubles en Egypte pourraient réduire de moitié la croissance économique de 6,0% anticipée par les autorités égyptiennes cette année.
(Source : Reuters)
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