Publicité
Egypte : Clinton sur la place Tahrir du Caire, haut lieu de la révolution
Par
Partager cet article
Egypte : Clinton sur la place Tahrir du Caire, haut lieu de la révolution
Hillary Clinton, secrétaire d''''Etat américaine, s''est rendu mercredi sur la place Tahrir du Caire, haut lieu de la Révolution du Nil, qui a eu raison, en trois semaines, de 30 ans de régime du président Hosni Moubarak.
Le chef de la diplomatie américaine, premier haut dirigeant des Etats-Unis à se rendre en Egypte depuis la chute de leur principal allié régional, a salué du bras et échangé des poignées de main avec des révolutionnaires de la grande place de la capitale.
La représentante de la diplomatie américaine s''efforce de rétablir la position dominante des Etats-Unis dans ce pays clé de la région - ne serait-ce qu''en raison de l''accord de paix conclu il y a 32 ans avec Israël - après avoir soutenu durant 30 ans le régime autocratique de Moubarak.
Nombre d''Egyptiens nourrissent de l''amertume du fait de ce soutien inébranlable à l''ancien régime, mais la foule dont Clinton est venue mercredi à la rencontre, encadrée comme il se doit d''un service d''ordre sur les dents, s''est montrée plutôt amicale.
Une femme d''âge mûr coiffée du voile islamique et un "barbu" l''ont accueilli chaleureusement en lui souhaitant "Soyez la bienvenue place Tahrir", formule à laquelle elle a répondu par une classique "Salut! Comment allez-vous ? Ravie de vous voir!"
La secrétaire d''Etat américaine, qui avait fait part de sa confiance dans la stabilité du régime de Moubarak encore quelques semaines avant sa chute, a qualifié les manifestations de la place Tahrir d''"un des plus importants virages historiques" pour le pays.
"Les pyramides sont magnifiques mais leur magnificence n''est rien comparée à ce que vous avez réalisé ici", a-t-elle dit, en s''affirmant "transportée et très émue" de pouvoir se rendre sur la place, et se "rendre compte de ce que ces jours étonnants ont pu être ici au Caire".
« Une transition parsemée de dangers »
Dans un climat de récrimination, mais aussi de fête, des centaines de milliers de Cairotes ont campé durant trois semaines sur l''immense place Tahrir, avant l''immense happening final qui a accueilli la nouvelle de l''exil intérieur de Moubarak à Charm el Cheikh.
Lors de sa visite au Caire, Clinton a rencontré le maréchal Mohamed Hussein Al Tantaoui, ancien ministre de la Défense de Moubarak et chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui assume le pouvoir depuis la chute du raïs de 82 ans.
Elle a également rencontré le nouveau Premier ministre, Essam Charaf, qui dirige depuis quelques jours seulement un gouvernement transitoire purgé de tous les ministres nommés du temps de Moubarak. Le CSFA a promis de rendre le pouvoir aux civils dans les six mois après des élections libres en vertu d''une Constitution amendée par référendum.
Ces dernières semaines, la secrétaire d''Etat n''a pas manqué de souligner les obstacles qui se dressent en Egypte, après soixante ans de régime militaire, sur le chemin de démocratie, de l''Etat de droit, de l''émergence de partis politiques forts et de médias libres.
Durant ses trente années de pouvoir, Hosni Moubarak s''est en effet employé à entretenir un vide politique, brisant toute dissidence, tuant dans l''oeuf toute éclosion de nouveaux partis et s''assurant qu''aucun des partis légaux ne poserait un vrai danger pour son régime.
"Les transitions vers la démocratie sont parsemées de dangers", avait prévenu Hillary Clinton. "Les rêves démocratiques peuvent être ruinés par de nouveaux autocrates ou des idéologues qui recourent à la violence ou à la tromperie pour s''emparer du pouvoir ou mettre en oeuvre un programme non démocratique."
« Ne laisser personne détourner la révolution »
"Les élections ne fonctionnent que si leurs résultats sont respectés et si elles s''inscrivent dans le cadre d''institutions fortes, de l''état de droit, d''une société civile active et dans la protection des droits humains pour tous", a-t-elle souligné dans un discours prononcé vendredi.
La Coalition du 25-Janvier, qui regroupe six mouvements de jeunes révolutionnaires, avait fait savoir qu''elle boycotterait la visite de Clinton "parce que l''administration américaine a longtemps soutenu financièrement, politiquement et moralement le régime dictatorial et corrompu de Moubarak".
"Nous les Egyptiens, après avoir repris le contrôle de notre terre, n''accepterons que des relations mutuellement équitables fondées sur l''autonomie, l''amitié et le respect réciproques entre les nations américaine et égyptienne", ont-ils fait savoir.
Le calendrier de démocratisation serré que s''est fixé le CSFA paraît aux acteurs de la Révolution du Nil devoir favoriser les Frères musulmans, seul mouvement d''opposition en ordre de bataille.
Les Etats-Unis s''inquiètent aussi de l''influence accrue que pourrait acquérir ce mouvement, interdit mais toléré durant le régime de Moubarak, dans la foulée de la chute de celui-ci.
Selon Essam al Eriane, porte-parole de la confrérie, Hillary Clinton n''avait pas prévu de rencontrer ses représentants durant son séjour. Aurait-ce été le cas, a-t-il dit, les "Frères" auraient décliné une telle rencontre car, selon eux, l''objectif de Washington "est de faire obstacle, et non pas de favoriser, la révolution égyptienne".
"S''assurer que tout cela marche et que tous les sacrifices ne soient pas vains, qu''on ne laisse personne détourner cette révolution, qu''on ne permette à personne de la faire revenir en arrière, qu''aucun groupe particulier d''Egyptiens ne soit autorisé à la confisquer à son profit, tel sera le défi", a résumé Clinton.
"Nous aiderons à cela du mieux possible", a-t-elle ajouté en concluant son séjour devant la communauté américaine à l''ambassade des Etats-Unis au Caire.
(Source : Reuters)
Publicité
Les plus récents