Essam Charaf, chargé de former un nouveau gouvernement égyptien, s''''est rendu, le vendredi 4 mars,  sur la place Tahrir, haut lieu de la "révolution du Nil" où l''attendaient des milliers de manifestants qui l''ont accueilli avec chaleur.

Essam Charaf a été nommé jeudi par l''armée en remplacement d''Ahmed Chafik qui avait été désigné par le président déchu Hosni Moubarak.

Il a dit être venu sur la place centrale du Caire pour "saluer les martyrs" de la révolution et "tirer sa légitimité" auprès des artisans du soulèvement populaire. Il a promis de faire tout son possible pour satisfaire les demandes du peuple.

"Je salue les martyrs. Gloire et respect aux familles des victimes, et j''adresse un salut particulier à tous ceux qui ont participé à cette révolution blanche", a lancé Charaf.

"Je suis ici pour tirer de vous ma légitimité. C''est à vous de dire qui est légitime ou pas."
La foule l''a acclamé et des manifestants l''ont porté sur leurs épaules pour le faire descendre de la tribune où il s''exprimait. Le chef du gouvernement désigné était escorté par la police militaire.

"On m''a confié une mission difficile et il faudra de la patience et de la volonté. Cette mission que je veux remplir correspond à vos voeux", a-t-il lancé.

Si jamais je me rends compte que je ne peux pas la remplir, je viendrais place Tahrir pour me joindre à vous, a-t-il ajouté à l''adresse des manifestants.

Ahmed Chafik avait été nommé par Hosni Moubarak quelques jours avant le départ du "raïs" le 11 février, à l''issue de 18 jours de révolte populaire. Mais des manifestations se sont poursuivies pour réclamer sa démission.

"UNE MISSION DIFFICILE"
Essam Charaf, ancien professeur et ingénieur, a participé à des manifestations contre Hosni Moubarak sur la place Tahrir. Il a été membre du gouvernement entre 2004 et 2006 avant de revenir enseigner à l''université du Caire.

Le Conseil suprême des forces armées, qui avait maintenu à leurs postes tous les ministres régaliens nommés par Moubarak avant son départ, était sous forte pression de la rue pour procéder à un remaniement.

Selon une source proche de l''armée, les ministres des Affaires étrangères, de l''Intérieur et de la Justice devraient être rapidement remplacés.

On juge en revanche hautement improbable que le ministre de la Défense, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige également le Conseil suprême des forces armées, soit remplacé.

Une réforme constitutionnelle sera soumise à référendum le 19 mars, en prélude à des élections législatives en juin et présidentielle six semaines plus tard.

Par ailleurs, des troubles ont éclaté vendredi à Alexandrie, deuxième ville d''Egypte, où 200 manifestants ont envahi une partie du QG de la Sûreté d''Etat, branche de sinistre réputation de la police.

A la suite de heurts avec la police, les protestataires ont pris le contrôle des étages inférieurs, et les agents présents dans l''édifice se sont réfugiés dans les parties supérieures.

Les manifestants, qui réclament l''abolition de la Sûreté d''Etat, ont lancé des cocktails Molotov en direction des policiers, qui ont riposté à balles réelles, blessant grièvement un homme de 26 ans, ont rapporté des témoins.

Reuters