Pamela Hatty Neeladoo Muholee ne cache pas sa joie et sa fierté. Cette Mauricienne de 39 ans fait partie des 24 candidats du Parti communiste français (PCF) à s’être faits élire lors des élections municipales en France, le dimanche 30 mars. Elle a prêté serment le samedi 5 avril. Un moment «fort en émotion», confie-t-elle. «C’est ma première participation à des élections municipales. Et je suis très heureuse d’avoir été élue. C’est un grand honneur que de représenter sa ville», ajoute-t-elle.

Etablie en France depuis l’âge de 9 ans, la jeune femme dit avoir dû batailler dur pour arriver là où elle est aujourd’hui. «Quand je suis venue rejoindre mes parents en France, j’ai eu beaucoup de mal à m’adapter», confie l’élue. «Mon arrivée a été un choc. J’ai débarqué dans la neige, dans un pays dont je ne maîtrisais pas la langue, et dans un système scolaire complètement différent de celui auquel j’étais habitué.»

Pourtant, à force de sacrifices et de persévérance, la jeune Mauricienne parvient à trouver sa place dans ce pays qui n’est pas le sien. Ainsi, malgré une première année scolaire redoublée, ses résultats s’améliorent petit à petit, et elle passe le brevet des collèges et le bac. Après plusieurs formations et un BTS en comptabilité, elle se lance dans l’enseignement.

Aujourd’hui, elle est responsable de gestion pour une agence publicitaire. Sa réussite ne l’empêche pas d’être très impliquée dans la vie associative et dans celle de sa commune. Après avoir été présidente de l’Association des parents d’élèves de la ville pendant six ans, elle s’est retirée juste après son élection. «Entre ma vie professionnelle et familiale, mes responsabilités au sein de la mairie et mes études, ce n’est pas évident de mettre les pieds dans plusieurs bateaux. J’ai aussi été très engagée dans les associations et les comités de quartiers», explique-t-elle. Cela dit, elle est conseillère déléguée au centre culturel et au conseil d’école. 

Cet engagement la pousse naturellement vers la politique. «Cela fait quelques années que je me suis vraiment impliquée politiquement. Cela permet de faire bouger les choses», affirme cette mère de trois petits garçons, qui ajoute être «très heureuse» que ses concitoyens lui aient fait confiance.

La campagne électorale a été ardue, souligne-t-elle. «Beaucoup de candidats étaient hargneux, acharnés et très déterminés. Heureusement, je faisais partie d’un groupe uni, solidaire et humain.» Les résultats du deuxième tour lui ont apporté de la «joie» et un «grand soulagement», mais la nouvelle élue n’aura pas trop le temps de fêter la victoire.

«Maintenant, il nous faudra tout mettre en œuvre pour aider nos mandants. Je me concentrerais principalement sur l’éducation. J’ai la volonté de continuer sur la même ligne que celle prise par la mairesse.» Cette dernière vient d’être réélue à la tête de la mairie pour un deuxième mandat consécutif. Pamela Hatty Neeladoo-Muholee a également pour projet la création d’une association des îles. 

Au niveau national, la jeune élue est inquiète face à la montée du Front national et la vague de sympathie pour l’extrême droite : «Vous vous rendez compte, le PS n’a récolté que 6% des voix? Les résultats sont dus à l’inquiétude grandissante des Français face à la montée du taux du chômage et l’insécurité, et à l’incapacité du gouvernement actuel de résoudre ces problèmes.»

Mais, pour le moment, l’heure est à la réjouissance dans le camp Muholee. «Venue en France avec rien en poche, je me suis beaucoup battue, j’ai beaucoup travaillé pour arriver là où je suis, mais maintenant je suis complètement intégrée. Cela montre la capacité d’adaptation des Mauriciens. Nu Morisyen, nu bizin montre ki nou la», conclut la jeune élue.