Publicité

En Australie : Gaëtan Empeigne fut le héros malheureux d’un acte de cambriolage

15 juillet 2012, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

En Australie : Gaëtan Empeigne fut le héros malheureux d’un acte de cambriolage

Gaëtan Empeigne fait partie de ces nombreux Mauriciens qui ont émigré vers l’Australie dans les années soixante. Un des événements qui a marqué sa vie dans ce pays est son accrochage inattendu avec un dangereux cambrioleur.

Les deux cicatrices qu’il porte encore sur le corps témoignent de la violence de l’acte d’agression dont il a été victime. C’est l’hiver. Il fait froid à Sydney. Les rues sont désertes. Quelques rares téméraires bravent le temps inclément. Gaëtan Empeigne consulte sa montre. Il est environ 19 heures. Il emprunte la rue Evaline. Destination : le débit de boissons qui s’y trouve. Il n’y a pas grand monde. Il fait la queue. Il attend son tour. Arrive, un client. C’est un costaud. Il semble être trop pressé pour attendre son tour. « Recule », dit-il sèchement à Gaëtan Empeigne. « Faites comme tout le monde. Attendez votre tour ! »

L’homme sort alors un couteau et attaque Gaëtan Empeigne. Saignant abondamment, celui-ci tente une parade à l’aide de son coude. L’agresseur est blessé au nez. Il saigne. Déterminé, il administre un second coup de couteau à sa victime.

« La première blessure est de sept pouces et demi de profondeur. L’autre mesure cinq à six pouces et demi. En quelques secondes, le lieu était sens dessus dessous. Etant sous les effets d’un manque aigu de produits illicites, le type en voulait aux recettes du jour. Le caissier lance des caisses de bière en sa direction. Un autre employé tente de téléphoner à la police. En moins de deux, l’hélicoptère de la police est sur place. Le type réussit à s’enfuir sans emporter la caisse qui ne contenait que 600 dollars. Il y avait du sang partout. J’étais presqu’entièrement nu. J’ai utilisé mes vêtements pour arrêter l’hémorragie. Tout ce dont je me souviens, c’est d’avoir demandé qu’on me serve un grand verre de whisky avant de mourir. Je suis resté six jours dans le coma. »

L’agresseur de Gaëtan Empeigne était un dangereux récidiviste. Il était connu des services de police. Celle-ci n’a pas tardé à lui mettre la main dessus. Son forfait lui a valu une peine d’emprisonnement de 16 ans.

Cet incident a totalement désorienté Gaëtan Empeigne. « J’ai vécu un enfer. Je ne pouvais pas manger normalement. La nourriture ne pouvait rentrer correctement. Ce n’est qu’en 2002 que la situation s’est sensiblement améliorée. Je peux enfin manger correctement. »

Courageux, Gaëtan Empeigne n’a jamais voulu baisser les bras. Après son accident, il était employé dans le département d’une société ferroviaire chargé du système sécuritaire des rails.

Après 45 d’absence, il est revenu au pays natal. « Port-Louis a connu un développement considérable. Etant la capitale de l’île, les autorités ont intérêt à se débarrasser de tout facteur susceptible de provoquer l’indignation tant chez le citoyen mauricien que chez le touriste visiteur. Je pense à une scène qui m’est restée à l’esprit. J’ai vu un camion rempli de déchets de boucherie. Ils attiraient des mouches. Une telle scène pourra créer la perception qu’on attache peu d’importance à l’hygiène publique. »

Certaines choses, de son avis, n’ont pas changé. « J’ai revu certaines maisonnettes recouvertes des mêmes feuilles de tôles cannelées d’il y a 45 ans. Cela m’a choqué pour dire le moins. Ce qui me donne à penser que pour certains de nos compatriotes, la vie ne s’est guère améliorée depuis cette époque. Par contre, mon incursion dans certaines régions rurales a été un véritable bonheur. »

Le charme du sud a laissé sur lui une impression inoubliable. « La route qui longe les abords du réservoir Mare-aux-Vacoas par le nord vous fait pénétrer dans un véritable havre de paix. De plus, il mène vers des points d’observation qui révèlent le Sud dans toute sa splendeur. Celle-ci est caractérisée par une variation à vous couper le souffle. »

« Le village de Chamarel est un monde à part. Il est tout simplement fascinant. Ne parlons pas du Souffleur et de la Roche-Qui-Pleure. Difficile de convaincre celui qui ne les a pas vus de croire en leur existence. La cuisine mauricienne dans le sud est exceptionnelle. Bref, ce sont des expériences qui résisteront à l’oubli. »