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Enquête contre Minute après sa Une contre Christiane Taubira

13 novembre 2013, 20:10

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Enquête contre Minute après sa Une contre Christiane Taubira

Injure publique à caractère racial. C’est ce qui est reproché à l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, qui a publié une première page raciste visant la ministre de la Justice Christiane Taubira, une nouvelle fois stigmatisée.

 

Une enquête pour injure publique à caractère racial a été ouverte ce mercredi 13 novembre contre l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, qui a publié une première page raciste visant la ministre de la Justice Christiane Taubira, une nouvelle fois stigmatisée.

 

Le parquet de Paris a confié une enquête préliminaire à la Brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP). Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, avait évoqué mardi un possible blocage de la diffusion du titre. Mais le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a finalement décidé de saisir le parquet.

 

La garde des Sceaux a choisi pour sa part de ne pas porter plainte contre le magazine, jugeant que réagir d'une manière ou d'une autre n'aurait pour résultat que de donner plus de visibilité à la couverture de Minute, selon son entourage. Elle s'est d'ailleurs refusée à tout commentaire à sa sortie du conseil des ministres.

 

En revanche, après cette nouvelle attaque qui a suscité une vague d'indignation, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a annoncé, après SOS racisme, qu'il déposerait une plainte pour injure raciste et provocation à la haine raciale. «Jamais depuis de nombreuses années, nous n'avions assisté à un tel déchaînement de haine raciste!», écrit-il mercredi dans un communiqué.

 

Sous le titre «Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane», l'hebdomadaire publie une photo de la ministre en pleine page. Il fait ainsi référence aux récentes attaques contre la ministre, comparée à un singe sur la page Facebook d'une candidate du Front national, exclue depuis, et traitée de «guenon» par des enfants lors d'une manifestation contre le mariage homosexuel.

 

La campagne visant Christiane Taubira rappelle celle menée contre la ministre italienne de l'Intégration Cécile Kyenge, originaire de la République démocratique du Congo, qui a été la cible d'insultes à caractère raciste et de menaces depuis qu'elle a été nommée au gouvernement en avril.

 

En juillet, elle prononçait ainsi un discours à Cervia, dans le centre de l'Italie, lorsqu'un spectateur avait lancé des bananes en direction de la tribune, la manquant de peu. Plusieurs élus de la Ligue du Nord, un mouvement populiste italien, l'ont traitée de singe.

 

Christiane Taubira avait dénoncé, dans une tribune publiée par Libération mercredi dernier, les insultes la visant. Elle avait été soutenue par François Hollande, Jean-Marc Ayrault, qui a encore appelé mardi à un sursaut républicain, et l'ensemble de la majorité et du centre.

 

«Les attaques racistes sont insupportables et scandaleuses. Je les condamne avec la dernière énergie et je suis plus que jamais aux côtés de Christiane Taubira», a déclaré le Premier ministre. Les réactions indignées contre des propos «honteux» et «nauséabonds» se sont multipliées depuis mardi, en particulier sur Twitter, où le Premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, réclamait la saisie du numéro de Minute.

 

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a également critiqué l'hebdomadaire qui avait fait campagne contre elle lors de la succession de Jean-Marie Le Pen à la tête du FN et avait fait sa couverture sur un supposé lobby gay dans le parti.

 

«Je suis heureuse de me faire cracher dessus chaque semaine par Minute quand je vois ce que c'est devenu» le titre a-t-elle écrit sur son compte Twitter.