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Eric Bahloo : Quand les souffrances d’un passé tumultueux donnent vie à un brillant parcours

24 avril 2011, 00:00

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Eric Bahloo : Quand les souffrances d’un passé tumultueux donnent vie à un brillant parcours

Il a eu une enfance difficile mais ce n’est pas ce qui a empêché Eric Bahloo de réussir dans la vie. Aujourd’hui, responsable juridique et comptable au sein d’une société anglaise basée en France, le Mauricien nous ouvre une fenêtre sur son passé, qui l’a certes, blessé mais qui l’a conduit vers un avenir très prometteur…

Voilà 32 ans depuis qu’Eric Bahloo a quitté Maurice pour vivre en France. Il avait alors 15 ans et fut contraint de rejoindre sa mère, Ivy Saminadas, en compagnie de son frère. «Je n’avais jamais eu envie de quitter mon pays, j’avais une vie là-bas. Mais mon père était dépassé par les événements et il n’en pouvait plus », soutient notre compatriote.

Et son père n’est autre qu’Ignace Bahloo, personnage connu de la scène politique en 1971. Il était alors, agent du Parti Mauricien Social Démocrate (PMSD) et fut impliqué dans le meurtre d’Azor Adélaïde, activiste du Mouvement Militant Mauricien (MMM).

En effet, à cette époque d’intense violence politique, le MMM gagnait en popularité dans les milieux urbains. Le 25 novembre 1971, alors que ce parti préparait un meeting à Curepipe, des agents du PMSD munis d’armes à feu s’en sont pris aux militants. C’est alors qu’Azor Adelaïde meurt, touché par une balle.

«Mon père a été arrêté comme complice de ce meurtre. Il a passé quatre années en détention. D’ailleurs, j’ai fait des allers-retours entre la maison et la prison. Je me souviens du jour où j’avais eu mes résultats de fin de cycle primaire, je m’étais rendu à la prison pour montrer fièrement mes résultats à mon père », indique-t-il.

C’est en 1975, qu’Ignace Bahloo sort de prison. Cependant, après quatre autres années, il dit à ses trois fils et à sa fille qu’il n’en pouvait plus. «Il avait des problèmes de santé et sa réputation avait pris un sale coup. Ils nous a envoyés en France, mon frère et moi. Je ne l’ai plus jamais revu puisqu’il est mort en 1983 », poursuit Eric Bahloo.

Dès son arrivée en France, Eric doit, en plus de s’adapter au pays, renouer avec sa mère qu’il n’avait pas vue depuis plus de sept ans. Mais la vie lui réserve bien d’autres ouvertures. « Il m’a fallu changer complètement de filière. J’étudiais les sciences au collège mais le programme scolaire est différent en France. Un ami de ma mère donnait des cours en comptabilité. Je m’y suis inscrit et j’ai obtenu mon BAC », raconte notre compatriote.

Ensuite, Eric Bahloo suivra un cours de préparation avant d’entamer une formation tertiaire à l’Institut d’Etudes Judiciaires. «Ma mère a financé mes études de comptabilité mais j’ai travaillé deux années pour me payer mes études tertiaires. Et puis, je suis revenu à Maurice, à 24 ans », affirme-t-il.

Le responsable juridique ne se doutait pas qu’en revenant à Maurice en 1988, il rencontrerait celle qui deviendrait, quelques mois plus tard, son épouse. En rendant visite à des parents, Eric Bahloo tombe amoureux de Désiréla, une résidente de Poudre d’Or, âgée de 17 ans.

«Je n’ai pas tardé à demander sa main à ses parents. Cela c’est passé une semaine après notre rencontre et neuf mois après, je l’épouse. Et voilà 22 ans que notre histoire d’amour dure », dit-il, comblé. Le Mauricien repart pour la France et deux années après leur union, ils accueillent leur premier enfant, Jonathan.

Pourtant, Eric Bahloo ne cache pas son histoire personnelle. «Quand on a eu un passé tumultueux, on s’interroge beaucoup sur l’avenir. Mais il faut surmonter son passé. On a tous une histoire. Je ne veux pas avoir la pitié des autres. J’ai eu une enfance difficile mais je me suis relevé », affirme-t-il.

Il se souvient encore de la fois, où un enseignant lui a dit : «Toi eski to pu capav amene 4 A. Ek to papa dan prison là? ». Sur le coup, le garçonnet qu’il était n’avait qu’une seule envie, celle de prouver qu’il était tout aussi capable de réussir sa vie, malgré les obstacles. D’ailleurs, aujourd’hui il peut affirmer que c’est son vécu qui a fait de lui ce qu’il est.

« Je suis très heureux maintenant. J’ai une famille de rêve. Mais je ne changerai rien à mon passé. On m’a tellement craché dessus quand j’étais petit, mais j’en suis sorti plus fort. Un homme doit assumer sa famille. On ne la choisit pas, on l’hérite », lâche-t-il.

A ce jour, Eric Bahloo, bien qu’éloigné géographiquement de sa patrie, il continue à suivre l’actualité de Maurice de très près. Et il se voit bien, d’ici quelques années, revenir dans ce pays où il a connu ses plus grandes souffrances, pour y exercer son métier d’homme de loi.