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Eric Guimbeau député de Curepipe/Midlands (n°17) et leader du Mouvement Mauricien Social Démocrate (MMSD)

25 novembre 2012, 08:31

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A Curepipe, ce sera l’arbitre. Eric Guimbeau (G17 pour les intimes, indique la plaque de son Range Rover) envoie 15 candidats à la bataille des municipales. Pour se faire les dents ? Pas vraiment. Objectif carton plein, « pour montrer ce que le MMSD sait faire ».

Vous voteriez, vous, pour un parti dont le leader écoute du heavy metal allemand ? Du heavy metal allemand ! ?

 Euh… je ne sais pas… ça dépend.

C’est bien le groupe Scorpions qui assure l’accueil sur votre répondeur téléphonique ?

Ah, « Wind of Change » , oui, c’est bien Scorpions, mais elle est cool celle- là. Le vent du changement, c’est dans l’air du temps, vous verrez le 9 décembre…

Le scorpion pique celui qui l’aide à sortir du feu : ce proverbe indien vous va à ravir…

C’est mon signe astrologique, mais je ne pique pas.

Vous piquerez des voix au MMM, aux municipales. Ce même MMM qui vous a fait député…

Pourquoi au MMM seulement ? J’espère bien prendre des voix au PMSD et au Parti travailliste aussi.

Mais l’élection, pour nous, se joue ailleurs, dans le pool des indécis et des abstentionnistes. L’abstention, c’est 60 % ( 62,8 % à Curepipe en 2007, NdlR) . C’est eux que je cible en priorité.

Votre électorat étant proche de celui du MMM, le PTr apprécie le coup de main…

Mon alliance est avec les Curepipiens, c’est à eux que j’ai envie de donner un coup de main.

Je veux me dissocier des partis traditionnels, là ou se trouvent les vrais scorpions. Moi, je n’ai piqué personne, au contraire, j’étais très bien dans l’alliance du Coeur.

A partir du remake 2000 , Paul Bérenger et Anerood Jugnauth ont jugé que le MMSD était de trop. Eric avait sa place, mais pas son parti.

Si vous étiez si bien, pourquoi ne pas avoir dissous votre parti ?

C’est ce que Paul Bérenger m’a demandé de faire : « Tu oublies ton parti et tu réintègres le MMM » . Et puis quoi encore ? Je n’allais pas tout envoyer valser juste pour avoir mon ticket. Le MMM s’est servi d’Eric Guimbeau en 2010, je suis lucide làdessus.

Tout le monde sait que dans la• ° 17, Eric attire les foules. J’étais un pion au service de Steve Obeegadoo et Satish Boolell.

Eric parle toujours de lui à la troisième personne, comme ces Excellences Jules César, Jean- Claude Van Damme et Alain Delon ?

OK, je vais essayer de dire « je » …

Que représentent ces municipales, pour vous ?

( Déterminé) Ce sera la première élection du MMSD, ce bon test.

Un test local, certes, mais un test quand même. Si l’on réussit, c’est un tremplin, on devient incontournable pour 2015. Ces municipales sont une étape ( sourire en coin).

C’est quoi le plan ?

( L’index sur la tempe) Tout est là.

En parler, c’est autre chose. Je procède par étapes, pa gayn traka .

 Vous considérerez le test réussi à partir de combien d’élus ?

Quinze ( soit la totalité des candidats, NdlR).

Non, sérieusement…

( Agacé) C’est le problème, personne ne me croit. Vous, les journalistes, vous ne nous prenez pas au sérieux. Quand j’ai dit que nous aurions des candidats, les éditorialistes bien au frais, dans leurs bureaux climatisés du 10 e étage, ne m’ont pas cru.

Mieux vaut avoir l’air climatisé qu’avoir l’air pas crédible…

 ( Il fait mine de ne pas entendre) Aujourd’hui, alors que nous avons nos 15 candidats, rien, pas un mot dans les journaux. Il faut faire quoi pour être pris au sérieux ? Pour la presse, il y a le bloc MMM- MSM et le bloc travailliste- PMSD, point barre. Je veux vous donner tort, c’est pour ça que ce scrutin est capital à mes yeux. La seule façon d’exister pour le MMSD est de faire nos preuves aux élections municipales.

De là à faire un carton plein…

C’est l’objectif : gagner la municipalité pour montrer ce que l’on est capable de faire dans la gestion d’une ville. Chaque candidat battu sera un échec personnel, cela voudra dire que j’aurais failli quelque part.

Et si vos candidats prenaient tous le bouillon…

Ce serait une leçon, je serai déçu, chagriné, mais ce ne serait pas la fin du MMSD.

Parlons de vos candidats. Qui sont vos têtes d’affiche ?

Ils sont tous bons.

Les têtes de gondoles…

Il y a Stephan Buckland ( ward 1) l’ancien directeur de la station météo Soobiraj Sokappadu ( ward 5) Mario Bienvenu ( ward 4), exchampion du monde de boxe française l’ancien maire de Curepipe Gérard Colin ( ward 2) et Samy Chellen ( ward 3), un travailleur social très populaire. Ce sont des gens que je connais, qui ont adhéré à notre vision, qui ont envie d’aider leur ville.

De bonnes intentions n’ont jamais fait une élection…

Toute la stratégie consiste à faire comprendre aux Curepipiens que le MMSD, c’est Eric. Tout le monde me connaît à Curepipe, mais ils ne connaissent pas forcément mon parti.

Il y a tout un travail de communication à faire pour que mes candidats bénéficient de ma popularité.

A Curepipe, les gens ont toujours connu Eric, mais ils ne font pas forcément le lien avec le MMSD. Et ça, c’est un travail de fourmi.

D’où votre petite mine ?

Je sais, je n’arrête pas depuis trois mois, je suis épuisé. Cette campagne pèse sur le corps, sur la conscience aussi, je ne suis plus là pour mes enfants ( ému) . Un fi ls de 11 ans qui vous dit : « Papa, tu vas le regretter » , c’est dur à vivre ( silence pesant) … C’est plus fort que moi, je n’arrive pas à me dire anvoy sa fer fout , je n’arrive pas à déserter la confi ance que les gens ont placé en moi, je suis trop engagé.

Curepipe est au MMSD ce que Plaine Verte est au FSM. Cela fait- il de vous le Cehl Meeah des hauts ?

( Rires) Cehl, on déjeune souvent ensemble au Parlement…

Vous êtes potes ? Qui paie la tournée généralement ?

Bien sûr que nous sommes amis, je respecte tout le monde. Les gens ne comprennent pas ma politique, vous autres ! Ma politique, c’est l’ouverture, pas d’arrogance, pas de violence, pas d’antagonisme, c’est ça Eric.

Pourquoi un Curepipien voterait- il MMSD ?

Parce qu’on a un projet tailor- made pour lui. Parce qu’on a misé sur la proximité. Je savais que Ramgoolam prendrait tout le monde par surprise, il est comme ça, alors on a anticipé. Notre campagne, on l’a commencée il y a 3 mois. On est là, sur le terrain, on anime des réunions tous les soirs.

Ce programme ( il ne le lâche pas des mains) , nous l’avons établi après 55 réunions avec les habitants. Il a été fait par les Curepipiens, pour les Curepipiens. L’idée, c’est de leur rendre la municipalité, qu’ils deviennent acteurs de leur ville, qu’ils s’impliquent dans les décisions. Curepipe appartient aux Curepipiens, pas à une clique de politiciens. Les gens sont dégoûtés. Ils en ont assez des alliances et des mésalliances qui se font et se défont sur le dos.

Admettons que vous ayez raison, qu’est- ce qui vous fait dire que ce dégoût se traduira en votes à votre profit ?

 C’est ce que je ressens sur le terrain, mais je n’ai pas de garantie.

Même si ça se passe mal, au moins, nous aurons eu le mérite de défendre un programme et des convictions. Nous avons tout à gagner dans cette élection.

Trois projets concrets pour la ville…

 Un, faire venir des touristes. Pour ça, on a pensé créer une foire artisanale.

Les touristes viendraient découvrir des produits locaux plutôt que d’aller acheter du Ralph Lauren.

Deux, faire de la municipalité une plate- forme de services, avec une hotline, un complaint desk et un pôle emploi qui met en relation les chômeurs avec les entreprises locales.

Et trois, faire revivre la ville, reboiser, le late night shopping , relancer les tournois sportifs, ce n’est pas les idées qui manquent…

Le MMM aurait des problèmes d’argent, et vous ?

Ça va, on se défend.

Le business des Guimbeau ne connaît pas la crise ?

 Je ne mélange pas les affaires et la politique. La politique, c’est Eric, je n’engage pas la famille.

Qui aligne les chèques ?

 Le Dr Jagatsingh m’aide bien ( Radhika Jagatsingh est la secrétaire générale du parti, NdlR) . Nous contribuons tous les deux, mais il n’y a pas d’excès. Nos réunions ont lieu chez l’habitant, on ne loue rien, la sono est là ( il montre sa gorge) . Les plus gros frais, ces sont les affiches et l’impression des programmes, à 30 000 exemplaires.

Vu la profession de Mme Jagatsingh ( pédiatre), vos Bangaleea à vous portent des couchesculottes. Ce n’est pas un peu jeune ?

 ( Faussement offusqué) Oh, quand même ! Faut bien le payer ce programme. Je n’ai pas de bailleurs de fonds et ce n’est pas plus mal.

Les donations, je m’en méfi e, cela implique toujours un retour d’ascenseur.

Au final, combien vous coûtera cette campagne ?

 Aucune idée.

Vous avez une idée du parti qui a pour devise : « Vérité, Intégrité, Transparence » ?

 Ouais, c’est nous.

Vous qui portez la transparence en étendard, c’est si diffi cile d’annoncer un montant ?

 Sincèrement, je ne sais pas. Peutêtre Rs 200 000 ou Rs 300 000, mais je peux me tromper.

Pas de quoi hypothéquer le Domaine des Aubineaux…

Non, ça ira.

Michael Sik Yuen a annoncé la couleur : là où l’alliance gouvernementale perdra, les municipalités seront à la diète. Cela vous inquiète ?

 Venir menacer les Curepipiens chez eux, quel toupet ! Cette phrase, il va la regretter. Marchez avec le gouvernement, sinon il n’y aura pas de développement, c’est l’argument mais il n’y a jamais eu de développement ici ! Le train du développement, à Curepipe, n’a jamais quitté la gare, et ça fait 7 ans que ça dure. La politique à la Sik Yuen, c’est exactement ce que les Curepipiens veulent changer. Je suis effaré, mais pas inquiet. On a pensé créer une fondation fi nancée par le CSR. Par exemple, pour sponsoriser les sports et les loisirs. De toute façon, les taxes municipales ne suf- fi ront pas, il faudra taper à la porte du privé.

C’est cette fondation qui paiera le concert de Scorpions ?

 Scorpions à Curepipe… j’aimerais bien mais ne m’engagerai pas là- dessus.

Par contre, je m’engage à donner leur chance aux groupes curepipiens. On a les meilleurs artistes de l’île et il n’y a jamais le moindre concert d’organisé. Les festivals, les tournois de foot, tout ça est terminé, c’est triste.

Je voyage, je vois comment les villes vivent… et je vois comment Curepipe meurt. Le soir de Divali, c’était ville- morte. La ville- lumière éteinte, c’était à pleurer, c’est tout ça que je veux changer.