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Eric Rey : «Le marché de la sécurité représente un potentiel de Rs 4 milliards»

16 juin 2010, 11:15

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Le CEO de Brinks estime qu’il n’y a pas d’aggravation notable de la situation du Law & Order à Maurice. Il soutient que les missions des compagnies de sécurité et celles de la police sont très différentes et que ces deux entités devraient être complémentaires.

? Le concept « law and order » a été un thème central des dernières élections. Quels sont les problèmes de sécurité qui se posent à Maurice ?

Comme vous le constatez, quel que soit le pays, le thème «law and order» est toujours abordé lors d’élections importantes, car il préoccupe autant les citoyens que le tissu économique et les investisseurs étrangers. A Maurice, depuis 4 ans que Brinks est présent, je n’ai pas constaté d’aggravation notable de la situation d’un point de vue statistique. Par contre, il est vrai qu’il existe une inquiétude grandissante au sein de la population, sans doute engendrée par des tentatives d’agressions ou de cambriolages de plus en plus audacieuses, accompagnées de modes opératoires parfois plus violents. Cela reste néanmoins un mode de délinquance qui demeure maîtrisable, et très loin des risques lourds que nous connaissons en Europe ou ailleurs. Mais en matière de sécurité, tout va très vite, et ces signes d’évolution sont à prendre très au sérieux, car sans vigilance, et avec quelques leviers négatifs, comme la crise sociale ou les problématiques de drogue, ils pourraient être annonciateurs d’une dérive irréversible.

? Que représente le marché de la sécurité à Maurice en termes économiques ?

C’est un marché important, à forte valeur ajoutée humaine et technologique, et en évolution pour encore plusieurs années. J’estime que la part identifiée aujourd’hui représente environ Rs 2 milliards et que le potentiel total, dans un business modèle type européen n’est pas loin du double.

? Qui sont vos clients ?

En tant que spécialistes de la sécurité, nous proposons tous les services qui correspondent aux besoins des différents agents économiques du pays. Notre clientèle se compose donc aussi bien de particuliers que de différents secteurs d’activité. Par exemple, pour notre activité cash management, nous travaillons avec plus de 90 % des banques implantées sur le territoire mauricien. Pour le guarding et les installations CCTV, nos équipes sont présentes dans près de 70 hôtels, dont les plus prestigieux – Le Touessrok, Prince Maurice, Le Saint Géran, Le Royal Palm, Le Four Seasons –, dans les IRS, chez les grands industriels – PBL, UBP, Princes Tuna, Total, entre autres –, ou encore dans la grande distribution – Super U, Shoprite, Espace Maison, etc., et bien sûr les organismes gouvernementaux et parapublics tels que la Bank of Mauritius, Air Mauritius, Mauritius Telecom, la MPA , la CEB, et encore bien d’autres sites sensibles…C’est principalement avec l’installation de systèmes d’alarme et le service de monitoring-intervention que nous sommes présents chez les particuliers, avec plus de 35 installations de systèmes d’alarme anti-intrusion par mois. Nous avons également une demande croissante de leur part pour des installations de caméras vidéo. Nous leur proposons alors des solutions fiables, impliquant la dernière technologie et offrant la possibilité de visionner en direct ce qui se passe chez eux depuis leur téléphone portable ou leur ordinateur.

? N’êtes-vous parfois pas en train de remplacer les forces de l’ordre ?

Non. Aujourd’hui, nos missions ont été identifiées, sont très différentes, et nous devons être complémentaires. Mais très objectivement, je crois que la tendance internationale, et il y a de nombreux exemples, est de confier de plus en plus à des entreprises de sécurité privée, professionnelles et responsables, un certain nombre de missions qui étaient encore il y a peu réalisées par les services de police. La police a des pouvoirs et des compétences spécifiques, et il est parfois dommage de devoir, à cause d’arbitrages sur les ressources disponibles, se passer de ces talents. Je pense que nous viendrons, à Maurice comme ailleurs, plus ou moins vite, vers ce type de partenariats contrôlés entre les pouvoirs publics et les entreprises de sécurité privée comme Brinks, qui en ont la dimension.

? Vous commencez à développer une surveillance de sites radioactifs. Quelles compétences cela requiert-il ?

Notre première compétence est d’être considéré comme crédible et responsable du point de vue des observateurs internationaux et des autorités mauriciennes. Ensuite, comme vous pouvez vous en douter, il y a un cahier des charges technologiques très précis et des contraintes de réalisation drastiques auxquels nous avons pu répondre avec succès grâce à la qualité de nos équipes, notre expertise internationale et l’expérience de ces challenges hautement sensibles que nous avons déjà accumulées.

? Quelle est votre position sur le débat sur l’installation de caméras dans les lieux publics ?

Pour moi, il n’y a pas de débat sur la logique d’installation ni sur les résultats obtenus, qui sont très probants, partout où ces dispositifs existent. Par contre, je pense qu’il est nécessaire d’avoir une charte d’éthique et un processus d’utilisation des images transparent, afin d’éviter de porter le débat sur le thème des libertés individuelles.

? Vous prônez la mise en place de partenariats public-privé. Quelles formes concrètes pourraient-ils prendre ? Dans quels domaines d’intervention ?

Oui, je suis favorable au fait de sortir de la frilosité actuelle pour allier nos forces et mettre en œuvre nos compétences, dans l’intérêt du pays et des citoyens, dans le cadre de projets transparents et délimités. Il y a de nombreux domaines et de pistes de partenariat à explorer. Pour commencer, il faut organiser un observatoire de la délinquance où nous pourrions partager nos données et nos expériences.

Puis de manière plus opérationnelle mettre en commun nos ressources sur le terrain pour contrecarrer les tentatives de cambriolages ou d’agression dont nous sommes informés par nos services de monitoring. A un autre niveau, c’est également la participation des entreprises de sécurité dans des missions de Homeland Security qu’il faut envisager. Ce ne sont-là que quelques exemples, et il y a beaucoup d’autres pistes à explorer, mais sans doute qu’avant toute idée de partenariat ne se concrétise, il faudra que les autorités régulent le secteur de la sécurité privée à Maurice, et qu’ils apportent la rigueur nécessaire pour crédibiliser ce métier.

Propos recueillis par PIERRICK PÉDEL

PIERRICK PDEL