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Espagne : Manifestations contre les grands partis
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Espagne : Manifestations contre les grands partis
Plusieurs dizaines de milliers d''''Espagnols se sont à nouveau rassemblés, le soir du samedi 21 mai, dans le centre de Madrid pour protester contre le chômage et les mesures d''austérité, bravant ainsi l''interdiction de manifester avant des élections locales qui s''annoncent défavorables aux socialistes au pouvoir.
Des manifestants étaient aussi rassemblés à Barcelone, à Valence, à Séville, à Bilbao et ailleurs, comme c''est le cas depuis une semaine.
Ces "indignés" ("indignados") appellent au boycott des deux grands partis du pays, le PSOE au pouvoir et le PP (opposition de droite), aux élections municipales et régionales prévues dimanche dans 8.116 communes et 13 des 17 régions du pays.
Des Espagnols de tous âges, y compris des familles avec de jeunes enfants ou encore des retraités, se sont joints à Madrid aux jeunes à l''origine de ce mouvement.
Ils étaient environ 30.000 samedi soir sur la Puerta del Sol, grande place de la capitale espagnole, et dans les rues adjacentes.
"Je manifeste car je n''ai aucun avenir professionnel en Espagne malgré mon diplôme en tourisme", a dit Inma Moreno, 25 ans. "Cela devrait faire prendre conscience aux dirigeants politiques que quelque chose ne va pas."
Craignant de violents affrontements, le gouvernement socialiste n''a pas fait appliquer par la force l''interdiction de manifester, qui est entrée en vigueur à minuit dans la nuit de vendredi à samedi et rend illégaux les rassemblements politiques une veille d''élections.
Les socialistes, dont la gestion de la crise économique est vivement contestée, devraient essuyer de sérieux revers aux scrutins de dimanche.
Opinion de moins en moins patiente
Le président du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, qui n''est pas parvenu à endiguer le taux de chômage le plus élevé de l''Union européenne (21,3%), a dit respecter les manifestants pacifiques en expliquant leur action par la crise économique.
Jusqu''ici, la population s''était montrée patiente face aux mesures d''austérité et à un taux de chômage qui atteint 45% pour la tranche des 18-25 ans. Mais les manifestants ont cristallisé la frustration accumulée sous l''effet de ce malaise économique.
"Nous savions qu''il finirait par arriver quelque chose de ce genre. La politique de l''Espagne n''a pas été très convaincante et, avec tous les effets de la crise, il devait se passer quelque chose", note Fermin Bouza, de l''Université Complutense de Madrid.
L''Espagne est sortie de la récession au début de l''an dernier, mais l''économie peine à redémarrer et le taux de chômage s''est emballé.
Les frais d''emprunt du gouvernement augmentent car les investisseurs redoutent qu''une croissance faible et lente n''empêche l''Espagne de réduire son déficit, prélude possible à une crise financière et à un plan de sauvetage comme en Grèce, en Irlande et au Portugal.
Les manifestations trouvent un écho chez des Espagnols de tous âges, notamment ceux qui gardent le souvenir des mouvements sociaux qui secouèrent l''Europe voilà plus de quarante ans.
"J''ai vu les manifestations de mai 68, et le mouvement actuel est un mouvement similaire, lorsque la jeunesse était descendue dans les rues", a commenté Javier Gutierrez, ingénieur accompagné de sa femme.
Maria se repose sur sa canne, assise sur un canapé sur la Puerta del Sol. Son voisin, un jeune homme à dreadlocks, s''est endormi au soleil. "Je suis content qu''ils manifestent enfin, il était temps", dit-elle.
Jusqu''à présent, il n''y a eu aucune violence dans les rassemblements mais certains s''inquiètent que la vente d''alcool ne nuise à cette ambiance pacifique.
"Ceci est une révolution, pas une beuverie", peut-on lire sur une pancarte, les jeunes espagnols étant friands des "botellon", qui consistent à boire les soirs d''été dans les parcs.
Les organisateurs tentent aussi de maintenir la place dans un état convenable avec les balais apportés par les manifestants.
Si les manifestations font la une de nombreux médias, les analystes estiment qu''elles ne devraient pas grandement modifier l''issue des élections de dimanche, sinon en accentuant la déroute des socialistes et incitant certains électeurs à voter pour de petites formations de gauche.
"Cela aura un effet très marginal à moins qu''une éruption de violence n''ait lieu durant le week-end, ce dont je doute", confie Fernando Fernandez, analyste à l''IE Business School.
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