Il y a une dizaine d’années, l’ancienne institutrice fait le choix de s’installer à Rodrigues avec son époux. Les magnets qu’elle confectionne sont devenus son produit phare.

Ancienne employée de l’éducation nationale française, Ève Leclézio, d’origine mauricienne, a un jour tout quitté pour vivre de sa passion pour la création artistique à l’île Rodrigues, où elle s’est établie. La petite entreprise qu’elle a créée, Decoreve, s’est fait graduellement une réputation à travers la fabrication d’une panoplie de produits artisanaux dont les motifs s’inspirent de l’authenticité des scènes de vie quotidienne de Rodrigues.

Les magnets représentent des scènes typiques et les clients ont l'embarras du choix...

C’est en 1990 qu’Ève Leclézio découvre Rodrigues pour la première fois. Elle est séduite d’emblée : «Dès le départ, je suis tombée sous le charme de l’île. C’était comme un coup de foudre. Les gens sont gentils. Les plages, restées à l’état sauvage, sont peu fréquentées.»

Pourtant, il lui faudra attendre 15 ans avant d’y revenir. Et cette fois, elle est convaincue d’une chose : c’est dans cette île qu’elle veut passer le reste de ses jours. La décision qu’elle prend alors de venir vivre à Rodrigues est en fait l’aboutissement d’une réflexion aussi bien sur le plan humain que professionnel.

Après une carrière d’une quinzaine d’années en tant qu’institutrice dans le système français à l’île de La Réunion et en France, aux côtés de son époux, Louis, Ève Leclézio sent le besoin de donner une nouvelle orientation à son existence. L’île Rodrigues viendra répondre à ses attentes. Elle s’installe donc avec son conjoint à l’Allée Tamarin, sur la crête de la vallée qui sépare la Baie-aux-Huîtres de Baie Malgache.

Des souvenirs légers, faits main pour tous les goûts et toutes les bourses...

La demeure des Leclézio domine toute cette partie de l’île avec une vue à couper le souffle sur la côte nord, nord-ouest. Inspirée par ce décor idyllique, Ève Leclézio crée une entreprise qui répond à un autre besoin chez elle : celui de laisser libre cours à ses talents artistiques.

Decoreve était née. Il s’agit d’une petite entreprise familiale s’articulant autour de la créativité de l’artiste, d’une part et des talents de vendeur de son époux, Louis, de l’autre. C’est ainsi que s’écoulent, tous les samedis, au marché de Port-Mathurin, leurs produits artisanaux, avec l’aide de Cola Milazar, un collaborateur communément appelé le «garde du corps» de Louis.

Récupération

Les créations commercialisées par Decoreve comprennent des signets, des mini-tableaux, des bijoux ainsi que des magnets, fabriqués avec des matériaux récupérés dans la nature. L’artiste y apporte ensuite sa touche personnelle en y reproduisant différentes illustrations de l’authenticité du quotidien rodriguais.

Les magnets d’Ève Leclézio connaissent un franc succès aussi bien à Rodrigues qu’à Maurice, notamment grâce à leur finition particulièrement soignée. Si bien qu’ils sont devenus le produit phare de Decoreve. «Au tout début, je fabriquais une vingtaine de magnets. Aujourd’hui, la production en semaine, en période de pointe, peut atteindre les 300», fait ressortir la femme entrepreneur.

Les collaborateurs, Cola Milazar et Julien Azie, préparent les produits...

À Maurice, la promotion dans les hôtels s’est faite avec l’aide de la Small and Medium Enterprises Development Authority (SMEDA) et par le biais de touristes transformés en véritables agents de marketing. Toujours dans le cadre de la promotion de ses produits, Ève Leclézio a l’intention de mettre en valeur ses dispositions pour la poésie prochainement à Port-Mathurin. Un texte de sa composition servira en effet à décrire avec lyrisme les activités de Decoreve. Il sera lu par Julien Azie dans la pure tradition des déclamations de textes poétiques inspirées du slam.

Grâce au cachet de ses produits et à leur aspect pratique, Ève Leclézio a su s’attirer les faveurs de Rodriguais, Mauriciens et touristes. De fait, facilement transportables, ils représentent pour ceux-ci des souvenirs uniques à emporter. Et l’artiste de conclure : «Certains nous écrivent pour signifier leur intention d’acheter tout ce qui manque à leur collection».