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Fayzal Ally Beegun : « Nous devrions être reconnaissants envers les travailleurs étrangers »

10 juillet 2011, 11:09

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Le président de la Textile and Manufacturing & Allied Workers Union parle de la contribution des ouvriers étrangers au développement du secteur manufacturier mauricien.

Quelle a été la contribution des travailleurs chinois dans l’industrie du textile ?

Elle a été énorme. Au tout début, nous, les travailleurs mauriciens, craignions que la venue des Chinois dans notre industrie ne mette en péril nos propres emplois. La principale cause de cette inquiétude était leur rapidité, leur effi cience et leur effi cacité sur la chaîne de production.

En tant qu’ex- travailleur de la zone franche, je peux en témoigner.

Lorsqu’un travailleur mauricien termine la confection d’une pièce, un Chinois peut en avoir déjà réalisé une vingtaine. Cela s’explique par la formation rigoureuse qu’ils ont reçue avant de venir à Maurice. Les Chinois ont permis à l’île Maurice d’assurer la pérennité de l’industrie du textile à un moment où notre mode d’opérer ne nous permettait pas d’être compétitifs sur le marché étranger. Finalement, notre crainte n’était pas justifi ée. Nous devrions leur être reconnaissants.

Qu’est- ce qui vous a incité à vous engager aux côtés des travailleurs étrangers ?

Ce sont particulièrement les conditions de travail qui leur étaient imposées à Maurice. Elles n’étaient jamais les mêmes que celles évoquées lors de la signature du contrat. Le salaire minimum était endeçà de la somme convenue. Ce qui a donné lieu à des révoltes et des manifestations. Les conditions de logement dans les dortoirs frisaient l’inacceptable. En tant que syndicaliste, il était de mon devoir de prendre la défense de travailleurs dont les droits étaient lésés, qu’ils soient syndiqués ou non.

Au sujet de la contribution des travailleurs étrangers au Plan national de pension, vous avez parlé de « vol » . N’êtesvous pas allé un peu loin dans votre tirade contre l’Etat ?

Ce n’est pas par manque de patriotisme envers mon pays que je me suis insurgé contre la situation actuelle. Après deux ans, un travailleur étranger est obligé de contribuer au Plan national de pension. Mais pour bénéfi cier de son allocation de retraite, il lui faudra faire une demande lorsqu’il aura soixante ans en soumettant notamment son acte de naissance et une adresse. Comment voulez- vous qu’un Chinois qui vient d’une région retirée puisse entreprendre ces démarches pour toucher son dû. Le plus simple aurait été d’amender la loi et de remettre au travailleur le montant de sa contribution le jour de son départ. Mes sollicitations dans ce sens n’ont rien donné.

Vous êtes intervenu dans une conférence aux Etats- Unis sur la situation des travailleurs migrants à Maurice. Quel a été votre message ?

J’ai plaidé pour l’élimination de toutes les formes d’injustice à l’égard des travailleurs étrangers, dont particulièrement le risque de déportation en cas de protestation contre celles- ci. J’ai également dénoncé le rôle infâme des agents recruteurs, qui disparaissent de la circulation lorsqu’on a besoin de les mettre devant leur responsabilité, et le silence parfois trop éloquent de certaines représentations diplomatiques des pays d’origine de ces travailleurs étrangers.