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Feroz Dahoo : «Il faut apprendre à faire du ‘hedging’ sur les devises»

6 avril 2011, 16:48

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Le Chief Executive Officer (CEO) de la compagnie Thomas Cook répond aux questions de Pierrick Pédel.

La «Bank of Mauritius» (BoM) vient de relever le «repo rate» et parallèlement, tous les instituts révisent leurs projections de croissance à la hausse. N’est-ce pas paradoxal ?

Nous devons nous rappeler qu’avant de remonter de 50 points de base, le repo rate avait été abaissé de 100 points de base d’un seul coup, afin de stimuler la croissance. Toutefois, malgré cette forte détente du loyer de l’argent, la reprise économique attendue n’est pas intervenue. C’est pourquoi je pense que la récente hausse n’est pas la seule cause qui devrait être avancée pour arguer que la croissance sera affectée. Si la hausse de 100 points de base n’a pas permis une relance de l’activité, comment pouvons nous assurer qu’une hausse de 50 points de base va affecter la croissance ? Nous devons aussi remarquer que durant les périodes précédentes, quand le taux repo était beaucoup plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui, nous avons enregistré des taux de croissance remarquables. Il existe d’autres facteurs beaucoup plus importants qu’il s’agit de considérer quand on veut parler d’une croissance durable. Pour en venir au point essentiel de la question, la croissance est basée sur tellement de facteurs que de dresser uniquement un parallèle avec le taux repo serait une erreur. La stabilité économique, la confiance dans le climat des affaires, une amélioration sur le front de l’emploi et d’autres facteurs, constituent les éléments de soutien à la croissance.


Les perspectives de croissance annoncées parla BoM, le «Central Statistics Office» (CSO) ou la Chambre de commerce et d’industrie ne sont-elles pas un peu trop optimistes ?

Les principaux contributeurs au dynamisme de notre économie enregistrent des taux de croissance tout à fait acceptables et les secteurs comme la construction ou l’immobilier progressent à des rythmes supérieurs à la moyenne. Ce qui permet d’être optimiste. Toutefois, je voudrais inciter à plus de prudence concernant ce qui se passe autour de nous, dans le monde. La remontée des prix du pétrole à 120 dollars le baril, l’augmentation de la demande et des prix des produits alimentaires, les turbulences politiques au Moyen-Orient, la catastrophe naturelle au Japon et le désastre nucléaire qui a suivi ainsi que la récente révision à la baisse de la croissance française de 2,5 % à 2 % pour 2012, ne peuvent que nous inciter à la prudence dans nos prévisions. La France est un de nos principaux marchés pour le tourisme et avec de telles révisions à la baisse de l’activité, nous pourrions être amenés à notre tour à revoir nos projections.

Pensez-vous qu’un nouveau durcissement monétaire soit nécessaire ?

Du fait de l’augmentation des prix dans le monde, de l’excès de liquidités sur les marchés, à Maurice mais aussi globalement, et des mouvements spéculatifs importants, les outils monétaires sont nécessaires afin de contrer les conséquences néfastes. Les récentes décisions de remonter le ratio de liquidités des banques mauriciennes et de relever les taux directeurs auront un impact dans quelque temps. Et nous verrons si la décision de durcir la politique monétaire apportera ses effets ou non. L’économie globale évolue à un rythme rapide et tous les événements ne peuvent pas être prévisibles. Le tsunami au Japon en est un bon exemple. Avec le temps, et quand la situation le requiert, un resserrement ou une détente peuvent être justifiés.

Lire l’intégralité de cette interview sur le e-paper de l’express.