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Florent Sinama-Pongolle : «Les Espagnols sont mal… par rapport au Real»

26 juin 2009, 12:39

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Au milieu de la cacophonie générale qui régne dans les conférénces de presse autour du jubilé Didier Agathe cette semaine, nous avons réussi à nous entretenir avec le très sympa Florent Sinama-Pongolle. Ancien attaquant de Liverpool, qui fait désormais les beaux jours de l’Atletico Madrid, le Réunionnais respire la joie de vivre. Il semble avoir atteint une certaine plénitude dans sa carrière, avec ou sans équipe de France. Un bonheur très perceptible dans cette interview…

Alors Florent, vous savez que vous avez beaucoup de fans à l’île Maurice depuis votre fameux passage à Liverpool ?

Oui, je sais, ça fait toujours très plaisir. Je sais qu’on m’aime bien à Maurice. Vous savez que je recevais pleins de lettres de fans mauriciens quand je jouais chez les Reds ? C’était incroyable. Même si ça s’est un peu calmé depuis que je suis à l’Atletico Madrid.

N’est-ce pas une déception pour vous de ne pas être resté à Liverpool ?

Non, car ça m’a vachement appris. Je ne pense pas que j’en serai à ce niveau là si j’étais resté à Liverpool. Je suis encore jeune, je voulais avoir du temps de jeu, et c’est ce que j’ai eu ailleurs.

Cela a dû être quand même spécial pour vous de jouer contre Liverpool la saison passée en Ligue des champions ?

Ça fait bizarre (il marque une pause et prend un air rêveur). Liverpool reste Liverpool.

Même en Espagne, vous continuez à suivre l’actualité des Reds ?

Oui, en Europe j’ai la chance d’avoir le satellite et grâce à Canal+ je sais tout. Sur Canal+Sport, je peux suivre tous les matches dans Onze d’Europe.

Vous avez été champion du monde des moins de 17 ans et, depuis, que de chemin parcouru…

C’est vrai, j’ai fait du chemin depuis mes débuts au Havre. J’ai eu la chance de faire partie de grands clubs, à Liverpool, de jouer la Ligue des champions, ce sont de belles expériences. Après, j’ai pris des risques en signant au Recreativo Huelva où on a frôlé la relégation. Et puis, ça m’a souri, deux ans après j’étais à l’Atletico Madrid. Un grand club où ’ai rejoué la Ligue des champions. Voilà…

« Aguero ou Forlan va quitter l’Atletico »

Mais votre ancien coéquipier des moins de 17 ans, Anthony Le Tallec, a eu beaucoup moins de chance que vous…

Oh, je ne sais pas si c’est une question de chance… Ce n’est pas que ça. C’est le parcours qui détermine parfois le reste. Après Liverpool, il est parti en prêt à Saint-Etienne et à Sunderland. Mais l’essentiel c’est qu’il s’éclate à présent au Mans.

Vous avez obtenu une certaine stabilité en signant à l’Atletico...

On ne peux pas vraiment parler de stabilité. Rafael Benitez ne voulait jamais se séparer de moi non plus à Liverpool.

Avec Diego Forlan vous avez eu une sacré concurrence cette saison en attaque…

Oh oui ! Forlan à l’Atletico obtient le Soulier d’Or, il marque 32 buts, c’est exceptionnel. Moi j’ai la chance d’avoir joué cinq matches de suite quand il s’est blessé et d’inscrire quatre buts. J’ai rempli ma mission quoi. Je suis le douzième homme. J’ai disputé quand même 28 matches comme titulaire cette saison, c’est très bien.

En ce moment il y a beaucoup de spéculations sur le marché des transferts à propos d’un départ de Forlan et d’Aguero…

Oui, je pense qu’un des deux va partir, c’est sûr.

Ce serait vraiment une aubaine pour vous alors !

Oui… Moi j’ai trois ans de contrat, je ne suis pas du tout inquiet. A Madrid on a une très belle vie. C’est agréable, il fait beau. J’y suis bien.

En parlant de Madrid, il y a votre grand rival, le Real, qui construit une équipe galactique. Cela vous fait peur ?

Oui et non. On n’a pas peur sur le terrain. Mais j’ai peur pour le foot qui perd ses valeurs.

Surtout que la vie des Espagnols n’est pas rose, il y a du chômage...

Je ne parle pas que du chômage, c’est toute l’économie espagnole qui est en crise. Elle ne va pas bien par rapport à l’Angleterre. Je sens que les Espagnols se sentent mal par rapport à ça et les transferts mirobolants qu’il y a au Real.

« Aucune équipe aussi forte que le Barça depuis le grand Ajax »

Un mot sur la saison époustouflante du Barça ?

Alors là ! Qu’est-ce que tu vas dire ? (rires) C’est très fort…

Pourtant, vous êtes parmi les rares à les avoir battus avec l’Atletico (Ndlr : victoire 4-3 en Liga) !

Bon… Le match allé (Ndlr : perdu 6-1) on va l’oublier hein ! (rires) Pour être plus sérieux, je dirai que le Barça a obtenu le respect de tous au niveau européen. C’est incroyable ce qu’ils ont fait. Je crois qu’aucune équipe n’a affiché une telle supériorité depuis le grand Ajax des années 70.

En tant qu’ancien de Liverpool, vous avez dû apprécier la victoire de Barcelone contre Manchester United en finale de Ligue des champions…

Non, mais j’aime bien Manchester ! C’est une bonne équipe. Franchement, ils ont des individualités d’accord mais collectivement ils sont très forts. C’est surtout ça que j’apprécie chez eux.

Et l’équipe de France, vous y pensez à un an de la Coupe du monde ?

Je suis content, je viens de fêter ma première sélection, même si je n’ai pas été rappelé. Bon, ce sont les choix du sélectionneur. Je fais partie du groupe des 38-40 avant la Coupe du monde. Il y en a pleins qui me disent de partir dans un autre club pour être sélectionné. Mais je ne crois pas que c’est une bonne chose de bouger à un an du Mondial. J’aimerai bien aller à la Coupe du monde, surtout que je viens de passer des vacances en Afrique du Sud et que j’ai trouvé ça très bien.

Karim Benzema est courtisé par le Real Madrid et Manchester notamment, vous lui conseillerez de rester à Lyon ?

Oui. A un an du Mondial, je crois que Lyon ce serait mieux pour lui.

Le jubilé de dimanche au stade Anjalay met en valeur les qualités du football réunionais avec notamment Payet, Hoareau, Trémoulinas et vous-même…

Mais ce n’est pas normal qu’il n’y ait que quatre joueurs qui soient au premier plan. Il en faut plus. Dans l’océan Indien et à Maurice je pense qu’on peut produire plus de footballeurs de haut niveau. J’espère que le jubilé Agathe sera un point de départ au développement de l’académie qui a été créée. Par exemple, je suis allé au Brésil et dans les rues j’ai vu beaucoup de joueurs de talent qui pourraient évoluer à très haut niveau. Il y a des millions de stars potentielles là-bas mais ces joueurs ne sont pas exposés et sont vite oubliés. Il faut saisir sa chance : être là au bon endroit, au bon moment.

Azmaal Hydoo et Yannick Guiton