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France : la gauche remporte une victoire historique au Sénat

26 septembre 2011, 00:00

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La gauche a conquis le Sénat, le dimanche 25 septembre, une première dans l''''histoire de la Ve République qui résonne comme un avertissement pour la majorité de droite à sept mois de l''élection présidentielle.

Avant la proclamation des résultats définitifs, le ministre des Relations avec le Parlement, l''UMP Patrick Ollier, a concédé la victoire de la gauche, avec au moins "176 sièges" - soit un siège de plus que la majorité absolue à la haute assemblée qui compte 348 élus.

Au total, 170 sièges étaient en jeu pour ce scrutin au suffrage indirect.

Même si le mode d''élection est sans rapport, l''Elysée et Matignon scrutaient avec attention le verdict des urnes, qui a valeur de test avant l''échéance de 2012.

"Ce soir, la bataille commence", a déclaré le Premier ministre, François Fillon, dans un communiqué, tandis que François Hollande, favori pour la primaire d''investiture du PS, soulignait devant la presse "un échec grave" et "prémonitoire" pour le président sortant Nicolas Sarkozy.

Franck Louvrier, responsable de la communication de l''Elysée, déclare sur son blog personnel "prendre acte" du résultat, "conséquence" des élections locales intervenues depuis 2004.

Signe des espoirs que la gauche fondait en ce scrutin, Martine Aubry, qui ne s''était pas encore exprimée, puis François Hollande, rivaux pour l''investiture présidentielle, s''étaient rendus au Sénat.

LE MINISTRE DE LA VILLE BATTU
"Ce qui s''est exprimé aujourd''hui, c''est une sanction à l''égard de l''UMP. (...) C''est un signe encourageant pour 2012", a déclaré aux journalistes Harlem Désir, premier secrétaire par intérim du PS.

Le président UMP du Sénat, Gérard Larcher, a concédé lors d''une conférence de presse une "poussée réelle" de l''opposition, "plus ample que je ne l''avais estimée".

Le président du groupe PS au Sénat Jean-Pierre Bel, qui avait annoncé le premier la victoire de la gauche, brigue la succession de Gérard Larcher, qui se représente au "plateau". L''élection du président, considérée comme un "troisième tour" non exempt de coups de théâtre, se déroulera le 1er octobre.

Défaite emblématique, le ministre centriste de la Ville, Maurice Leroy, a été battu dans le Loir-et-Cher. Les deux autres ministres en lice, les UMP Gérard Longuet (Défense) et Chantal Jouanno (Sports), sont élus respectivement dans la Meuse et à Paris.

Ces deux derniers devraient être contraints de démissionner du gouvernement pour apporter leurs voix à Gérard Larcher, en position très délicate. Un remaniement gouvernemental serait donc nécessaire.


Autre revers significatif, l''UMP ne conserve que deux sièges à Paris, où elle en détenait quatre.

Pierre Charon, l''ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, qui avait été suspendu de l''UMP pour avoir présenté une liste dissidente, est élu. La gauche, avec un siège supplémentaire, compte désormais huit élus dans la capitale.

FRONDE LOCALE
L''opposition conquiert également un siège aux dépens de la droite dans de nombreux départements comme La Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon, Pyrénées-Orientales, Isère, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Oise, Yvelines (le fief de Gérard Larcher), Nord.

En Lozère, bastion historique de la droite, le sénateur sortant UMP Jacques Blanc est battu par le socialiste Alain Bertrand. En Meurthe-et-Moselle, l''UMP gagne un siège.

L''opposition, détentrice jusqu''à présent d''un mandat au nom des  Français de l''étranger, en ravit un deuxième à l''UMP.

Le vice-président de la région Ile-de-France Jean-Vincent Placé, membre d''Europe Ecologie-Les Verts (EELV), a fait état d''"une progression des écologistes" avec au moins dix élus. L''élu écologiste, tête de liste dans l''Essonne, fait son entrée à la haute assemblée.

Il faut 15 élus pour constituer un groupe au Sénat.

Les analystes invoquaient dimanche soir la forte hostilité des élus locaux à la réforme des collectivités territoriales pour expliquer la poussée de la gauche, et des centristes dans certains départements.

La majorité présidentielle voulait y voir dimanche soir une progression arithmétique logique de la gauche, après ses gains aux dernières élections locales, et s''efforçait d''en minimiser la portée nationale.

"Ça n''est en rien un point de blocage politique pour le gouvernement puisque dans la logique institutionnelle de la Ve République, c''est l''assemblée qui a le dernier mot", a dit Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement, au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

François Fillon a toutefois mis en avant "les divisions de la majorité" pour justifier ce revers et a de nouveau appelé à l''union à droite alors que Jean-Louis Borloo, président du Parti radical, a annoncé son intention de se présenter en 2012.

Par Sophie Louet et Emile Picy (Reuters)