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France : la police admet avoir espionné un journaliste du Monde
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France : la police admet avoir espionné un journaliste du Monde
Le directeur général de la police française Frédéric Péchenard (photo) a admis le vendredi 9 septembre avoir ordonné l''''identification de la source d''un journaliste du journal Le Monde qui avait publié en 2010 un article sur l''affaire Bettencourt embarrassant pour l''ex-ministre Eric Woerth.
Frédéric Péchenard est cependant resté évasif lorsqu''on lui demandait sur France Info qui avait ordonné cette procédure, qu''il juge légitime. Prié de dire s''il démissionnerait en cas de mise en examen pour ces faits, il a répondu : "On verra".
Le Parti socialiste, parlant d''"affaire d''Etat", a demandé "la sanction des autorités ministérielles et administratives mises en cause". Le ministre de l''Intérieur Claude Guéant a cependant exclu par avance, la semaine dernière, toute sanction.
L''affaire fait suite à l''enquête d''une juge qui a mis au jour une réquisition écrite en juillet 2010 de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, contre-espionnage) contraignant l''opérateur Orange à fournir la liste des appels téléphoniques et la géolocalisation du portable de Gérard Davet, reporter au Monde.
A la question de savoir s''il était à l''origine de cette procédure, Frédéric Péchenard a répondu : "Oui"."J''ai demandé à la DCRI d''identifier le haut fonctionnaire qui, soumis au secret professionnel et ayant un accès direct à des documents sensibles, avait divulgué des informations confidentielles dans une affaire judiciaire en cours", a-t-il expliqué.
"Je trouve cela grave. C''est un infraction pénale", a-t-il ajouté.
Prié de dire s''il avait agi de sa propre initiative, il a dit : "Comme vous le savez, il y a une instruction judiciaire en cours, je me dois de réserver mes déclarations à la justice".
Le directeur de la police nationale a précisé qu''il n''avait pas encore été convoqué par la justice.
Gérard Davet estime que des poursuites doivent être engagées. "Du fait des enquêtes de moi-même et de mes confrères, on sait que l''ordre a été donné depuis l''Elysée de me cibler directement. Moi, je considère que l''infraction pénale la plus grave est cette violation de la loi", a-t-il dit à Reuters.
Ami d''enfance de Nicolas Sarkozy, qui l''a nommé à ce poste, Frédéric Péchenard risque désormais, de même que Bernard Squarcini, patron de la DCRI, une mise en examen.
Les faits sont susceptibles de constituer une violation du secret des correspondances et de la vie privée et une violation du secret des sources journalistiques, un principe que le gouvernement actuel a inscrit dans la loi en 2010.
Gérard Davet a été mis sous enquête après avoir publié en juillet 2010 un article relatif à une déposition dans l''enquête judiciaire sur l''héritière de L''Oréal Liliane Bettencourt, qui mettait en difficulté le ministre du Travail d''alors, Eric Woerth.
Identifié grâce à l''espionnage du téléphone du journaliste, la source supposée de Gérard Davet, un magistrat en poste au ministère de la Justice, David Sénat, a été écarté et chargé d''une mission sur la justice en Guyane.
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