Publicité

France : Rama Yade retrouve sa liberté et trouble la majorité

16 juin 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

France : Rama Yade retrouve sa liberté et trouble la majorité

Ancienne protégée de Nicolas Sarkozy, Rama Yade démissionne de son poste d''''ambassadrice de France à l''Unesco, où elle avait été nommée fin 2010, et rejoint l''équipe de pré-campagne présidentielle de Jean-Louis Borloo.

Cette jeune femme d''origine sénégalaise avait été un des symboles de l''ouverture à la "diversité" du gouvernement, où elle a été secrétaire d''Etat aux Droits de l''homme puis aux Sports et s''était fait remarquer à plusieurs reprises par son franc-parler, avant d''en être écartée en novembre 2010.

Elle avait encore été rappelée à l''ordre fin avril à la suite de déclarations critiques sur l''action du gouvernement.

L''Elysée laissait alors entendre que ses jours à l''Unesco étaient comptés en faisant savoir que ce serait au ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, de juger si ses déclarations étaient "compatibles avec le devoir de réserve de sa fonction".

"Personne ne m''a rien dit, ni au Quai d''Orsay ni à l''Elysée", a cependant déclaré jeudi à Reuters Rama Yade, qui se défend d''avoir voulu anticiper une issue inéluctable.

"De toute façon, démissionner ou être démissionnée, c''est la même chose, parce que pour moi, c''est retrouver ma liberté. Je n''ai pas besoin de prendre les devants", a-t-elle expliqué.

Tout en assurant que ses fonctions d''ambassadrice auprès de l''agence des Nations unies chargée de l''éducation, de la science et de la culture, qui a son siège à Paris, lui correspondaient "parfaitement", elle souligne que sa démission est "un choix".

"Je ne souhaite pas quitter la vie politique. J''avais prévu dès le départ d''être dans une trajectoire politique et j''ai été nommée en connaissance de cause", fait valoir cette ancienne jeune pousse prometteuse de l''UMP, le parti du chef de l''Etat.

Elle souligne qu''elle avait déjà rejoint le Parti radical de l''ancien ministre de l''Ecologie Jean-Louis Borloo lors de sa nomination à l''Unesco et rappelle sa volonté depuis plusieurs années d''être élue à l''Assemblée nationale.

"Mais on ne savait pas à l''époque que Jean-Louis Borloo s''intéresserait à l''élection présidentielle" de 2012, dit-elle.


Dans un entretien accordé au Monde, elle fait état de pressions sur le président du Parti radical et ses proches pour le dissuader de présenter sa candidature.

"A l''invective, il faut opposer l''élégance et le sens de l''honneur", ajoute Rama Yade.


Accoyer y voit un « signe de division »

Désormais membre du comité directeur de la nouvelle Alliance républicaine écologique et sociale (Ares), qui fédère plusieurs formations centristes, elle confirme la volonté de Jean-Louis Borloo de lui confier des responsabilités dans son équipe.

"J''ai besoin de renouer avec une liberté totale", répète dans Le Monde l''ex-secrétaire d''Etat, qui déplore cependant une différence de traitement avec un autre ancien membre du gouvernement, Roger Karoutchi, qui cumule des fonctions d''ambassadeur à l''Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et des responsabilités à l''UMP.
"Ce qui vaut pour l''un, qui soutient Nicolas Sarkozy, ne vaut donc pas pour l''autre", remarque-t-elle.

Rama Yade s''est acquis une certaine popularité en critiquant notamment la visite du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Paris en décembre 2007, alors qu''elle était au gouvernement.

L''Elysée s''inquiète d''une éventuelle candidature centriste alors que les enquêtes d''opinion prédisent un score très serré au premier tour de 2012, voire une possible élimination de Nicolas Sarkozy par la candidate d''extrême-droite Marine Le Pen.
Le président UMP de l''Assemblée, Bernard Accoyer, a dit sur RMC et BFM TV voir dans la démission de Rama Yade un "signe de division de la majorité".

Le ministre de l''Education Luc Chatel a, en revanche, jugé sur Canal+ que cette démission était une bonne chose car, à ses yeux, elle apportait une "clarification", une ambassadrice ne pouvant avoir selon lui des fonctions dans un parti.
Il a cependant jugé implicitement Rama Yade ingrate. "Dans la vie politique, il ne faut pas oublier d''où l''on vient et grâce à qui", a-t-il dit.

Le ministre de Travail Xavier Bertrand s''est montré moins sévère et a estimé sur RTL qu''il ne considérait pas Rama Yade et Jean-Louis Borloo comme ses adversaires.


(Source : Reuters)