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France : Sarkozy et Fillon vont justifier leur remaniement

15 novembre 2010, 00:00

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France : Sarkozy et Fillon vont justifier leur remaniement

Nicolas Sarkozy s''''expliquera mardi sur le remaniement gouvernemental intervenu dimanche, une pleine semaine avant une déclaration de politique générale du Premier ministre François Fillon devant les députés.

Le nouveau gouvernement français, marqué par une stabilité aux postes importants, le retour de poids lourds de la droite, la fin de l''ouverture à gauche et le départ de ministres centristes qui grincent des dents, a commencé à s''installer lundi avec les traditionnelles passations de pouvoir.

L''Elysée a annoncé que le président s''exprimerait mardi soir sur TF1, France 2 et Canal+ avant que François Fillon ne fasse le 24 novembre une déclaration de politique générale sur laquelle il engagera la responsabilité de son gouvernement.

Le calendrier de cette déclaration, qui était initialement prévue par des députés pour cette semaine, suivie d''une sorte de vote de confiance gagné d''avance puisque l''UMP dispose de la majorité absolue à l''Assemblée nationale, est éloquent.

Nicolas Sarkozy entend visiblement démontrer qu''il reste à la manoeuvre, alors que le maintien de François Fillon à son poste et le choix des ministres ont été vus comme une manière de préparer un gouvernement de combat pour 2012.

"C''est un remaniement qui laisse la place à un gouvernement resserré à très forte teinte UMP, c''est un gouvernement qui prépare la prochaine échéance présidentielle", estime Frédéric Dabi, de l''institut de sondages Ifop.

"On a peut-être le prélude à une nouvelle articulation, à un nouveau mode de fonctionnement entre François Fillon et le président, avec peut-être l''émergence d''un hyper-Premier ministre qui va peut-être nuancer l''hyper-présidence sarkozyenne", a-t-il déclaré à Reuters TV.

« Un  bon dosage pour Juppé »

La majorité défend la composition du gouvernement où François Fillon, les titulaires des portefeuilles de l''Economie (Christine Lagarde), du Budget (François Baroin) et de l''Intérieur (Brice Hortefeux) sont reconduits, tandis que sont écartées les personnalités issues de la gauche comme Bernard Kouchner (Affaires étrangères) et que font leur retour des poids lourds de la droite comme Alain Juppé (Défense).

"Il y a un bon dosage", a déclaré ce dernier à Bordeaux.

Christine Lagarde a résumé la vision du pouvoir sur ce remaniement, en le qualifiant de "totalement révolutionnaire".

"Le principe de la Révolution c''est que vous faites un tour complet à 360°", a-t-elle dit sur France Info.
Elle a confirmé que la réforme fiscale déjà annoncée avant le remaniement compterait parmi ses principales tâches.
"Nous avons à retravailler toutes les questions fiscales, en particulier dans une perspective de convergence avec l''Allemagne", a-t-elle dit.

Priée de dire si elle était favorable à la suppression de l''ISF (impôt de solidarité sur la fortune), elle n''a pas répondu directement, déclarant: "Je suis favorable à un régime fiscal qui soit de nature à encourager la localisation sur le territoire français, l''investissement et qui ne pèse pas lourdement sur le travail".

Ce dossier a déjà été lancé avec notamment l''idée de supprimer éventuellement le "bouclier fiscal", dispositif contesté qui profite aux plus favorisés, en même temps que l''ISF qui taxe les patrimoines importants.

Bertrand parle de « nouvelle étape »

Sur RTL, le nouveau ministre du Travail, Xavier Bertrand, de retour au gouvernement après un passage à la tête de l''UMP, a salué "une nouvelle étape de la vie politique".

Il envisage de mener à bien la réforme de l''hôpital et a expliqué qu''il s''était déjà entretenu avec les syndicats.

La gauche estime que ce changement de gouvernement ne permettra aucun changement de politique.

Les centristes, qui ont manqué Matignon avec Jean-Louis Borloo et voient le ministre de la Défense Hervé Morin chassé du gouvernement, jugent également avoir été sacrifiés.

Jean-Louis Borloo a déclaré dès dimanche dans un communiqué qu''il retrouvait sa "liberté de parole" et réunit ses troupes lundi soir pour envisager la suite des événements.

Hervé Morin, qui a déjà annoncé son intention de se présenter en 2012, a exprimé sa volonté de rassembler autour de son parti, le Nouveau Centre, toujours allié de l''UMP.

L''ancien Premier ministre Dominique de Villepin, rival de Nicolas Sarkozy, rêve de prendre la tête des personnalités de droite qui se retrouvent en marge du pouvoir.

"Il faut s''élargir, il faut s''ouvrir, (il faut) en France une grande coalition de bonnes volontés", a-t-il dit sur Canal+.

(Source :  Reuters)