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Géothermie : Geetanjali Gujadhur brille dans un monde d’hommes

9 mars 2014, 00:00

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Géothermie : Geetanjali Gujadhur brille dans un monde d’hommes

Elle est l’une des seules à Maurice à avoir percé dans le domaine de la géothermie, à l’échelle internationale. Résidant en Suède, Geetanjali Gujadhur raconte son parcours.

 

C’est avec le sourire et une poignée de main ferme que Geetanjali Gujadhur, nous accueille. Élégante dans son sari noir au bord rouge, un collier de perles autour du cou, nul ne dirait que cette jeune scientifique s’est forgé une place dans un monde essentiellement masculin. Chef de projet de ventes de turbines à vapeur pour l’Afrique chez Siemens, cette jeune scientifique est, en effet, une passionnée de géothermie. D’ailleurs, selon sa mère, Madhu Gujadhur, la jeune femme serait «la seule à Maurice à avoir fait ces études. C’est une grande bosseuse. Elle travaille beaucoup trop. Même en vacances !»

 

À l’origine, c’est aux études médicales en France que Geetanjali Gujadhur, née à Calcutta d’une mère indienne et d’un père mauricien, se prédestinait. Après avoir passé les premières 18 années de sa vie à Maurice, où elle a été scolarisée, comme son frère et sa soeur, au Lycée Labourdonnais, elle s’envole pour la France. «Ce choix s’est imposé comme une évidence. Je voulais poursuivre mes études dans la langue française et les universités françaises sont d’un excellent niveau»,explique-t-elle.

 

Après deux ans, elle se réoriente vers la mécanique. Elle étudiera pendant quatre ans à l’université Paul Sabatier, à Toulouse. À l’École centrale de Lyon, elle décroche son diplôme de Master en mécanique des fluides appliqués et acoustique. Son premier travail, elle l’obtient auprès de la compagnie Schlumberger, qui est surtout spécialisée dans l’exploration pétrolière. «On était basé au milieu du désert, en Égypte,au bord de la Mer Rouge», indique Geetanjali Gujadhur. Sa mission : inspecter la structure géologique d’un puits en temps réel et détecter la présence d’hydrocarbures. «Les chambres où on dormait étaient préfabriquées,les conditions de vie étaient difficiles», poursuit la scientifique. De plus, s’imposer en tant que femme dans ce monde d’hommes n’est pas chose simple.

 

Rencontres mémorables

 

La prochaine étape pour Geetanjali Gujadhur, c’est la compagnie General Electric. «Là-bas, j’étais responsable des essais et du démarrage de turbines à gaz de grande puissance. Certaines atteignaient jusqu’à 270 W,suffisamment pour alimenter une ville de 300 000 habitants.» Encore une fois, elle se retrouve sur le terrain au quotidien, mettant volontiers la main à la patte. Elle y restera pendant cinq ans. «J’ai eu l’occasion de beaucoup voyager notamment en Corse, aux Pays-Bas et en Norvège.C’était une aventure extraordinaire, j’ai fait des rencontres mémorables», confie-t-elle.

 

Développant un intérêt accru pour la géothermie, Geetanjali Gujadhur suit une formation avancée à l’université de Neuchâtel, en Suisse, sur «Exploration et développement des systèmes géothermiques profonds», avant de prendre de l’emploi dans la compagnie Siemens. Pour elle, l’accès à l’énergie est essentiel au développement des pays africains et cela doit être fait avec des ressources naturelles disponibles localement : géothermie, solaire, éolienne ou encore biomasse.

 

Et la géothermie à Maurice ? «Il faut mener des campagnes d’explorations pour évaluer les ressources potentielles », avance-t-elle. Et d’ajouterque sa vision pour le pays, «c’est celle d’un développement économique et social qui se fait en harmonie avec la nature resplendissante qui nous entoure».

 

Pianiste et artiste accomplie, Geetanjali Gujadhur n’a qu’un conseil à donner aux jeunes. «Osez ! dit-elle. Trop de personnes analysent toutes les difficultés avant même de commencer. Ces personnes concluent que ce ne sera pas possible et abandonnent avant d’avoir essayé.C’est dommage.»