Publicité

Greg Denham : Une nouvelle approche pour un ancien policier

5 octobre 2011, 09:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Greg Denham a également eu une session de travail avec les membres de l’Anti Drug Smuggling Unit (ADSU) pour leur parler de ce même concept. Maintenant consultant en matière de politique de RdR, il offre le point de vue d’un homme qui est passé de la répression à la compréhension à l’égard des toxicomanes.

« Il faut considérer la dépendance à la drogue comme un problème de santé publique », insiste-t-il. « J’ai travaillé sur la mise sur pied de plusieurs programmes concernant la réduction des risques, notamment en Australie et en Asie », explique-t-il, rappelant qu’il n’y a pas de solution miracle universelle en matière de lutte contre la drogue. « Chaque pays a ses problèmes propres à lui et doit ainsi dégager ses propres initiatives sur le plan local », fait-il remarquer.

Greg Denham utilise l’expérience qu’il a acquise en plus de 20 ans dans les forces de l’ordre pour se faire l’ambassadeur d’une approche alternative. « Celle-ci doit découler d’un plan national pour être vraiment holistique », ajoute notre interlocuteur. Ce, afin d’articuler les compétences des différentes instances impliquées dans la lutte contre la toxicomanie, mais aussi pour dégager des résultats positifs partagés par ces dernières.

Dans son cas, on ne peut pas parler de virage à 180°. Il dit garder d’excellentes relations avec la police. Il en fait même le centre de son action. Il y a quelques années, il lance même le Coalition Of Police Supporting Harm Reduction (COPS HR). Ce réseau mondial de policiers est une mine de ressources pour ceux parmi eux souhaitant en savoir plus sur la RdR et comment encourager leur collaboration avec leurs services de santé locaux. Il anime actuellement, avec des collaborateurs en Russie, en Kirghizistan, et en Espagne le Law Enforcement and Harm Reduction Network (LEAHRN), plateforme qui vise à mieux disséminer le concept de RdR.

Selon Greg Denham, les stratégies de RdR, comme le traitement à la méthadone et l’échange de seringues sont primordiaux dans la politique de lutte contre la drogue et ses méfaits. Toutefois, toute politique en ce sens ne saurait fonctionner sans la participation des forces policières. « Pour de meilleurs résultats, la police doit collaborer pleinement avec les services sanitaires », précise-t-il.

Sauf qu’il y a un paradoxe qui engendre parfois des tensions au sein des forces policières traitant avec la toxicomanie. « On attend d’eux qu’ils résolvent le problème de drogue et ils ont ainsi sur leurs épaules toute la responsabilité de trouver les moyens pour le faire », fait-il remarquer. Or, le combat contre la drogue se joue également sur le plan psychologique. La drogue reste disponible dans les communautés, et la police étant à l’avant-plan doit pouvoir montrer plus de considération, surtout quand on parle de réduction des risques.

Pendant longtemps d’ailleurs, et dans presque tous les pays du monde, la criminalisation de la drogue a fait que le seul souci des policiers a été d’arrêter, et donc d’avoir une approche punitive, à l’égard des toxicomanes. « Aujourd’hui, il s’agit pour eux d’intervenir dans la vie des gens, ce qui ajoute de la complexité au travail des policiers », ajoute Greg Denham. Et ce changement de mentalité passe par leur éducation, il consiste à leur faire comprendre que, de la répression, il s’agit pour eux de devenir un soutien pour ceux qu’ils devaient systématiquement arrêter autrefois.

Ludovic Agathe