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Grippe A à la Réunion : patients affolés, médecins débordés

25 août 2009, 20:00

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Depuis le week-end dernier, les salles d’attente des cabinets médicaux ne désemplissent pas. La psychose semble progresser aussi vite que le virus de la grippe A.

La grippe A fait peur. On a pourtant dit à son sujet qu’elle n’est pas plus sévère qu’une simple grippe saisonnière. On ne l’a apparemment pas entendu de cette oreille dans les cases dionysiennes. À la moindre quinte de toux, dès que le nez coule, dès que s’installe un mal de tête, les Réunionnais se précipitent chez le médecin. Le week-end dernier, le standard du centre 15 a failli exploser.

“On a eu un appel par minute !”, déplore le docteur Patrick Bogo. Hier, les salles d’attente ne désemplissaient pas. Dans le cabinet de ce docteur, au centre médical Leconte de Lisle, une dizaine de personnes attendaient. Sylvie, la secrétaire médicale, distribuait les masques, si nécessaire : “Il y a des journées où nous sommes énormément débordés”. Chez SOS médecins, rue du Moufia, on travaille à flux tendu depuis trop longtemps. “Ça va faire un mois et demi que l’on vit à ce rythme effréné, affirme Sonia la secrétaire médicale. Nous sommes au total, onze secrétaires et autant de médecins, et l’effectif n’arrête pas de tourner”. Le docteur Bieda indique que dimanche, 450 malades ont défilé soit pour de la grippe, soit pour de la gastro.

Aux urgences du CHR de Bellepierre, on arrive encore à gérer. Mais dès que les cabinets des médecins libéraux ferment le soir et le week-end, la grippe - ou ce qui lui ressemble - crée un pic d’affluence. “Hier (lundi, ndlr), on a eu 82 visites dont 50 pour le nez qui coule”, maugrée un interne de première année. Les locaux ont été aménagés pour accueillir les familles au mieux. Les enfants sont dans une filière et à proximité, les adultes en suivent une autre. “On est particulièrement sollicités par les enfants car le nombre de pédiatre est insuffisant en ville, reconnaît la direction de l’hôpital. La régulation faite par les médecins libéraux est meilleure pour les adultes”.

« Il a une toux, alors je suis venue par précaution… »

Bref, les patients ne sont pas sereins. “Je suis déjà venue hier, peste Juanita derrière son masque. Ça fait une semaine que j’ai la grippe. Je ne peux pas aller travailler. Mon corps me fait mal ! Je ne peux pas sortir de mon lit. C’est plus qu’une simple grippe.” Véronique, sa mère, est inquiète car sa fille est asthmatique. Mais pas seulement : “À force de venir, j’ai peur de l’avoir”, murmure-t-elle. Du coup elle “psychote” un peu, se demande comment les médecins différencient la grippe A de la B. Il y a aussi les souvenirs de l’épidémie de chikungunya, ressortis du placard.
Moins affolée en apparence, Sideni, tient fermement sur ses genoux son fils de trois ans et demi, Mekairaj. “Il a une toux alors je suis venue par précaution, indique-t-elle. Mais je reste raisonnable”. Jérémie, l’a attrapée il y a deux semaines : “J’ai eu de la fièvre pendant cinq jours mais je n’en suis pas mort…” Aux urgences du CHR, quelqu’un venu prendre un verre d’eau est ressorti en courant à la vue des masques. Visiblement le cocktail grippe, pandémie, et comptabilité des cas mortels a marqué les esprits. Pourtant, à la direction du CHR, on rappelle que “pour l’heure, nous ne sommes pas dans une situation de crise”. Les autorités prennent la situation au sérieux et la vigilance est de mise. C’est la raison pour laquelle le docteur Bogo redoute “l’après-pandémie”. “À force de crier au loup, selon lui, les gens auront tendance à ne plus réellement prendre au sérieux le virus. Ils seront moins vigilants en cas de prochaine grippe, et c’est là qu’on courra à la catastrophe”.



Masques sans octroi de mer Ce sont les élus de la Région qui l’ont décidé hier : l’octroi de mer ne gênera pas la lutte contre la grippe A. Selon le communiqué transmis à la presse, la commission permanente a voté l’“exonération de l’octroi de mer sur des produits et équipements de protection destinés à lutter contre la grippe H1N1”. Le même communiqué précise que ce vote concerne “les produits distribués gratuitement sur prescription médicale au titre du programme de lutte contre la propagation du virus H1N1.” Il s’agit notamment des masques.

(Source : Clicanoo.com)

 

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