Le comité de soutien en faveur de Jayen Chellum s’attend à ce que le gouvernement invite ses membres à la table des négociations au cours de la journée de ce mardi 2 février.

C’est le ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell qui a établi le premier contact. En attendant, une conférence de presse a été organisée. Elle a réuni des membres de la société civile, dont les principales centrales syndicales du pays, Aly Lazer de l’Association des Travailleurs Sociaux, George Ah Yan, Nicolas Ritter de Pils, Corinne Minerve du CDMO et Sandy Mardaymootoo de l’Association des Camionneurs Indépendants, entre autres.

Reaz Chuttoo de la Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) a d’abord souligné que leur action s’inscrit dans le cadre d’un mouvement pacifique qui revendique les droits fondamentaux de la population. «Dans une démocratie, quand vous êtes en contradiction avec le pouvoir, on ne peut pas condamner votre famille à la famine», déclare Reaz Chuttoo.

Le président de l’Association des Travailleurs Sociaux, Aly Lazer s’en est lui pris au ministre Tang qui, dit-il, tient un double langage. Il a rappelé que Jayen Chellum et lui-même sont de la génération de ceux formés sous l’Institut pour le Développement et la Paix (IDP) d’autrefois. «Les camarades de l’IDP n’ont jamais trahi et jamais nous ne trahirons. Nous ne permettrons pas que soient bafoués la démocratie et les droits humains. Il faudra nous marcher sur le corps», affirme Aly Lazer avec sa verve habituelle.

Tolsiraj Benydin, de la National Trade Union Confederation, estime, pour sa part, que le combat de Jayen Chellum est un «combat sacré» et que personne ne pourra mettre fin à l’élan de solidarité qui s’est mis en place. Il s’en est aussi pris au ministre Sylvio Tang qui, selon lui, est venu faire du cinéma dans les jardins de la Cathédrale. «L’argent que perçoit l’ACIM, c’est notre argent. C’est quoi Rs 20 000? Certainement pas un luxe. Les raisons avancées par le gouvernement ne sont que des prétextes. En réalité, il essaye d’étouffer toutes les voix qui s’élèvent contre les injustices», s’est-il écrié.

C’est sur le même ton que Radhakrishna Sadien s’est adressé aux membres de la presse. «C’est quand l’ACIM a préparé un dossier en béton sur les carburants que la répression a commencé contre elle. L’argent dû à l’association ne provient pas des caisses d’un parti politique quelconque», lance-t-il, en rappelant que si ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui étaient dans l’opposition, ils auraient été les premiers à accourir pour donner leur soutien à Chellum et en tirer un capital politique comme ils l’ont toujours fait dans le passé.

Le porte-parole de la Confédération Syndicale de Gauche (CSG-solidarité), Ashok Subron, a lui affirmé que l’action de Jayen Chellum et de l’ACIM n’est pas uniquement une question d’argent mais surtout d’indépendance des organisations des travailleurs, des consommateurs, des camionneurs et des organisations sociales. «Ces derniers quatre ans et demi, ce sont ces organisations qui ont mené la véritable opposition. C’est pour cela que le régime au pouvoir a attaqué systématiquement ces organisations», analyse Ashok Subron.

Jocelyne Minerve, présidente du Centre Diocésaine du Mouvement Ouvrier (CDMO), elle-même ancienne ministre de la Sécurité sociale et de la Femme, a fait une virulente sortie contre la ministre Sheila Bappoo. «Madame Sheila Bappoo a le culot de venir dire qu’elle a puni l’ACIM. De quelle droit rend-t-elle ce jugement depuis son bureau assise sur sa chaise de ministre! Je lui demande de publier sa Mission Statement en tant que ministre de la Sécurité sociale et je vais lui montrer les contradictions et les paradoxes qui existent dans ses propos et ses actions», s’insurge-t-elle.

Nicolas Ritter, directeur de Pils, a aussi exprimé sa «solidarité totale» envers Jayen Chellum et a lancé un appel aux autorités pour que «cesse cette ridicule mascarade».

Le mouvement de solidarité autour du gréviste de la faim s’amplifie et va continuer à prendre de l’ampleur tant que les autorités n’auront pas réagi. Les centrales syndicales, qui sont en consultation depuis ce matin, tiendront une conférence de presse cet après-midi pour annoncer des actions immédiates.

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Jean-Yves Chavrimootoo & Amy Kamanah