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Heurts au Caire, l'émissaire américain snobé

16 juillet 2013, 07:35

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Heurts au Caire, l'émissaire américain snobé

Des heurts, les premiers depuis une semaine au Caire, ont eu lieu lundi soir lors de manifestations des partisans de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, tandis que l'émissaire américain William Burns recevait un accueil moins que chaleureux dans la capitale égyptienne.

 

Dans la soirée, les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes dans le centre du Caire pour mettre fin à des accrochages entre des pro-Morsi et des automobilistes et passants du quartier de la rue Ramsès, mécontents de voir les manifestants bloquer l'une des principales artères de la ville.

 

Sans atteindre, et de loin, les affrontements meurtriers ayant eu lieu juste après la destitution de Morsi, il s'agit de la première confrontation violente impliquant des pro-Morsi depuis une semaine.

 

Les manifestants ont répliqué en lançant des pierres contre les policiers dans la rue Ramsès, ainsi que sur le pont du 6-octobre. "C'est l'armée contre le peuple, ce sont nos soldats, nous n'avons pas d'armes", a déclaré l'un des manifestants, Alaa el Dine, un informaticien de 34 ans.

 

Premier membre de l'administration américaine à se rendre en Egypte depuis l'éviction du président Mohamed Morsi, William Burns a été éconduit lundi à la fois par les islamistes et leurs opposants et appelé l'armée égyptienne à éviter les arrestations politiquement motivées.

 

Les autorités ont ordonné lundi l'arrestation de sept personnalités islamistes, notamment des Frères musulmans, pour les violences entre opposants et partisans des Frères lors des jours qui ont précédé la destitution du président Morsi par l'armée le 3 juillet.

 

Dans une capitale divisée, où pro et anti-Morsi se méfient les uns comme les autres de Washington, le parti salafiste Al Nour, deuxième mouvement islamiste après les Frères musulmans, et le Tamarod ("Rébellion"), à l'origine des manifestations de masse qui ont conduit à la destitution de Mohamed Morsi, ont chacun annoncé avoir décliné les invitations à rencontrer le secrétaire d'Etat américain adjoint.

 

"D'abord, ils doivent reconnaître le nouveau système", a déclaré le fondateur de Tamarod, Mahmoud Badr. "En second lieu, ils doivent présenter leurs excuses pour leur soutien au parti des Frères musulmans et au terrorisme. Ensuite, on verra."

 

Nour, qui a accepté la prise en main de la situation par l'armée, dit pour sa part avoir rejeté l'invitation de William Burns en raison de l'intervention qualifiée d'"injustifiée" des Etats-Unis dans les affaires de l'Egypte.

 

"RENTRE CHEZ TOI, SORCIÈRE !"

 

Les islamistes avaient appelé à une grande manifestation à laquelle participaient Essam el Erian et Mohamed el Beltagi, qui figurent sur la liste des sept arrestations annoncées.

 

L'armée a fait savoir lundi qu'elle répondrait avec "la plus grande fermeté et sévérité" si les manifestants tentaient d'approcher ses bases ou d'y pénétrer.

 

A la rupture du jeune, une foule immense de partisans de Morsi a convergé vers une place du Caire où était déployé un drapeau national géant, entouré de portraits du leader islamiste interpellé.

 

Tandis que le soleil se couchait sur Le Caire, d'autres manifestants pro-Morsi ont installé un camp de tentes devant l'université. Une adolescente coiffée d'un foulard s'est mise à lire un poème et à réciter des versets du Coran, tandis que des garçons jouaient au football, observés par des pères berçant leur enfant dans les bras.

 

Si William Burns avait choisi de se rendre à quelques kilomètres de là, où ont l'habitude de se rassembler les opposants de Mohamed Morsi, il aurait pu apercevoir un portrait de l'ambassadrice des Etats-Unis, Anne Patterson, barré de l'inscription : "Rentre chez toi, sorcière !".

 

PLACE AUX ÉCONOMISTES

 

William Burns, qui a rencontré Adli Mansour, nommé président par intérim par l'armée, et le nouveau Premier ministre, Hazem el Beblaoui, a déclaré que les Etats-Unis ne tenteraient pas d'imposer leur modèle à l'Egypte, ni ne soutiendraient des partis ou des personnalités en particulier.

 

"Je ne suis pas venu avec des solutions américaines, ni pour sermonner quiconque. Nous n'essaierons pas d'imposer notre modèle à l'Egypte."

 

Il a estimé que la situation égyptienne ne pouvait être comparée à la "tragédie" syrienne où la guerre civile qui a fait plus de 100.000 morts.

 

Parallèlement, le Premier ministre poursuit la formation du gouvernement où les économistes ont la part belle.

 

Après avoir choisi Ahmad Galal, un économiste formé aux Etats-Unis - à Boston - pour les Finances, et l'ancien ambassadeur aux Etats-Unis Nabil Fahmy, pour les Affaires étrangères, le Premier ministre a nommé Mohamed Abou Chadi ministre des Approvisionnements, chargé de la gestion du système de distribution des aides alimentaires et en carburant.

 

Le ministre du Plan, Achraf al Arabi, un économiste formé lui aussi aux Etats-Unis, a été reconduit dans ses fonctions. Il a estimé qu'une reprise des négociations avec le Fonds monétaire international, avec qui le précédent gouvernement était en discussions pour un prêt de 4,8 milliards de dollars, n'était pas d'actualité.

 

Depuis la déposition de Mohamed Morsi par l'armée, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite et le Koweït ont promis de fournir une aide totale de 12 milliards de dollars.

 

Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu d'Egypte, est quant à lui toujours détenu dans un lieu secret.