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Hollande à Bangui rend hommage aux soldats français tués

11 décembre 2013, 07:16

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Hollande à Bangui rend hommage aux soldats français tués

 

Le président François Hollande a rendu hommage mardi soir à Bangui aux deux soldats français tués la nuit précédente dans un accrochage dans la capitale centrafricaine, cinq jours après le début de l'opération Sangaris lancée par la France pour rétablir la sécurité dans ce pays d'Afrique où la tension reste vive.
 
Ce sont les premières victimes dans les rangs des militaires français depuis le déploiement le week-end dernier de 1.600 soldats pour mettre fin aux exactions commises dans ce pays plongé dans le chaos depuis un coup d'Etat au mois de mars.
 
François Hollande, qui a fait escale à Bangui pour rencontrer les soldats français et les autorités centrafricaines, de retour d'Afrique du Sud où il a assisté à une cérémonie d'hommage à Nelson Mandela, a souligné que la mission restait "la même" malgré ces morts.
 
"Elle est dangereuse, on le sait, on le savait mais elle est nécessaire si on veut éviter qu'il se produise ici un carnage", a-t-il déclaré en marge de l'hommage qu'il a rendu à Antoine Le Quinio, âgé de 22 ans, et Nicolas Vokaer, 23 ans.
 
"Ils ont donné leur vie pour en sauver d'autres, car tel est le sens de votre présence ici en Centrafrique", a-t-il ajouté devant des soldats réunis dans un hangar de l'aéroport de Bangui. "Il était temps d'agir, il allait bientôt être trop tard."
 
"Depuis des semaines, des massacres étaient perpétrés, des violences affreuses étaient commises à l'égard des femmes et des enfants, et les affrontements prenaient et prennent encore une dimension religieuse avec le risque d'aboutir à une guerre civile", a souligné le président français.
 
Les deux soldats du 8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine de Castres ont essuyé des tirs lundi peu avant minuit alors qu'ils effectuaient une patrouille avec leur section près de l'aéroport de la capitale centrafricaine.
 
PERSONNES DÉPLACÉES 
 
Selon un communiqué du ministère français de la Défense, "les militaires français ont immédiatement riposté".
 
"Durant l'échange de tirs, deux militaires français ont été grièvement blessés. Ils ont immédiatement été pris en charge par leurs camarades avant d'être évacués vers l'antenne chirurgicale avancée sur l'aéroport de M'Poko, où ils sont décédés des suites de leurs blessures", ajoute ce texte.
 
Selon un porte-parole de la force multinationale d'Afrique centrale (Fomac), l'incident de la nuit s'est produit à Yangato, dans le 5e arrondissement de Bangui.
 
"Il y avait un colonel de la Séléka qui harcelait les gens (...), des gens ont appelé les (soldats) français à l'aide, ils sont venus et ont essayé des désarmer les Séléka mais des coups de feu ont éclaté", a dit Célestin Christ Léon à Reuters.
 
Les combattants majoritairement musulmans de la Séléka, qui ont porté au pouvoir Michel Djotodia en mars, se sont rendus coupables de nombreuses exactions ces derniers mois. Des milices chrétiennes appelées "anti-balaka" se sont constituées en réaction aux violences commises par les anciens rebelles.
 
Au moins 465 personnes ont été tuées à Bangui depuis jeudi, selon la Croix-Rouge, et ce bilan devrait s'alourdir car plusieurs lynchages ont été signalés mardi.
 
Médecins sans frontières (MSF) a fait état de 72 personnes soignées dans deux hôpitaux de la ville, la plupart blessées par balles.
 
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 100.000 personnes ont fui leurs maisons ces derniers jours à Bangui, ce qui porte à plus de 500.000 le nombre de personnes déplacées dans le pays.
 
PAS DE RENFORTS FRANÇAIS 
 
Malgré la situation difficile qui règne sur le terrain, la France n'a pas l'intention d'envoyer des renforts, rappelant que les 1.600 soldats français sont épaulés par 3.000 militaires africains dont les rangs sont appelés à grossir.
 
"Je pense qu'avec ce périmètre-là, nous serons en mesure progressivement de rétablir la sérénité, la sécurité sur ce territoire", a assuré sur France 2 le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
 
Lundi, au premier jour du désarmement des milices armées, des affrontements s'étaient déjà produits entre des hommes armés et les forces françaises, sans faire de victimes.
 
Au lendemain de la mort des deux soldats, la présence française était moins visible dans les rues de Bangui que la veille, selon des journalistes de Reuters.
 
Dans le quartier de Fouh, des civils armés de bâtons et de machettes ont attaqué une mosquée et les maisons avoisinantes.
 
"Nous avons trouvé des armes dans leurs mosquées, nous ne voulons plus voir Djotodia et ses musulmans ici", a dit un homme portant un grand couteau et refusant de donner son nom.
 
Au moins six personnes ont été lynchées dans la nuit, notamment dans des actes visant des musulmans, selon des habitants de Benz-vi et Miskine, deux quartiers de Bangui.
 
"Trois des hommes lapidés à mort étaient des combattants de la Séléka qui venaient d'être désarmés, un quatrième était un musulman qui avait des parents dans cette milice", a précisé Hilaire Ouakanga, un habitant de Benz-vi.
 
Le vol hebdomadaire Air France Paris-Bangui, à bord duquel se trouvait le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye, a été annulé pour des raisons de sécurité, a indiqué un porte-parole de la compagnie française.
 
Le chef du gouvernement centrafricain a décidé de se rendre à Bangui d'une autre façon, selon son entourage qui n'a pas fourni plus de précisions.