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Ibrahim Koodoruth: «Pour Pravind Jugnauth, c’est une lose-lose situation»

28 février 2009, 17:55

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Quelle lecture faites-vous de la campagne qui a eu lieu pour la partielle à Quartier Militaire-Moka?

C’est une campagne où l’opposition MMM et le gouvernement de l’Alliance sociale se sont affronté par interposition. Même si le gouvernement n’a pas voulu se commettre directement dans la campagne, il n’en demeure pas moins que cette consultation a une valeur référendaire. D’ailleurs, du fait que le candidat du MSM, Pravind Jugnauth, n’ait pas dénoncé le gouvernement, tout le long de cette campagne, est une claire démonstration qu’il devient, par procuration quelque part, le candidat du gouvernement. Cela, en dépit du fait qu’il dit qu’il siègera dans l’opposition s’il est élu. Et en dépit du fait aussi que le Premier ministre ait déclaré qu’il n’est pas concerné par cette élection. On a d’ailleurs pu constater que leurs discours ont évolué au fil de la campagne. L’issue de cette joute sera évidemment déterminante pour la suite des événements. Une victoire de Pravind Jugnauth encouragerait le Premier ministre à organiser des législatives plus rapidement. Au cas contraire, il pourrait être tenté d’attendre le dernier délai permis pour affronter l’électorat.

Qu’est-ce qui vous a marqué lors de cette campagne?

C’est une campagne qui a, malheureusement, pris une certaine tournure qui dérange. Surtout avec l’entrée sur la scène des associations dites socioculturelles. Dès lors, on a eu l’impression que c’est une bataille que se livrent la majorité et les minorités. Or il est vrai, et cela malgré ce qu’en disent des associations, que même des hindous sont mal à l’aise par rapport à un certain discours. Les minorités, pour leur part, interprètent les choses comme un désir d’hégémonie de la communauté majoritaire. Dans un tel contexte, on pourrait avoir un vote-sanction, qui recoupe toutes les communautés, contre une certaine manière de faire de certaines associations socioreligieuses.

Qui a le plus à gagner ou à perdre dans cette élection, Pravind ou Ashock Jugnauth?

Je crois que pour Pravind Jugnauth, c’est une lose-lose situation. Qu’il gagne ou qu’il perde, il sera perdant sur le long terme. S’il perd, c’est son leadership à la tête du MSM qui pourrait être remis en question. Son parti se retrouvera nettement fragilisé. Surtout après la défaite au No. 11 lors des dernières législatives. Et cette fois-ci, il aura perdu malgré l’apport du Parti Travailliste. S’il remporte la joute, il ne sera pas en mesure de dire que c’est sa victoire. Il s’est appuyé sur des béquilles. Reste la question d’alliance en cas de victoire. S’il se précipite dans les bras du PTr, Pravind Jugnauth compromettra l’identité même du MSM. Là où il lui faut créer son électorat traditionnel et un nouveau bassin électoral, il va noyer son parti dans une alliance. Quant à Ashock Jugnauth, je crois qu’il a déjà affirmé qu’une défaite pourrait marquer la fin de sa carrière politique. Par contre, s’il gagne, cela pourrait légitimer ses aspirations premierministérielles.

Si Pravind Jugnauth est dans une lose-lose situation, par contre le PTR semble être, lui, dans une win-win situation…

En effet, le PTr a tout à gagner dans cette élection. Quelle qu’en soit l’issue, il y a une porte de sortie. La défaite de Pravind Jugnauth est la seule défaite de Pravind. Sa victoire, c’est aussi celle du PTr. Ce parti a un argumentaire tout prêt qu’elle que soit la situation qui se présentera. Il va attendre le résultat, tirera les conclusions qui s’imposent et se positionnera en conséquence sur l’échiquier politique.