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Inde : Les élections débutent sur fond d''attaques maoïstes

17 avril 2009, 00:00

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Des rebelles maoïstes ont lancé une série d''''attaques jeudi en Inde, où ont débuté des élections législatives appelées à durer un mois et susceptibles de déboucher sur une coalition gouvernementale instable dans un contexte de ralentissement économique.

A la tête d''une coalition de centre gauche, le Parti du Congrès du Premier ministre Manmohan Singh espère conserver le pouvoir face à l''alliance conduite par les nationalistes hindous du parti Bharatiya Janata (BJP).

Mais la présence d''un troisième front constitué de formations communistes et régionales pourrait accoucher d''un parlement hétéroclite - un millier de partis ont présenté des candidats - et d''un gouvernement fragile.

"Divers signes font penser que les élections aboutiront à un arrangement éphémère", estime V. Ravichandar, responsable de la société Feedback Consulting qui conseille les multinationales en Inde. "Ce sera comme en Italie, il se passe quelque chose tous les ans ou tous les ans et demi."

L''incertitude ambiante tient à ce que l''Inde, en plein essor économique voici encore peu, est durement frappée par la crise mondiale et a enregistré des millions de suppressions d''emplois. On craint d''assister à une stagnation politique au moment où le pays tente de venir en aide aux couches pauvres alors que son déficit budgétaire est le plus marqué depuis deux décennies.

Attentats et menaces

En outre, des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans des violences attribuées aux maoïstes durant la semaine écoulée.
Des insurgés ont tué cinq responsables électoraux en faisant sauter une bombe jeudi dans l''Etat de Chhattisgarh. Onze policiers ont péri victimes d''autres attentats dans la "ceinture rouge" du centre et de l''est de l''Inde où les opérations de vote étaient en partie concentrées jeudi.

Des maoïstes ont enlevé huit responsables électoraux dans l''Etat de Jharkhand. Si la plupart des Indiens ont pris part au scrutin dans un climat serein, on n''a pas voté dans des secteurs où des insurgés menaçaient de couper les mains aux électeurs.

Le gouvernement a déployé des centaines de milliers de policiers pour la première étape, qui mobilisait jeudi plus de 140 millions d''électeurs sur un total de 714 millions. Elle concerne certains des Etats les plus pauvres confrontés à des insurrections comme le Bihar, le Chhattisgarh ou le Jharkhand.

Quelque 500 personnes, civils et policiers, ont été tuées lors d''accrochages liés à la rébellion en 2008.
Etalé sur quatre semaines, le scrutin qui vise à élire 543 députés est organisé en cinq étapes. Les résultats, difficiles à prédire, devraient être connus trois jours après la fin du vote, le 16 mai. Les sondages de sortie des urnes sont interdits.

Une victoire nette de l''un ou l''autre des deux grandes formations pourrait donner un coup de fouet aux marchés financiers indiens, mais l''émergence d''une coalition faible regroupant des partis régionaux et communistes aurait un effet opposé très marqué, déclarent des spécialistes.

Appartenances traditionnelles

 Les opérations de vote de jeudi se déroulaient entre la frontière sino-indienne enneigée et le Gange. Les castes et appartenances ethniques ou religieuses jouent en Inde un rôle aussi important que les problèmes économiques ou de sécurité. Des responsables se sont rendus à dos d''éléphant jusqu''aux bureaux de vote les plus reculés jouxtant la frontière birmane. Du matériel électoral envoyé par mer a mis deux jours à parvenir aux îles Andaman, dans le golfe du Bengale.

A Bénarès, ville sainte des bords du Gange connue pour ses gourous hindous, nombre d''électeurs sont arrivés à bicyclette et en charrettes à boeufs pour participer à un vote électronique.

Des femmes vêtues de saris ou de burqas, souvent accompagnées d''enfants, appuyaient sur des boutons portant des pictogrammes de chaque parti. On leur avait tamponné les doigts à l''encre pour éviter les fraudes.

Porteur d''un message populiste, Rahul Gandhi, 38 ans, héritier de la puissante dynastie du même nom, a mené la campagne du Parti du Congrès en sillonnant le pays en hélicoptère pour convaincre "l''homme de la rue".

Le parti au pouvoir comptera toutefois sur Manmohan Singh, 76 ans, pour briguer à nouveau le poste de Premier ministre. Cet homme respecté est crédité du développement économique de l''Inde et de son rapprochement avec Washington.
Son principal concurrent devrait être le chef du BJP, L.K. Advani, 81 ans, mais sa candidature pâtit du soutien qu''il a apporté à des hindous radicaux et pourrait alimenter les tensions avec la minorité musulmane.

 Si une multitude de formations entraient au parlement, un dirigeant surprise pourrait émerger. Ce pourrait être Mayawati, la "reine des intouchables" très populaire dans le Nord, région qui votait jeudi.