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Indépendance : Koze Moris

12 mars 2010, 00:00

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Indépendance : Koze Moris

Ecrivains, auteurs-compositeurs-interprètes, plasticiens, humoristes, c’est avec le coeur rouge-bleu-jaune-vert qu’ils font flotter haut le quadricolore.

Ils dessinent Maurice

Alix Le Juge : « Moi, je peins plutôt la vie. Lors de ma dernière expo, j’ai montré la plénitude en vert, celui de l’environnement, d’un jardin que nous avons créé. C’était très personnel, mais avant cela, j’ai beaucoup fait la mer. Pas une mer démontée, en colère mais calme, paisible, pour l’évasion. On vit dans une île après tout ».

 

Jean-Yves L’Onflé : « Je peins le beau, en mettant l’accent sur les différentes cultures. Vous savez, parfois les gens oublient qu’ils vivent dans un pays multiculturel. C’est pourquoi vous retrouverez dans mes tableaux un bout de sari, un bout d’éventail chinois. Dans mes dernières oeuvres, j’ai mis en relief une croix et un swastika. J’ai commencé à réfléchir à la question depuis l’année dernière. Pourquoi ? Parce que je n’arrête pas d’entendre dire : ‘Moi je suis de telle confession, je n’ai pas le droit de faire telle chose …’ Toutes ces interdictions m’ont interpellé. Ceci dit, ma couleur de prédilection reste le bleu. Le bleu reposant de la nuit, celui du ciel, celui de la mer au bord de laquelle je vais m’asseoir quand je suis en colère ».

Ils disent Maurice

Alex Ng : « J’ai un sujet de prédilection pour mes poèmes. J’aime bien les cités ouvrières et la façon dont elles se sont construites. C’est un microcosme de Maurice. Au départ, c’est une communion, un regroupement de gens qui sont assez unis. Puis, au fi l du temps, cela se dégrade : soit ils rejoignent la petite bourgeoisie, soit ils sombrent dans la drogue, la prostitution et d’autres crimes.»

Alexandre Martin : « Ce n’est pas un sketch, mais cela m’a frappé. On vient de faire un festival mauricien. Or, d’autres artistes sont montés sur scène avec un drapeau jamaïcain ou africain. Pourquoi est-ce que ce n’était pas un drapeau mauricien ? Sinon, pour faire rire les gens, il faut leur parler d’eux-mêmes. Seki zoli, seki problem ousi. Les sketches montrent surtout la mentalité du Mauricien, li personel.»

Ils chantent Maurice

Meera Mohun : « Sur mon dernier album Waves, il y a une chanson qui s’appelle Beloved Country. Je l’ai écrite pour que les gens se réveillent. Nous sommes en léthargie et puis nous nous réveillons subitement le 12 mars. Mais avons-nous vraiment essayé de comprendre les symboles que nous fêtons ? Dans Beloved Country, je donne ma version du quadricolore. Je fais ressortir qu’il ne faut pas juste dire que le pays c’est notre vie mais qu’il faut agir. Partout où je vais, j’entends : ‘Pei bizin donn nou tel tel zafer’. Mais nous, qu’est-ce que nous faisons pour le pays ? Il ne suffi t pas d’aller au Champ de Mars pour la fête. Soyons patriotiques d’abord, lerla nou kapav koze.»

Monaster : « C’est au moment de célébrer l’indépendance que beaucoup proclament haut et fort que nous sommes enn sel lepep enn sel nasion. Mais le pensent-ils vraiment ? C’est ce que nous dénonçons dans nos chansons depuis 1999. Nous parlons également des problèmes de société qui touchent notre île, tels que la drogue, la prostitution et le départ de nos jeunes vers d’autres horizons. Nous essayons de proposer des solutions à ces maux. Pour nous, Maurice c’est avant tout le métissage. Bizin pa get dimounn par kouler lapo, seve ou laparans. Arrêtons de parler de mauricianisme, parlons de métissage c’est le métissage qui fera progresser notre île. »

Eric Triton : « J’essaye de dire les choses sans brutalité mais en touchant les autres. Avec un peu d’humour parce que parfois c’est délicat, ces réalités. J’écris sur tout ce qui me touche, les problèmes de trottoirs, de zanfan lekol, d’eau…Respekte fam est le dernier morceau inédit que j’ai chanté sur scène pendant le concert de Linzy Bacbotte la semaine dernière. Trop longtemps, les gens ont attendu que la religion ou la politique leur apportent le bonheur. Je crois que ce sont les artistes qui peuvent leur en donner, du bonheur car nous croyons dans l’humain et nous sommes là, pas pour imposer des choses, mais pour les proposer.»

Aline GROËME-HARMON