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Infrastructures : ces projets qui piétinent

14 juillet 2013, 22:15

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Infrastructures : ces projets qui piétinent
Au cours de ces quatre à sept années, beaucoup de projets du secteur privé et du public n’ont pu voir le jour. La faute à qui ? Forte concurrence locale et internationale ? Effet de la crise économique mondiale ? Ou encore l’insuffisance de fonds ? 
 
Les projets Integrated Resort Scheme (IRS) par exemple, ont du mal à décoller avec la concurrence d’autres destinations qui ne cesse de s’accroître. Mais ne perdons pas espoir. Le projet de «nouvelle capitale administrative du pays», prévu à Highlands, sera remis sur les rails. 
 
 
Binani Cement
 

Parmi ses multiples projets on retrouve la cimenterie de la compagnie indienne Binani Cement qui date de 2009. Des barrières se sont multipliées sur le parcours de cette entreprise. A titre d’exemple elle n’a eu que quatre hectares de la Mauritius Ports Authority (MPA) pour son projet alors qu’elle s’attendait à en obtenir 6,5 hectares. Puis, d’autres problèmes surgiront, notamment la contestation du permis d’Environmental Impact Assessment (EIA) qui avait été accordé à Binani Cement et l’augmentation des coûts du projet, entre autres. Découragée, la compagnie a fini par jeter l’éponge en octobre de l’année dernière.

 

Jin Fei

Une quarantaine de sociétés chinoises étaient censées venir s’implanter dans cette zone économique spéciale lancée à Riche-Terre en septembre 2009. Des unités de fabrication de panneaux photovoltaïques, de produits en acier inoxydables et pharmaceutiques devaient par conséquent y voir le jour. Des projets immobiliers, dont des espaces bureaux et des hôtels, étaient aussi prévus à l’origine. La partie chinoise ambitionnait même de faire de Maurice un hub pour ses exportations vers l’Afrique. Toutefois, un obstacle de taille s’est présenté lorsque les promoteurs ont eu du mal à convaincre les sociétés de leur pays à venir s’installer à Maurice.

Qualifié de «ville fantôme» à un certain moment, le site de Jin Fei semble se réveiller timidement. En effet, les travaux de construction d’un complexe résidentiel destiné aux hommes d’affaires qui opéreront sur place et d’un Business Centre sont actuellement en cours. De plus, un entrepôt et une usine de fabrication de portes et fenêtres en aluminium et en acier destinées au marché local sont déjà opérationnels. Quelque Rs 1 milliard auront été investies à ce jour par la partie chinoise.

 

Neotown

L’opposition a qualifié ce projet de la compagnie indienne Patel Engineering Ltd, à Les Salines, Port-Louis, de «méga-scandale». Lancé en mars 2010, il devait voir le jour sur un terrain de 60 arpents, avec l’aménagement d’une ville intégrée comprenant des complexes résidentiels, une marina, des bureaux et des espaces commerciaux. Là où le bât blesse, c’est que l’emplacement où Neotown devait être construite est un terrain de grande valeur commerciale, évaluée à Rs 15 milliards, pour un loyer annuel de Rs 15 millions, soit 0,1 % de la valeur du terrain.

D’ailleurs, à ce jour, Neotown est demeuré à l’état de projet même si le ministre du Logement et des Terres, Abu Kasenally, estime par exemple que le promoteur «est en train de faire des travaux d’infrastructures et d’embellissement sur le site». Ce qui pousse l’opposition à se demander si Patel Engineering Ltd ne fait pas «semblant». Tout en concédant que les travaux n’avancent pas très vite, le ministre affirme en retour que le promoteur a été prié d’accélérer la progression du projet.

La compagnie indienne a fait mention d’investissements de Rs 15 milliards et de la création de 9 000 emplois.

 

Highlands City

Le projet de Highlands City initié en 2008 avait pour vocation première d’être la «nouvelle capitale administrative» du pays, où seraient relogés Assemblée nationale, Cour suprême et principaux ministères.

Il s’agirait également d’une ville intégrée, avec un complexe hospitalier, des centres de recherche, des villas et appartements, des hôtels, des shoppings malls et autres restaurants. L’enseignement supérieur devrait par ailleurs y être favorisé au travers d’établissements de standard international appelés à accueillir des étudiants étrangers.

La pose de la première pierre avait été annoncée pour juillet 2009 mais depuis le projet a été mis au placard, surtout après le départ de l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, du gouvernement. Toutefois, à ce jour, au niveau du bureau du Premier ministre, on souligne que «le projet de Highlands City va de l’avant». La première phase de la ville intégrée, qui s’étendra sur 218 arpents, «sera bientôt enclenchée», affirme-t-on, par la SLDC.

 

Les Integrated Resort Scheme (IRS)

Avec la crise financière internationale de 2008, seulement une dizaine de la vingtaine de projets Integrated Resort Scheme (IRS) soumis au Board of Investment ont pu voir le jour. De fait, l’objectif fixé en 2003, qui voit l’apparition du concept IRS, de quelque 3 000 villas construites, n’est pas encore atteint.

Celles de la Société de la Réserve, de River Club, du groupe indien Oberoi en partenariat avec le groupe Ramphul, de Gamma, de Betonix et du Sugar Investment Trust ou encore du groupe français Bouigue ne démarrent toujours pas. La protection du Morne, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco a aussi joué les trouble-fêtes pour ce qui est du décollage de certains projets.

L’on mentionnera en outre ce projet d’un promoteur français à  Roches-Noires et celui de la compagnie chypriote Tatorio Holdings (Projet Corniche Bay) à La Gaulette qui ont été mis sous administration judiciaire.  Des tentatives pour les relancer sont en cours.

A Les Salines, Rivière-Noire, les problèmes qui se mettent en travers de la route des promoteurs comprennent ceux de fourniture d’eau, de routes d’accès et de contestations pour ce qui est de l’allocation de certains terrains. Si cette région a attiré pas moins de huit projets IRS, de construction de résidences et d’espaces loisirs, avec le nombre de chambres d’hôtels qui excède celui des arrivées touristiques, les chances pour qu’ils se concrétisent dans un futur proche sont moindres. Il ne faut pas oublier que les projets IRS comprennent principalement des hôtels et des villas.

 

Les centres commerciaux

Force est de constater qu’Ebène City et CentrePoint, à Trianon, deux projets de complexes commerciaux, n’arrivent pas non plus à démarrer. En cause, la concurrence, particulièrement rude dans ce secteur, sans doute, si bien que les promoteurs de CentrePoint ont  des démêlés avec la justice et leur projet a été mis en liquidation.

«Des créanciers  de CentrePoint s’opposaient à la mise en liquidation de la compagnie et une injonction a été logée en cour. L’injonction a été retirée par la suite mais une nouvelle a été logée. Toutefois, à PricewaterhouseCoopers, nous continuons nos négociations en vue de trouver un acquéreur», fait ressortir Mushtaq Oosman de PwC, liquidateur de la compagnie.

La construction  de CentrePoint, qui a pour promoteur Comaprim Ltd, a commencé en 2007 mais les travaux ont stoppé en raison des difficultés rencontrées par la compagnie en vue d’honorer ses obligations bancaires entre autres.

Ambitieux, ce complexe devait accueillir 150 boutiques, six salles de cinéma, une crèche, un gymnase, un spa, un bowling et un food court de quelque 25 types de cuisine. L’investissement prévu était d’environ Rs 1,2 milliard. Le centre commercial  devait entrer en opération fin 2009. Néanmoins, Zuber Timol, directeur de Comaprim Ltd, a été  arrêté à la fin de l’année dernière. Il est soupçonné d’être impliqué dans un scandale immobilier.

Pour ce qui est d’Ebène City, c’est un projet comprenant un centre commercial, le «Mall of Mauritius», des complexes résidentiels, des espaces bureaux et de loisirs. Il inclut aussi 39 immeubles de quatre à 17 étages, une Business School, une Medical Tower, une Law Tower, deux hôtels de 750 chambres, six salles de cinéma et un square pouvant accueillir des concerts et d’autres activités récréatives. Ebène City devait nécessiter des investissements de Rs 20 milliards. Des travaux préliminaires ont même débuté avant de stopper net.

 

Le Rose Belle Business Park

Voilà huit ans déjà que ce projet a été conçu et selon la direction de Business Parks of Mauritius Ltd (BPML), il va de l’avant. Le Rose Belle Business Park sera un bâtiment doté de six étages pour un investissement estimé à Rs 250 millions.

«Le projet a pris le temps qu’il fallait. Nous suivons toutes les procédures. Il a fallu faire les travaux d’infrastructures et entamer des démarches en vue de trouver un consultant pour le projet», confie Dharam Naugah, président de BPML.

«Nous espérons, ajoute-t-il, que la construction commencera avant la fin de l’année. Elle durera 15 mois. Ce sera un bâtiment réservé aux entreprises de haute technologie, construit selon le même principe que la cybertour. Nous avons aussi un projet de construction d’un second Business Park à Rose-Belle.»

D’ici fin juillet, BPML devrait finaliser le choix du consultant qui sera chargé de préparer les appels d’offres pour la construction du Business Park. Celle-ci se fera sur deux arpents et le reste des 44 arpents appartenant à BPML sera alloué à d’autres entreprises. Après la taillerie de diamants déjà opérationnelle sur ce terrain, Mauritius Telecom compte également s’y installer de même qu’une compagnie qui a l’intention de louer six arpents pour ses activités d’entreposage, entre autres.