Aux trois quarts de son échéance, quoi dire du Tour 2011, que j’ai suivi comme tout le monde à la télé à l’exception de la 14ème étape (Saint Gaudens – Plateau de Beille) et la 15ème étape (Limoux – Montpellier) que j’ai eu le grand privilège de voir en «live» ? Eh bien ! Que la grande majorité des passionnés de vélo reste sur sa faim et trouve que, jusqu’ici, le Tour n’a accouché que d’une souris.

Non pas que le Maillot Jaune actuel, Thomas Voeckler, mérite d’être assimilé à ce petit rongeur, mais plutôt que les prétendants affichés à la victoire aux Champs Elysées, le 24 juillet, se sont montrés, jusqu’ici, tout sauf les «géants de la route» qu’ils prétendent être. Bien sûr, les nombreuses chutes intervenues, au cours de la première semaine, ont quelque peu handicapé et même éliminé certains leaders.

Le vainqueur sortant, l’Espagnol Alberto Contador, toujours en course, attribue, ses 4 minutes de retard sur le leader actuel à une douleur persistante au genou, conséquence d’une de ses deux chutes dont il a été victime.

Si le vainqueur 2010 peut évoquer des circonstances atténuantes, il n’est pas de même pour les autres favoris: les frères Andy et Fränk Schleck ainsi que l’Australien Cadel Evans qui ont passé plus de temps à s’observer qu’à attaquer. A voir leur passivité on pourrait même arriver à la conclusion que, pris de compassion, ils ont scrupule, à s’en aller, laissant à son triste sort celui qui s’était affirmé, ces dernières années, comme le «patron du peloton».

Si les puristes regrettent cette passivité, il n’en est pas de même pour le public français, massé par centaines de milliers au bord des routes, qui exultent au passage du peloton au sein duquel ils n’ont aucune difficulté à identifier leur «chouchou» Thomas Voeckler déguisé en canari.

Tous ces vivats qui lui sont destinés sont bien mérités. Ce coureur, né en Alsace, a donné ses premiers coups de pédale en Martinique avant d’intégrer, à l’âge de 17 ans, la structure de Jean René Bernaudau, ancien équipier de Bernard Hinault, qui s’était fixé pour objectif la formation d’une nouvelle génération de coureurs français «sains et propres».

Passé professionnel, le jeune Voeckler, a mis en pratique les principes qui lui avaient été inculqués, à savoir un entraînement intensif, le courage d’attaquer, accepter d’aller à la limite de ses forces et toujours recommencer avec la conviction que le travail bien fait finit par payer un jour et ce sans aucune aide artificielle.

Et le travail de Voeckler n’a pas été récompensé un jour seulement. En témoignent les nombreuses victoires inscrites à son palmarès dont le Championnat de France et une victoire d’étape au Tour de France 2004 qui lui valut de porter le maillot jaune pendant 4 étapes.

Face aux «cadors» que sont Contador, Schleck brothers, Evans, Basso et autres Cunego, le Français est handicapé par des moyens physiques inférieurs. Il n’excelle dans aucune des spécialités que sont le sprint, la montagne ou le contre la montre. Par contre il n’a pas son égal lorsqu’il s’agit de faire preuve de culot et d’audace en faussant compagnie au peloton pour se lancer dans une échappée au long cours. Il n’acceptera de baisser pavillon que lorsqu’il aura épuisé toutes ses ressources
tout en jurant de récidiver à la moindre occasion.

C’est presque avec insolence qu’il a accompagné les meilleurs grimpeurs de ce tour dans les cols les plus difficiles se permettant de
répondre du tac au tac à leurs timides attaques. On peut se demander si ce changement de comportement de la part des grands
favoris et le nivellement des différences auxquels nous assistons ne seraient pas la conséquence des contrôles anti dopage de plus en plus fréquents sur le tour ?

Si l’on est en droit d’attendre une réaction au cours de cette dernière semaine de la part des grands favoris, ne serait-ce que pour faire honneur à leur réputation, le statu quo n’en serait pas pour autant déplaisant car il permettrait à David de vaincre
les Goliath et à Voeckler de prouver qu’il est le digne descendant d’Astérix sans l’aide de la….potion magique.

Fausto