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Irak : violente campagne contre des adolescents perçus comme déviants
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Irak : violente campagne contre des adolescents perçus comme déviants
Des adolescents irakiens adeptes d''''un style vestimentaire perçu comme déviant, les "emos", sont depuis plusieurs semaines l''objet d''une violente campagne d''agressions qui a fait au moins 15 morts à Bagdad, selon des responsables et des groupes de défense des droits de l''homme.(Photo : Un jeune homme irakien, qui se qualifie d''"emos", fume une chicha pour éviter d''être reconnu, à Najaf, au sud de Bagdad)
"Quatorze adolescents ont été tués en un mois, dont 7 avec des pierres et 5 par balles", a déclaré ce dimanche 11 mars une source à l''hôpital de Roussafa de Bagdad. Un autre corps a été trouvé il y a deux jours à Bayaa, dans l''ouest de Bagdad, selon une autre source médicale. "La police en général s''occupe de ces incidents. Ils n''aiment pas que les médecins ou les ambulances les prennent", a précisé cette source.
"VAGUE DE VIOLENCE ANTI-HOMOSEXUELLE"
Selon des habitants de Sadr City, le quartier conservateur chiite de Bagdad, "ces derniers jours, une liste de 22 noms d''adolescents a été affichée dans la rue principale, appelant les familles à prendre soin de leurs fils, sans quoi ils seraient punis". L''affiche était signée par la milice Saraia al-Gathab (brigade de la colère).
Par ailleurs, Reuters a eu connaissance samedi d''un autre pamphlet distribué dans le quartier chiite de Bayaa, dans l''est de la capitale, donnant la liste de 24 jeunes menacés de mort. "Nous vous prévenons, jeunes gens et jeunes filles obscènes, que si vous n''abandonnez pas votre sale comportement d''ici quatre jours, le châtiment de Dieu s''abattra sur vous par le biais des Moudjahidine !", pouvait-on lire sur ce tract.
Dans les pays occidentaux, les "emos", du mot anglais "emotional", sont généralement des jeunes écoutant de la musique alternative et portant des vêtements noirs avec des coupes de cheveux caractéristiques. En Irak toutefois, le terme s''applique souvent aux homosexuels. Selon l''International Gay and Lesbian Human Rights Commission, basée à New York, il s''agit d''"une nouvelle vague de violence anti-homosexuelle" lancée en février, qui aurait fait près de 40 victimes, enlevées, torturées et tuées à travers le pays.
En février, le ministère de l''Intérieur avait évoqué le phénomène de ces jeunes punks, présentés comme des "satanistes", qui gagnerait du terrain dans les écoles, tout particulièrement chez les jeunes filles. Le ministère avait donné l''ordre à la police de les faire rentrer dans les rangs. "Ils arborent des vêtements moulants avec des têtes de mort peintes. Leurs fournitures scolaires sont décorées de crânes, ils portent des anneaux au nez et aux oreilles", précisaient les autorités.
Les dignitaires religieux chiites ont pour leur part condamné ces lapidations. Abdoul-Rahim al Rikabi, représentant pour Bagdad de l''ayatollah Ali al Sistani, a ainsi parlé d''"attaques terroristes" à leur sujet.
Photo : Un jeune homme irakien, qui se qualifie d"emos", fume une chicha pour éviter d''être reconnu, à Najaf, au sud de Bagdad.
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