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Iran : Téhéran reprend la main avant une 1ère journée de deuil

24 juin 2009, 00:00

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Iran : Téhéran reprend la main avant une 1ère journée de deuil

Les forces de l''''ordre iraniennes semblent être venues à bout de la vague de contestation soulevée par la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad, mais plusieurs membres du camp réformateur n''ont pas renoncé à observer un deuil national à la mémoire des manifestants tués la semaine dernière.

Bien que les "Allahu Akbar" (Dieu est le plus grand), lancés des toits de la capitale comme lors de la révolution islamique de 1979, continuent à retentir une fois la nuit tombée, les conservateurs au pouvoir, relayés dans la rue par les miliciens bassidji, ont visiblement repris les choses en main.

Dix manifestants ont été tués samedi au cours de la manifestation la plus violente depuis le scrutin du 12 juin et sept autres avaient trouvé la mort les jours précédents, selon le bilan officiel. Filmés et diffusés sur internet, plusieurs de ces décès, dont celui de Neda, jeune femme devenue le symbole de la contestation, ont exacerbé l''indignation de la communauté internationale.

Barack Obama s''est dit "choqué et outré", mardi, tandis que Téhéran accusait Londres et Washington de souffler sur les braises de la contestation.

Le président des Etats-Unis s''est à nouveau engagé à respecter la souveraineté de la République islamique et a nié toute ingérence dans les affaires iraniennes.

"Mais nous devons également témoigner du courage et de la dignité du peuple iranien, et de la formidable ouverture au sein de la société iranienne", a-t-il ajouté avant d''exhorter le pouvoir à "respecter la volonté" de son peuple et à "gouverner par le consentement, non par la coercition".

Plusieurs manifestants arrêtés, dont les aveux ont été diffusés par la télévision publique, se sont dits instrumentalisés par les médias occidentaux.

Donner une leçon aux contestataires

 "Les émeutiers avouent: la presse occidentale nous a dupés", titre mercredi le quotidien conservateur en anglais Kayhan International. D''autres titres dénoncent la responsabilité du principal rival d''Ahmadinejad, dont l''investiture aura lieu entre le 26 juillet et le 19 août, précisent-ils.

"Le responsable de la mort de mon fils est Mirhossein Moussavi et je ne lâcherai pas cette affaire avant d''avoir obtenu justice", dit le père d''un manifestant tué, dans les colonnes du Vatan e Emrouz.

L''ancien premier ministre, qui revendique la victoire à la présidentielle, a assuré à plusieurs reprises que ses partisans n''étaient pour rien dans les affrontements des derniers jours.

Vingt-cinq membres du personnel de Kalameh-y e Sabz, journal dirigé par Moussavi, ont été arrêtés lundi sur ordre du procureur de Téhéran, Saeed Mortazavi, selon le quotidien Sarmayeh. La police a par ailleurs fait savoir, via l''agence de presse officielle Irna, que 137 "émeutiers" avaient été interpellés le 15 juin.

Les autorités judiciaires ont promis mardi de "donner une leçon" aux contestataires, ce qui n''a semble-t-il pas dissuadé le clan réformateur de s''exprimer.

Le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, entré depuis plusieurs années en dissidence, a invité le peuple iranien à observer trois jours de deuil à compter de ce mercredi en mémoire des victimes de la répression.

"Résister aux exigences du peuple est interdit par la religion (...) J''appelle à trois jours de deuil national à compter de mercredi", dit-il dans un communiqué diffusé dimanche.

Le réformateur Mehdi Karoubi, autre adversaire malheureux de Mahmoud Ahmadinejad, a également invité ses partisans à observer une journée de deuil, jeudi.

Le candidat conservateur Mohsen Reza, ancien Gardien de la révolution, a en revanche renoncé mercredi à sa plainte contre les conditions du scrutin. Ali Khamenei, Guide suprême de la révolution, avait annoncé la veille une prolongation de cinq jours du délai pour déposer un recours. Le délai initial expirait ce mercredi.

Sans refuser d''examiner ces recours, le Conseil des Gardiens, organe législatif suprême, a exclu de revenir sur l''issue du scrutin.

NDLR - Les conditions de travail des journalistes de Reuters et des autres médias étrangers font l''objet de restrictions imposées par les autorités iraniennes.

(Source : Reuters)