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Irlande : Des milliers de manifestants protestent contre le plan d’austérité annoncé
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Irlande : Des milliers de manifestants protestent contre le plan d’austérité annoncé
Des milliers d''''Irlandais ont défilé, le samedi 27 novembre, dans les rues de Dublin pour protester contre les mesures d''austérité du gouvernement et sa décision de solliciter l''aide de l''UE et du FMI, dont le plan d''assistance de 85 milliards d''euros doit être présenté dimanche.
Les manifestants étaient 50 000, selon la police, trois fois plus, selon les organisateurs. La manifestation s''est déroulée dans une atmosphère exubérante mais sans violence, nombre de participants ayant gagné la capitale en car malgré la neige tombée durant la nuit.
Les syndicats avaient appelé à une marche jusqu''à la Poste centrale, QG de l''insurrection irlandaise d''avril 1916 où fut proclamée la république et symbole de l''indépendance du pays. L''idée d''un abandon de souveraineté en direction de Bruxelles ranime dans le pays une fibre nationale sensible.
"Nous tentons de récupérer notre souveraineté avant qu''elle soit perdue et que le FMI vende au plus offrant nos ressources naturelles et nos actifs", a dit Feilim Wakely, du comté de Louth. Sa pancarte affirmait que "l''Eire n''est pas à vendre".
"La santé et l''éducation vont souffrir, mais personne ne brûlera les porteurs d''obligations", déclarait l''actrice Deirdre Monaghan. "Les implications sont énormes, cela accentuera le racisme, le ressentiment et le morcellement de la société."
Dublin a accepté le principe d''une aide conjuguée de l''Union européenne et du Fonds monétaire international dont les modalités doivent être dévoilées après une visioconférence des ministres des Finances de l''UE prévue, ce dimanche 28 novembre, vers 15h00 GMT.
Dans un hôtel de Dublin, des négociateurs s''employaient samedi à mettre au point ce plan dont les dirigeants européens espèrent qu''il permettra d''éviter que la crise ne s''étende au Portugal et à l''Espagne, en menaçant l''avenir de l''euro.
L''attention des contribuables irlandais se concentre sur le taux d''intérêt des prêts en négociation. Pour les partis que l''on s''attend à voir former le prochain gouvernement, un accord serait inacceptable si ce taux était trop élevé.
Eamon Gilmore, dirigeant du Parti travailliste (opposition), a jugé "très inquiétant" une information de la chaîne publique RTE selon laquelle le taux d''intérêt des 85 millions d''euros de prêts pourrait atteindre 6,7%.
"Si c''est vrai, ce serait une capitulation consternante du gouvernement. Et une trahison des principes fondateurs de l''Union européenne", a-t-il dit lors d''une conférence du Labour.
Le ministre de la Communication, Eamon Ryan, a dit que l''accord n''était pas entièrement au point et comporterait plusieurs types de prêts à taux d''intérêt différents, mais que le chiffre de 6,7% était supérieur à ce que paierait Dublin.
Le Fine Gael, principale formation de l''opposition, a déclaré qu''un taux de plus de 6% serait inacceptable.
On s''attend à ce que le Fine Gael et les travaillistes évincent le Fianna Fail du Premier ministre Brian Cowen et arrivent au pouvoir dans quelques mois. Ils comptent respecter l''accord que Cowan aura conclu avec le FMI et l''UE mais n''excluent pas d''en renégocier des points de détail.
Le gouvernement Cowen a présenté cette semaine un plan de réduction des déficits sur quatre ans qui doit se traduire par 15 milliards d''euros d''économies.
Le vote du budget 2011 est prévu le 7 décembre. Le gouvernement ne compte que deux voix de majorité au Dail (chambre basse), celles d''élus indépendants qui pourraient voter contre la loi de finances.
L''opposition souhaite que certains créanciers des banques irlandaises, qui sont à l''origine des déboires financiers actuels en raison de prêts immobiliers accordés imprudemment dans les années de forte croissance du "Tigre celtique", partagent une partie du coût du plan de renflouement UE-FMI.
Les Irlandais ont supporté avec stoïcisme deux années de récession, une fulgurante montée du chômage et un programme de hausses d''impôts et de réductions de dépenses. Mais beaucoup se disent furieux des nouvelles mesures d''austérité et de la décision de réclamer une aussi forte aide extérieure.
Une fois le plan d''assistance bouclé, le couperet pourrait tomber sur le Portugal, qui a adopté vendredi un budget de rigueur pour 2011 mais peine à atteindre ses objectifs de réduction de déficits. Lisbonne a démenti être en passe de réclamer une assistance, mais une majorité d''économistes consultés par Reuters cette semaine ne l''excluaient pas.
Le président de l''Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, estime que les cas de l''Irlande et du Portugal ne sont pas comparables. Lisbonne "a mis sur la table un plan d''assainissement budgétaire assez conséquent. Et le secteur bancaire montre des signes de robustesse", a-t-il dit au quotidien belge L''Echo.
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