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Jack Bizlall : « Je suis resté un militant authentique »
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Jack Bizlall : « Je suis resté un militant authentique »
Initiateur du Collectif des secteurs libérés et du Collectif des femmes pour le changement, Jack Bizlall dit poursuivre « le même travail que lorsque j’étais au MMM dans les années 70 ».
Dans l’ensemble, le rassemblement du Collectif des femmes pour le changement, le 29 juillet, a-t-il été à la hauteur des attentes ?
La rencontre de dimanche a vu la participation de huit femmes, dont trois ont participé aux débats. Leur travail a été intéressant, car elles ont pu identifier les problèmes de la société. Elles vont maintenant draft leur programme. Elles auront deux objectifs. Le premier, d’organiser un atelier de travail à la fi n de janvier prochain. Le second, un projet de livre pour février.
Ne craignez-vous pas que ce Collectif ne souffre de l’aura de Jack Bizlall, qu’on pourrait volontiers présenter comme la façade du mouvement ?
Il faut comprendre que je travaille avec elles, mais il y a aussi plusieurs collectifs qui voient le jour. Le Collectif des secteurs libérés et celui des femmes pour le changement ne sont qu’un début. Nous voulons en réunir un autre, le 11 août prochain devant le bureau de poste de Rose-Hill, qui comprendra des jeunes. Le 11 août toujours, un autre collectif, composé d’intellectuels cette fois, devrait voir le jour. Les personnes âgées ne sont pas en reste. Bon nombre d’entre elles sont toujours capables et ont toutes leurs facultés intellectuelles. L’idée est de les encourager, de les engager à encadrer les jeunes, à les accompagner dans leur éveil. Tout comme pour le Collectif des femmes pour le changement, où les hommes ont été invités à se mettre au service des femmes, les personnes âgées seront invitées à éveiller la conscience, politique notamment, de ces jeunes.
A un moment où la chose politique locale montre à nouveau que les idées ne sont pas le fort de ses principaux acteurs, ne pensez-vous pas que ce soit une bataille à la Don Quichotte, surtout en voulant intéresser les jeunes ?
Je suis en contact avec des jeunes très valables ici à Maurice, mais aussi avec des jeunes qui étudient à l’étranger. Ils présentent un potentiel énorme, d’autant qu’ils comptent revenir au pays. Ils étudient ou sont hautement qualifiés, ils ont développé une autre mentalité et ne sont pas des opportunistes, n’entendent pas se courber, comme certains de leurs compatriotes. Pour ma part, j’essaie juste de faire le lien entre eux.
Et ce, en vue d’un grand rassemblement…
A terme, ces personnes, à travers les collectifs, se réuniront le 12 mars 2013 pour parler d’une nouvelle Constitution. J’ai entamé un travail de construction car je suis resté un militant authentique. Je poursuis le même travail que lorsque j’étais au MMM dans les années 70.
De temps en temps, on entend, en parlant de politique locale, des termes comme «gauche» ou «droite». Mais, pourquoi les Mauriciens ne sont-ils plus sensibles aux idéologies ?
Il faut éclaircir certaines idées archaïques. Pour commencer, parler politique ne se résume pas qu’aux seules notions de «gauche» ou de «droite». Par exemple, la gauche a une valeur historique, à l’exemple de certains combats, comme pour les libertés, l’égalité, entre autres. Maintenant, je peux le dire. J’ai quitté le MMM en 1980, je suis parti seul. Et ce, parce qu’il y avait, au sein du parti, deux types d’hommes. Ceux qui sont effectivement imbus de la philosophie de gauche, qui a des notions historiques, un engagement certain, une esthétique, une beauté d’âme allant au-delà du matériel et, surtout, une éthique. Puis il y a un deuxième type de personnes qui se retrouvent dans la gauche. Ceux-là veulent être importants et tiennent davantage du capitalisme. Par analogie, on pourrait les comparer à la bourgeoisie qui fait tout pour renverser la noblesse, mais essaie de lui ressembler. Le MMM ne compte pas des gens de gauche. Ses membres ont un train de vie bourgeois et veulent uniquement jouir du pouvoir politique. Comme bon nombre de ceux qui se disaient radicaux de gauche dans les années 70 et qui maintenant ont viré au capitalisme.
Propos recueillis par Ludovic Agathe
(Source : l’express iD, mardi 7 août 2012)
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