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Jacques Sadreux « Il y a, à la Rose-Croix, une représentation sociologique parfaite »

21 octobre 2010, 09:51

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Le représentant du Grand Maître de la juridiction francophone de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC) présente l’association à laquelle il appartient.

Pouvez-vous nous présenter l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose- Croix (AMORC) ?

Je tiens d’abord à préciser que la Rose-Croix n’est pas une secte. A la différence des sectes, les membres de la Rose-Croix sont encouragés à assumer leurs responsabilités dans leur famille et dans la société.

Le Grand Maître de chaque juridiction linguistique est, quant à lui, élu par les membres et exerce ses fonctions pendant une durée de cinq ans. Le Grand Maître peut également être démis de ses fonctions par les membres de l’ordre si cela est jugé nécessaire. Quant au financement de l’ordre, il est assuré par une quotité modique annuelle(NdlR : 150 euros, soit Rs 6 150).

Nous ne sommes pas non plus une religion ou un mouvement New Age mais plutôt une organisation traditionnelle, philosophique et initiatique véhiculant des enseignements légués par des maîtres du passé.

Depuis combien de temps cet ordre existe-t-il ?

Selon la tradition, les origines de la Rose-Croix remontent aux Ecoles de Mystères de l’ancienne Egypte. Dans ces écoles, des initiés se réunissaient pour étudier les mystères de la création. Cependant, sur le plan historique, la Rose-Croix est née au début du XVIIe siècle, avec la publication de ses trois premiers manifestes.

L’on associe souvent les rites initiatiques que vous pratiquez à l’occultisme ou à la sorcellerie. Qu’en est-il exactement ?

Nous étudions les mystères de l’univers et les lois naturelles. Malheureusement, tout ce qui est mystique est souvent comparé aux pratiques occultes et a souvent une connotation péjorative. Nos rites ne sont en rien insolites, surnaturels ou magiques.

Quels sont les liens que vous entretenez avec la franc-maçonnerie et en quoi l’AMORC est-il différent de cette autre organisation ésotérique ?

Jusqu’à la fi n du XVIIIe siècle, ces deux ordres faisaient partie d’une même structure et étaient donc étroitement liés. Cependant, à partir de la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, il n’y a plus eu de lien entre les deux organisations même si une certaine entente a subsisté. Il y a, par exemple, quelques personnes qui sont membres des deux fraternités. Cependant, n’ayant pas une connaissance approfondie de la franc-maçonnerie, je ne suis pas en mesure de vous dire exactement en quoi ses rites initiatiques sont différents de ceux de l’ordre de la Rose-Croix.

Quid de cette réputation de réseau d’entraide constitué de membres haut placés qui se sont juré de se soutenir mutuellement ?

Il y a, à la Rose-Croix, une représentation sociologique parfaite. On y retrouve, entre autres, des politiques de tous bords, des hommes d’affaires, des chercheurs, des agriculteurs et des ouvriers. L’adhésion à notre ordre ne nécessite aucun parrainage et n’est pas réservée à l’élite. L’AMORC est ouvert à tous, sans distinction de race, de sexe ou de classe sociale. Notre fraternité ne recherche pas le pouvoir et nous ne courtisons pas les hommes politiques ou d’autres personnes haut placées. Il peut, bien entendu, se développer des amitiés entre les membres d’une même loge mais il n’y a, à aucun moment, de prestation de serment de fidélité ou d’entraide.

Quel est l’intérêt d’être rosicrucien aujourd’hui ?

L’ordre de la Rose-Croix aide les hommes et les femmes à apprendre à diriger leur vie par la connaissance des lois naturelles. Tout être humain est capable de transformer sa vie par l’alchimie. Notre ordre offre à ses membres la possibilité de transmuter leurs défauts, de se débarrasser de leurs idées négatives, de se maîtriser et de comprendre les autres. Nous essayons, de surcroît, d’insuffler davantage d’humanisme dans un monde qui semble avoir perdu ses repères. L’humanité souffre d’une avidité de pouvoir et de richesse. En 2001, nous avons publié un quatrième manifeste, la Positio Fraternitatis Rosae Crucis, dans lequel nous essayons de sensibiliser nos membres aux méfaits de la consommation à outrance et aux problèmes environnementaux. Nous avions d’ailleurs prédit, dans ce manifeste, l’avènement de la récente crise financière.

Le fait d’être membre de l’AMORC n’est-il pas une remise en question de ses convictions religieuses ?

Il n’y a absolument rien qui nous oppose à la religion. La devise de l’ordre est «la plus large tolérance dans la plus stricte indépendance». Les questions politiques et religieuses ne sont jamais abordées dans les loges de la Rose-Croix et chacun est libre de ses convictions. L’on nous associe à tort au christianisme, en grande partie à cause de notre emblème, une croix dorée ayant une rose rouge en son centre. Or, la croix représente le corps de l’homme et la rose, son âme en voie d’évolution. Notre ordre compte, en fait, outre les chrétiens, des bouddhistes, des musulmans et des hindous. Notre quête est spiritualiste et non religieuse. Elle n’est en contradiction avec aucune religion. Je suis moi-même catholique et les enseignements de la Rose-Croix m’ont permis de mieux comprendre certains aspects de ma religion.

Entretien réalisé par Kenneth BABAJIE
Photos : Cynthia EDOUARD

Kenneth BABAJIE