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Japon : situation toujours critique à la centrale de Fukushima-Daiichi
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Japon : situation toujours critique à la centrale de Fukushima-Daiichi
La crise nucléaire menace d''''échapper à tout contrôle au Japon où le personnel de la centrale de Fukushima-Daiichi, dévastée il y a cinq jours par un séisme et un tsunami, a évacué le site pendant une heure mercredi en raison d''une hausse de la radioactivité.
Cette radioactivité était même trop élevée pour qu''un hélicoptère de l''armée puisse déverser de l''eau sur le réacteur n°3, celui qui préoccupe le plus les autorités, afin de refroidir les barres de combustible en surchauffe. Une autre tentative pourrait avoir lieu jeudi.
Dans l''attente, la police veut utiliser des canons à eau, habituellement employés contre les manifestations, pour refroidir les installations.
Le commissaire européen à l''Energie, Günther Öttinger, a dit craindre personnellement qu''"un nouvel événement catastrophique" se produise dans les prochaines heures susceptible de menacer la vie des habitants de l''île de Honshu.
Selon lui, les autorités ne contrôlent plus la centrale dont les systèmes de refroidissement sont hors service. Sa porte-parole a ensuite tenu à souligner que le commissaire ne faisait que donner son sentiment face aux informations en provenance du Japon.
LE PATRON DE L''AIEA AU JAPON
A Vienne, le directeur général de l''Agence internationale de l''énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a parlé de situation "très sérieuse" et a décidé de se rendre sur place. Mais il a jugé impropre de dire que la situation était "hors de contrôle".
Selon des experts, dans le pire des cas l''accident à Fukushima-Daiichi pourrait envoyer dans l''atmosphère une forte radioactivité mais les conséquences devraient rester largement limitées au territoire japonais.
La catastrophe de Tchernobyl, il y a un quart de siècle, avait entraîné un nuage radioactif qui avait survolé une grande partie de l''Europe.
L''ordre d''évacuation mercredi matin des techniciens de Tepco, l''opérateur privé de la centrale, a été levé au bout d''une heure, vers 02h30 GMT, heure à laquelle 180 employés se trouvaient de nouveau sur le site à 240 km au nord de Tokyo.
Quelques heures plus tôt, un incendie s''était déclaré au réacteur n°4. Les secours tentent de se frayer un passage à travers les débris afin que les camions de pompiers puissent atteindre ce réacteur, au-dessus duquel on n''aperçoit cependant plus de fumée.
Alors que l''empereur Akihito, au cours d''une allocution télévisée - fait exceptionnel - s''est dit "profondément préoccupé" par une situation aux développements "imprévisibles", le gouvernement japonais envisage de faire appel à l''armée américaine pour l''aider à refroidir ses réacteurs.
"Il n''y a pas danger immédiat si l''on va dehors, il faut que tout le monde le comprenne", a déclaré pour sa part le secrétaire général du gouvernement, Yukio Edano, lors d''une conférence de presse télévisée, évoquant les personnes qui vivent en dehors de la zone interdite décrétée dans un rayon de 30 km autour de la centrale accidentée.
Dans la zone proche de la centrale, quelque 140.000 habitants ont été invités à rester confinés chez eux.
PAS DE DANGER À TOKYO
L''accident nucléaire vient s''ajouter aux dégâts dévastateurs du séisme et du tsunami du 11 mars, dont le bilan provisoire fait état de 4.000 décès confirmés mais qui devrait dépasser au final les 10.000 morts, 7.000 personnes au moins étant toujours portées disparues.
A Tokyo, des files d''attente s''allongent aux guichets des aéroports et les habitants qui restent font des stocks de nourriture et se barricadent chez eux.
Jusqu''à présent, le vent au-dessus de la centrale de Fukushima a poussé les poussières radioactives vers la mer. Le niveau de radioactivité à Tokyo est presque dans la moyenne.
Au pire, il a atteint mardi le triple de la normale mais même dans ce cas, marcher dans Tokyo est moins grave que de subir une radio des dents.
La Croix-Rouge japonaise a affirmé mercredi qu''il n''y avait actuellement pas de risque radioactif dans la capitale.
Face au risque de radiation, plusieurs compagnies aériennes ont pourtant suspendu ou modifié leur desserte du Japon, évitant Tokyo où des taux de radioactivité anormalement élevés ont été enregistrés ces dernières 24 heures.
Dans le Nord, quelque 850.000 foyers sont toujours privés d''électricité, selon la Tohuku Electric Power. Le gouvernement évalue à 1,5 million le nombre d''habitations sans eau courante.
En France, accusé dans un premier temps par l''opposition, écologistes en tête, de sous-évaluer son appréciation des événements, le gouvernement a commencé à modifier son discours.
"Dans le pire des scénarios, l''impact sera supérieur à Tchernobyl", a déclaré le porte-parole du gouvernement, François Baroin. "C''est une hypothèse qu''on ne peut pas écarter."
Après avoir parlé de "risque de catastrophe majeure", la ministre de l''Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a évoqué "le scénario du pire".
 
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