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Jayen Cuttaree : « L’épisode Sithanen en dit long sur Ramgoolam »
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Jayen Cuttaree : « L’épisode Sithanen en dit long sur Ramgoolam »
Il ne fait plus de politique active, mais Jayen Cuttaree aura tout de même réussi à énerver le Premier ministre mercredi dernier. Le leader adjoint du MMM nous parle de la colère des tamouls, de son ambition de devenir président et de la situation politique.
Votre discours prononcé mercredi lors des célébrations de la fête Varusha Pirappu aura contribué à mettre le Premier ministre dans tous ses états c’était fait exprès?
Je ne savais même pas que Navin Ramgoolam était en colère ! Tout ce que je sais c’est que l’audience était en colère.
Mais vous le connaissez bien et vous avez dû remarquer que quelque chose n’allait pas à la façon dont il parlait et à la façon dont il a pris congé !
Disons que j’avais anticipé le problème.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
La communauté tamoule dans son ensemble se sent délaissée.
Et ce sentiment a été exacerbé par l’affaire Sithanen et le fait qu’il n’y aura probablement pas de candidat tamoul au n° 8 ?
Bien sûr, car il y avait tout de même Rama Sithanen comme ministre des Finances et vice-Premier ministre et sans entrer dans la cuisine interne du Parti travailliste, la manière cavalière dont Sithanen a été traité n’est pas bien vue par la communauté tamoule. C’est en tout cas comme cela que l’affaire est ressentie – un affront pour la communauté.
C’est étonnant, étant donné que Sithanen n’est pas particulièrement proche de ces organisations !
Oui mais il reste un tamoul. Dans la vitrine, c’est important ! Et ne vous arrêtez pas au numéro 8! Laissez-moi vous poser une question – dans quelle circonscription croyez-vous qu’un Tamoul de l’alliance gouvernementale va se faire élire ? Il n’y aura personne parce que l’Alliance sociale s’est aliénée complètement la communauté tamoule et je crois que Ramgoolam l’a senti hier.
Vous n’avez certainement pas aidé à assainir la situation !
J’ai dit ce que je pensais.
Mais vous avez pris position pour Rama Sithanen ?
J’ai pris position pour un principe. Connaissant Navin Ramgoolam, j’ai été très déçu de la façon dont il a traité Rama Sithanen. Ramgoolam a le droit de ne pas vouloir de Rama Sithanen mais qu’il le lui dise une bonne fois pour toutes. On ne traite pas une personne qui a été votre lieutenant pendant dix ans de cette manière.
Vous aurez beau être déçu mais cette situation convient quand même au MMM !
Oui, cela nous convient parce que les gens vont se dire que si quelqu’un comme Rama Sithanen peut être traité comme cela, ça en dit long sur Navin Ramgoolam.
Vous parlez de la façon dont Ramgoolam a traité Sithanen mais même vous qui avez de bonnes relations avec le PM, avez été déçu. Vous étiez en train de négocier une alliance et il vous a mené en bateau !
Oui mais ça, c’est la politique. Ce que les gens devraient savoir, c’est que ce n’est ni Ramgoolam ni Bérenger qui ont pris l’initiative de commencer à discuter alliance. C’étaient des gens qui n’avaient rien à voir avec la politique qui ont pensé que dans la conjoncture économique et les problèmes sociaux qu’il y a, il aurait été souhaitable que les deux partis fassent une alliance. Ce n’est qu’après que j’ai été délégué pour aller négocier et tout s’est déroulé dans une bonne ambiance. Paul et Navin sont tombés d’accord sur le package et on devait discuter du programme.
Et c’était une vraie discussion ?
Oui puisqu’à chaque fois qu’ils se sont vus, ils ont parlé durant deux heures.
La façon dont Ramgoolam en parle, c’est que puisque le MMM voulait discuter, il a accepté de «koz koze».
Oui cela alors qu’il a discuté avec le MMM pendant trois mois.
Mais vous personnellement, étiez convaincu que le PM considérait sérieusement l’option MMM ?
Oui sinon cela n’aurait pas duré aussi longtemps.
Et à aucun moment, vous n’aviez pensé que c’était peut-être une tactique de la part de Ramgoolam pour éviter une alliance MMM-MSM ?
Non. Au moment où nous discutions, certainement pas. Mais après quand j’entends Showkutally Soodun dire qu’il y avait aussi des discussions avec le MSM en même temps qu’avec nous, je me pose des questions.
Cet épisode laisse-t-il un goût amer ?
Non, mais je suis intrigué. J’ai d’excellentes relations personnelles avec Navin Ramgoolam et à aucun moment je n’avais senti qu’il me menait en bateau.
Vous en avez reparlé à Ramgoolam ?
Non. Un jour, peut-être.
Pourquoi vous retirez-vous de la politique ?
Je fais de la politique depuis trente ans et j’ai eu une très bonne carrière. Pendant cette période, j’ai appris certaines choses importantes – comme le fait que personne n’a toujours complètement raison ou complètement tort, ou encore de voir le point de vue de l’autre. C’est peut-être pour cela que j’ai toujours été un homme de consensus. Donc il y a deux ans, j’ai annoncé à Paul qu’il était temps que je me retire pour laisser la place à un jeune. Il a été surpris. Quelque temps après, il m’a demandé si le poste de président de la République m’intéressait. J’y ai réfléchi, j’en ai parlé à mon épouse et j’ai dit oui.
Pourquoi ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
De finir au sommet de l’Etat au vu de mes origines très modestes est quelque chose d’extraordinaire. Je crois que le message est aussi important qu’à Maurice il y a la mobilité sociale. Que si quelqu’un comme moi, à travers la discipline, le travail et les sacrifices, peut réussir, tout est possible.
En parlant de présidence, le MMM est très critique envers l’actuel président. Quel devrait être le rôle d’un président de la République ?
Le président devrait être le symbole d’une nation. Il ne devrait pas être un homme de division, il devrait être modeste et avoir un langage qui fait appel aux sentiment les plus nobles de la population.
Le problème quand on met un ancien politicien à Réduit, c’est qu’on a tout sauf ça !
Ce n’est pas vrai. Cassam Uteem a été un président qui a fait honneur à toute la nation.
Pas SAJ ?
Le problème avec SAJ c’est que son fils est activement impliqué dans la politique et qu’il a une ambition pour lui. Au lieu de réagir comme un président, il réagit comme un père qui veut protéger les intérêts de son fils et c’est cela le drame. Quand je vois Pravind Jugnauth qui répond à Bérenger à ce sujet, je lui dis de se souvenir du jour de la prestation de serment en 2005 et de ce que les travaillistes ont fait subir à son père !
Comment est-ce que les choses se passent sur le terrain ?
(Rires…) Je ris parce qu’il y a un mois, tous les commentateurs politiques disaient que l’alliance bleu-blanc-rouge allait être imbattable. Nous constatons aujourd’hui que malgré que les gens aient peur de l’autorité et préfèrent en général ne pas s’en prendre aux puissants, il y a un tel ras-le-bol que les gens n’ont pas peur de s’exprimer contre le gouvernement.
Ce à quoi vous faites référence est récent.
Non le ras-le-bol n’est pas récent – c’est l’expression du ras-le-bol qui est récent.
 Est-ce que les choses ont empiré avec l’alliance PTr-MSM-PMSD?
Je dois vous dire que jusqu’à l’heure, je ne comprends pas pourquoi Navin Ramgoolam est allé faire une alliance avec Pravind Jugnauth !
Le MMM voulait aussi d’une alliance avec le MSM !
Notre cas était différent parce que le PTr et le MSM ont le même électorat. C’est plus logique que le MSM s’allie avec le MMM. Donc quand Navin Ramgoolam fait cette alliance, la perception c’est que c’est une alliance contre les autres et pour d’autres.
Propos recueillis par Deepa BHOOKHUN
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