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Jean-Jacques Arjoon : «Que la MBC revoie sa façon de promouvoir les artistes»

8 juin 2012, 12:06

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L’Association des auteurs-compositeurs mauriciens (AACM) organise un concert de mobilisation le 23 juin, dans la cour du Plaza. Elle circule aussi une pétition en 31 points, qui sera adressée au Premier ministre. Son président, Jean-Jacques Arjoon, nous en parle.

¦ L’AACM réclame des amendements au «Copyright Act». Pourquoi donner de la voix après la fin des consultations autour du projet de loi, le 31 janvier dernier ?

Le délai était assez flou même après le 31 janvier, il y a eu des consultations. Il y a eu un forum au Domaine les Pailles (NdlR, le 16 décembre 2011). Puis à la Mauritius Society of Authors (MASA) (NdlR, le 25 janvier 2012). C’est à ce stade que nous avons soumis des propositions.

¦ L’AACM est-elle un chien de garde de la MASA ?

Non, elle a été créée suite aux débats autour du Copyright Bill, mais nous avons vu que le chantier est beaucoup plus vaste.

¦ Des regroupements d’artistes surgissent de temps en temps. Qu’est-ce qui vous fait croire que l’AACM durera ?

Il n’y a aucune garantie, mais la détermination y est. L’AACM a appris des erreurs du passé.

¦ Lesquelles ?

Nous sommes très pris par notre métier, mais nous nous rencontrons au moins trois fois par mois. Nous nous sommes aussi rendu compte que les institutions, en général, vous invitent plusieurs fois à des réunions, jusqu’à un certain essoufflement. Je ne sais pas si c’est un delaying tactic.

¦ Venons-en à la pétition adressée au Premier ministre. Sentez-vous une volonté politique concernant les artistes ?

S’il n’y a pas de volonté, nous sommes là pour faire bouger les choses. Aret fer piecemeal. Il est temps que les décideurs comprennent que nous ne faisons pas l’art au petit bonheur. Nous sommes des travailleurs ki kapav amen larzan pou sa pei la.

¦ Parmi, vous ciblez «Mauritius Telecom».

Les Internet Service Providers n’ont pas encore compris qu’ils doivent participer à la protection des droits d’auteurs.

¦ Vous ciblez aussi les radios, en réclamant un quota musique locale-musique étrangère. Vous demandez 50-50 ?

Pourquoi pas 60-40 ?

¦ Vous en avez discuté avec les radios ?

Pour le moment, avec la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), en demandant un audit de la diffusion de la musique. Une réunion s’est tenue le mois dernier.

¦ Les rapports entre les artistes et la MBC sont en train de changer radicalement ?

Nous souhaitons qu’elle revoie sa façon de promouvoir les artistes. Nous avons suggéré un package promo avec un certain nombre d’heures de radio et de télé. Le publica le droit d’être exposé à la production locale, car il paie la redevance.

¦ Finie la participation gracieuse des artistes aux concerts de la MBC ?

Si le package représente un cachet intéressant, on peut discuter. Mais, prendre à notre charge tous les frais et continuer à nous produire gratuitement, non.

¦ Le piratage n’est pas sous contrôle, vous réclamez des lois pour la copie privée.

La logique de la copie privée est de taxer les supports de la musique et de l’image, taxe répercutée sur l’importateur. Kan ou finn pey sa an ou nam ek konsians ou kapav download trankil. Cette taxe ne doit pas aller au ministère des Finances, mais à la MASA. La copie privée figure déjà dans le Copyright Act de 1997, mais la loi n’est pas appliquée, pourquoi en inventons-nous une nouvelle ?

¦ La pétition s’intéresse aux artistes senior. Le plan de solidarité de la MASA n’est pas adéquat ?

C’est tout autre chose. L’idée est venue quand la Loterie nationale a fait la carte Séga, en utilisant toute la mythologie du séga : feu de camp sur la plage, danseuses, ravanne... La loterie capitalise sur un patrimoine construit par un groupe de travailleurs. Nous demandons qu’une partie des taxes payées par la loterie aille dans un plan de solidarité des aînés, qui, souvent, vivent de la pension de l’Etat, alors qu’ils ont contribué au rayonnement de la musique locale. Kifer inn pran sega ? C’est parce qu’il a une résonance dans la conscience collective.

¦ Résonance qui, pour un touriste, commence à l’aéroport. La boutique d’art de Plaisance ne vous satisfait pas.

Si on agrandit l’aéroport, il faut que la vitrine culturelle soit visible, non pa enn larmwar ki nou met dan enn kwin.

¦ A mercredi, la pétition avait récolté 745 signatures, vous en attendez 12 000.

Il ne faut pas trop se fi er à la réalité virtuelle. Comme les Chagossiens, il faudra déclencher un sursaut.

¦ Cela montre à quel point les gens sont sensibles à la cause des artistes ?

C’est un bon baromètre. Ki reprezant enn artis dan lavi dimoun ?

Propos recueillis par Aline GROËME-HARMON
(Source : l’express & moi, vendredi 8 juin 2012)