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Jean-Maurice Labour : « Les logements sociaux ne respectent pas la dignité humaine »

2 janvier 2012, 11:33

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Le vicaire général de l’église catholique, le père Jean-Maurice Labour, déplore la conception des projets de logements sociaux du gouvernement. Il considère ces maisons comme des « boîtes d’allumettes » qui ne tiennent pas compte de la dignité humaine. Il estime que le gouvernement devrait faire davantage pour l’accompagnement de ces personnes.

L’Eglise catholique a, en deux occasions, égratigné le gouvernement. Après Mgr Piat, c’est au tour du vicaire général de prendre position notamment contre la politique de logement social de l’Etat. Y a-t-il un problème entre l’Eglise et l’Etat.

Vous avez tort de penser que l’église est en conflit avec le gouvernement. C’est juste que nous ne pouvons pas nous empêcher d’élever la voix lorsque nous constatons qu’il y a certains dysfonctionnements au sein de l’état. Si Mgr Maurice Piat a décidé d’évoquer la corruption et le hidden agenda de certains politiciens, c’est qu’il a noté une montée en puissance de la corruption que ce soit dans le secteur gouvernemental et dans le secteur privé. En ce qui me concerne, si j’ai décidé de consacrer mon homélie du 1er janvier au logement social, c’est qu’il y a bel et bien un problème dans ce secteur.

Pourtant, le gouvernement ne cesse d’investir massivement dans le logement social. Les ex-squatteurs de Dubreuil auront bientôt un toit, et toute une liste de projets est déjà en chantier, notamment à Gros-Cailloux…

C’est bien cela qui me fait peur. Le gouvernement s’est engagé dans la construction de logements sociaux depuis quelque temps déjà, ce qui est tout à son honneur. Le gouvernement, notamment le ministère de l’Intégration sociale, est en train de concrétiser ces projets à une vitesse surprenante c’est bel et bien là le problème. La quantité au détriment de la qualité. La National Empowerment Foundation (NEF) est en train de s’empresser à construire des « boîtes d’allumettes » au coût de Rs 165 000 maximum, ce que la Commission Justice et Paix considère comme étant révoltant. Il est prévu que ces maisons comportent deux pièces (un salon et une chambre), une petite cuisine, salle de bains et toilettes. Nous nous élevons de toutes nos forces contre ces projets de construction qui ne donnent pas l’espace vital minimal nécessaire à une famille.

Suffit-il d’offrir des maisons plus grandes à ces familles pour régler le problème de logement ?

Bien sûr que non. Il y a aussi le programme d’accompagnement qui doit occuper une place prépondérante dans ces projets de relogement. Ce qui a, hélas, été négligé par les autorités. Prenons l’exemple de ce qui s’est passé à La Valette. Je pense que cette expérience a été un échec pour la simple et bonne raison que les Organisations non-gouvernementales (Ong) qui accompagnaient les personnes ont été évincées dès la mise en œuvre du projet. La mise en œuvre de ce genre de projet qui touche si profondément l’être humain dans sa culture, dans ses blocages et ses misères, demande une expertise de terrain, de la patience et un accompagnement dans la durée. L’Etat doit comprendre qu’il a besoin de l’apport des Ong et vice-versa. Nous demandons d’ailleurs à être reçus par le ministre de l’Intégration sociale, Suren Dayal, afin qu’il entende nos propositions.

Outre le logement social, quels sont les fronts sur lesquels vous mènerez bataille l’année prochaine ?

Je suis de près le rapport rendu par la Commission Justice et Vérité (CJV). Il y a un comité interministériel qui a été formé et qui est présidé par le ministre des Finances, Xavier-Luc-Duval. Nous attendons le rapport de ce comité. Puis, en janvier, nous nous intéresserons aux problèmes des travailleurs étrangers à Maurice.

Propos recueillis par Thierry Laurent